miércoles, 9 de diciembre de 2015

Abductions Sylphides du Troisième Type


« Le fameux cabaliste Zédéchias se mit dans l'esprit, sous le règne de votre Pépin, de convaincre le monde que les élémens sont habités par tous ces Peuples dont je vous ai décrit la nature. L'expédient dont il s'avisa fut de conseiller aux Sylphes de se montrer en l'air à tout le monde ; ils le firent avec magnificence: on voyait dans les airs ces créatures admirables en forme humaine, tantôt rangées en bataille, marchant en bon ordre , ou se tenant sous les armes, ou campées sous des pavillons superbes; tantôt sur des navires aériens d'une structure admirable, dont la flotte volante voguait au gré des zéphyrs. QU´arriva-t-il? Pensez-vous que ce siècle ignorant s´avisât de raisonner sur la nature de ces spectacles merveilleux? Le Peuple crut d'abord que c'était des sorciers qui s'étaient emparés de l'air pour y exciter des orages, et pour faire grêler sur les moissons. Les Savants, Théologiens et Jurisconsultes furent bientôt de l´avis du peuple: les Empereurs le crurent aussi, et cette ridicule chimère alla si avant, que le sage Charlemagne, et après lui Louis le Debonnaire, imposèrent de graves peines à tous ces prétendus tyrans de l'air. Voyez cela dans le premier chapitre des Capitulaires de ces deux Empereurs.
Les sylphes, voyant le peuple, les pédans, et même les têtes couronnées se gendarmer ainsi contre eux, résolurent, pour faire perdre cette mauvaise opinion qu'on avait de leur flotte innocente, d'enlever des hommes de toutes parts, de leur faire voir leurs belles femmes, leur république et leur gouvernement, puis de les remettre à terre en-divers endroits du monde. Ils le firent comme ils l'avaient projeté. Le peuple, qui voyait descendre ces hommes, y accourait de toutes parts, prévenu que c'étaient des sorciers qui se détachaient de leurs compagnons pour venir jeter des venins sur les fruits et dans les fontaines, suivant la fureur qu'inspirent de telles imaginations,  entraînait ces malheureux au supplice. Il est incroyable quel grand nombre il en fit périr par l'eau et par le feu dans tout ce royaume.
 Il arriva qu'un jour, entre autres, on vit à Lyon descendre de ces navires aériens quatre hommes et une femme; toute la ville s'assemble alentour, crie qu'ils sont magiciens et que Grimoald, duc de Benevent, ennemi de Charlemagne, les envoie pour perdre les moissons des Français. Les  quatre innocents ont beau dire, pour leur justification, qu'ils sont du pays même ; qu'ils ont été enlevés depuis peu par des hommes miraculeux qui leur ont fait voir des merveilles inouïes et les ont priés d'en faire le récit. Le peuple entêté n'écoute point leur défense, et il allait les jeter dans le feu quand le bonhomme Agobard, évêque de Lyon, qui avait acquis beaucoup d'autorité étant moine dans cette ville, accourut au bruit, et ayant ouï l'accusation du peuple et la défense des accusés, prononça gravement que l'une et l'autre étaient fausses. Qu'il n'était pas vrai que ces hommes fussent descendus de l'air, et que ce qu'ils disaient y avoir vu, était impossible.
Le peuple crût plus à ce que disait son bon père Agobard qu'à ses propres yeux, s'apaisa donna la liberté aux 4 ambassadeurs des Sylphes et reçut avec admiration le Livre qu'Agobard écrivit pour confirmer la sentence qu'il avait donnée : ainsi le témoignage de ces 4 témoins fut rendu vain.
Cependant, comme ils échappèrent au supplice, ils furent libres de raconter ce qu'ils avaient vu, ce qui ne fut pas tout à fait sans fruit ; car, s'il vous en souvient bien, le siècle de Charlemagne fut fécond en hommes héroïques ; ce qui marque que la femme, qui avait été chez les Sylphes, trouva créance parmi les dames de ce temps-là, et que par la grâce de Dieu beaucoup de Sylphes s'immortalisèrent. Plusieurs Sylphides aussi devinrent immortelles par le récit que ces trois hommes firent de leur beauté, ce qui obligea les gens de ce temps-là de s'appliquer un peu à la Philosophie ; et de là sont venues toutes ces histoires des fées que vous trouvez dans les légendes amoureuses du siècle de Charlemagne et des suivants. Toutes ces fées prétendues n'étaient que Sylphides et Nymphes. Avez-vous lu ces histoires des héros et des fées ? - Non, monsieur, lui dis-je.
- J'en suis fâché, reprit-il, car elles vous eussent donné quelque idée de l'état auquel les Sages ont résolu de réduire un jour le monde. Ces hommes héroïques ces amours des Nymphes, ces voyages au paradis terrestre, ces palais et ces bois enchantés, et tout ce qu'on y voit de charmantes aventures, ce n'est qu'une petite idée de la vie que mènent les Sages et de ce que le monde sera quand ils y feront régner la Sagesse. On n'y verra que les héros, le moindre de nos enfants sera de la force de Zoroastre, Apollonius ou Melchisédec; et la plupart seront aussi accomplis que les enfants qu'Adam eût d'Eve s'il n'eût point péché avec elle.
- Ne m'avez-vous pas dit monsieur, interrompis-je, que Dieu ne voulait pas qu'Adam et Éve eussent des enfants, qu'Adam ne devait toucher qu'aux Sylphides, et qu'Eve ne devait penser qu'à quelqu'un des Sylphes ou des salamandres ? - Il est vrai, dit le comte, ils ne devaient pas faire des enfants par la voie qu'ils en firent. - votre cabale, monsieur, continuai-je, donne donc quelque invention à l'homme et à la femme de faire des enfants autrement qu'à la méthode ordinaire ? - Assurément, reprit-il. - Eh monsieur, poursuivis-je, apprenez là moi donc, je vous en prie. - Vous ne la saurez pas d'aujourd'hui s'il vous plaît, me dit-il en riant. Je veux venger les peuples des éléments de ce que vous avez eu tant de peine à vous détromper de leur prétendue diablerie. Je ne doute pas que vous ne soyez maintenant revenu de vos terreurs paniques. Je vous laisse donc pour vous donner le loisir de méditer… »

Montfaucon de Villars,
Le comte de Gabalis (1670)

jueves, 3 de diciembre de 2015

OVNIS préhistoriques de Lamartine





... À peine avaient-ils cherché des yeux dans l’air,
Que, d’un vol plus bruyant et plus prompt que l’éclair,
Un navire céleste à l’étrange figure,
Couvrant un pan des airs de sa vaste envergure,
Sur les marbres de l’antre à leurs pieds s’abattit.
Du choc du char ailé tout le mont retentit,
Et trois hommes sortant de ses flancs, qui murmurent,
Des glaives à la main sur le vieillard coururent (…)

Comme on prend deux oiseaux sans froisser le plumage,
Ouvrant leurs rudes mains pour saisir ces beaux corps,
Les soulèvent de terre et les portent dehors,
Les couchent à leurs pieds au fond de la nacelle,
Et font bondir du sol leur esquif qui chancelle.
Cédar et son amante, en sentant fuir le sol,
Croyaient qu’un grand oiseau les emportait au vol,
Et, ne comprenant rien a l’étrange mystère,
D’un éternel adieu se détachaient de terre.

Or ces chars, des mortels sublime invention,
Dans les âges voisins de la création ,
Quand, sur les éléments conservant son empire,
L’homme imposait ses lois à tout ce qui respire,
N’étaient qu’un art humain, sacré, mystérieux,
Comme un secret divin conservé chez les dieux,
Et dont, pour frapper l’oeil de l’aspect d’un prodige,
Les seuls initiés connaissaient le prestige.
Dans la profonde nuit de leur plus haute tour,
Des esclaves sacrés les dérobaient au jour :
Dans les solennités de leur culte terrible.
Le char, pendant la nuit, s’élevait invisible,
Puis dans l’air tout à coup de feux illuminé,
Planant comme un soleil sur le peuple étonné,. .
On le voyait s’abattre au-dessous des nuages
Comme apportant aux dieux de célestes messages ;
La superstition et la servilité
Assuraient le respect par la crédulité.
C’est cet art disparu que Babel vit éclore,
Et qu’après dix mille ans le monde cherche encore !
Pour défier les airs et pour s’y hasarder,
Les hommes n’avaient eu dès lors qu’à regarder,
Et des ailes d’oiseau le simple phénomène
Avait servi d’exemple à la science humaine.

Du vaisseau de l’éther en élevant le poids,
Comme sur l’Océan se soulève le bois,
Les hommes, mesurant le moteur à la masse,
S’élevaient, s’abaissaient à leur gré dans l’espace,
Dépassant la nuée ou rasant les hauteurs,
Et, pour frayer le ciel à ses navigateurs,
Pour garder de l’écueil la barque qui chavire,
Un pilote imprimait sa pensée au navire.
D’un second appareil l’habile impulsion
Donnait au char volant but et direction.
Au milieu de la quille un mât tendait la voile,
Dont la soie et le lin tissaient la fine toile ;
Sur le bec de la proue un grand soufflet mouvant,
Comme un poumon qui s’enfle en aspirant le vent,
Engouffrait dans ses flancs un courant d’air avide,
Et, gonflant sur la poupe un autre soufflet vide,
Lui fournissait sans cesse, afin de l’exhaler,
L’air dont, par contre-coup, la voile allait s’enfler.
Ainsi, par la vertu d’un mystère suprême,
Un élément servait à se vaincre lui-même !
Et le pilote assis, la main sur le timon,
Voguait au souffle égal de son double poumon.

Mais les époux, assis sous le mât qui chancelle,
Et dépassant du front les bords de la nacelle,
Flottaient sans rien comprendre au double mouvement
Qui les engloutissait dans le noir firmament,
Et les sourds sifflements de la brise nocturne
Ne faisaient qu’augmenter leur effroi taciturne.
Tantôt la nue en eau semblait les enfermer,
Comme un vaisseau qui sombre aux gouffres de la mer ;
Tantôt, sortant soudain de la mer des nuages,
Les étoiles semblaient pleurer sur leurs visages ;
Puis, au branle orageux des ondulations,
De constellations en constellations,
Les étoiles, fuyant au-dessus de leurs têtes,
Couraient comme le sable au souffle des tempêtes :
On eût dit que le ciel, dans un horrible jeu,
S’écroulait sur leur voile en parcelles de feu.
Mais la barque bientôt, retrouvant l’équilibre,
Sut planer, sans rouler, dans l’azur clair et libre.

A mesure qu’au but la voile s’avançait,
Des teintes du matin le ciel se nuançait.
Déjà, comme un lait pur qu’un vase sombre épanche,
La nuit teignait ses bords d’une auréole blanche ;.
Les étoiles mouraient à-haut, comme des yeux
Qui se ferment, lassés de veiller dans les cieux ;
Le soleil, encor loin d’effleurer notre terre,
Comme un rocher de feu lancé par un cratère,
Au lieu de s’élever au nocturne plafond,
Montait, pâle et petit, de l’abîme sans fond,
Et ses rayons lointains, que rien ne répercute,
Du jour et de la nuit amollissaient la lutte.

Bientôt sous le navire, atteint de sa clarté,
Ils virent à leurs pieds, perçant l’obscurité,
Un globe pâlissant surgir des ombres vagues,
Comme une île au matin qu’on voit monter des vagues.
C’était la terre, avec les tâches de ses flancs,
Ses veines de flots bleus, ses monts aux cheveux blancs,
Et sa mer qui, du jour se teignant la première,
Éclatait sur la nuit comme un lac de lumière.
« Terre ! » dit une voix. Et par un art secret,
S’abattant comme un aigle où sa proie apparaît,
Le navire, égaré sur ces flots sans rivage,
Sur les monts et les mers redressa son sillage,
Et, dirigeant sa proue aux pointes du Sina,
Sur la mer Asphaltite en glissant s’inclina (…)

Au-dessus d’une sombre et profonde vallée,
La barque suspendit soudain sa course ailée,
Et, comme dans une anse à l’abri du rocher
Le corsaire d’Ydra plonge pour se cacher
Jusqu’à l’heure où la nuit obscurcira sa voile,
Le long du mât couché faisant plier sa toile,
Le pilote laissa son esquif onduler
Jusqu’au soir, sous la lune, au doux roulis de l’air.
Comme un oiseau qui part de la branche ébranlée,
La barque s’éleva vers la voûte étoilée,
Doubla comme un grand cap dans le ciel menaçant
Du Sannin nuageux le sommet mugissant,
Du Liban qui décroît redescendit la pente
Vers la plaine profonde où l’Euphrate serpente,.
Et dans les libres flots d’un transparent éther
Sur le ciel des géants commença de flotter.

(...) Cependant, descendu sur l’horrible tempête.
L’esquif des hautes tours rasait le sombre faîte.
On eût dit à leur foule, à leurs sommets pressés,
En aiguilles, en arcs, en minarets dressés,
Une forêt de pierre où les granits, les marbres,
Auraient germé d’eux-même et végétaient en arbres :
Pyramides, palais bâtis pour des géants,
Ponts immenses montant sur leurs cintres béants,
Arcs sur arcs élevant de larges plates-formes ’
Servant de piédestal à des monstres énormes,
Obélisques taillés dans un bloc seulement,
Arrachés de la terre ainsi qu’un ossement,
Et sans rien supporter s’amincissant en glaive,
Dans le ciel étonné se perdant comme un rêve !
Aqueducs où grondait le fleuve aux grandes eaux,
Jardins aériens portés sur mille arceaux,
Dont les arbres géants, plus hauts que nos idées,
Jetaient sur les palais l’ombre de cent coudées !
Colonnades suivant, comme un serpent d’airain,
Des coteaux aux vallons les grands plis de terrain,
Où des troncs de métal, prodigieuses plantes,
Portaient à leurs sommets des feuillages d’acanthes ;
Des vases où fumaient des bûchers d’aloès
Pour embaumer, la nuit, la brise des palais,
Ou d’éclatants foyers, flammes pyramidales,
Ondoyant sous les vents, reluisaient sur les dalles.

Le navire, voguant sur ces mouvants réseaux,
Comme un aigle au milieu de cent mâts de vaisseaux,
Craignait à chaque instant de déchirer sa quille
Contre une pyramide, une tour, une aiguille.
A travers ce dédale il dirigeait son vol,
Aux mille cris d’effroi qui s’élevaient du sol,
Vers le centre éclatant des dieux, forte demeure,
Qui dominait de haut la ville inférieure.
Là, planant de plus bas sur le sacré séjour
Où les chefs s’enfermaient dans leur jalouse cour,
Ils virent, aux clartés de cent torches errantes,
Dans un jardin coupé de sources murmurantes,
Aux brises sans repos d’accords mélodieux,
Un innombrable essaim de déesses, de dieux,
Les regardant tomber comme file une étoile,
Et d’un immense cri faisant trembler leur voile.

Mais avant que l’esquif, un moment suspendu,
Fût au niveau des murs de marbre descendu,
Celui qui paraissait régner sur cette foule
Fit un geste : aussitôt, comme la feuille roule
Quand le vent du midi qui vient la balayer
L’amoncelle en courant et la fait ondoyer,
Par le geste écartés, ces hommes et ces femmes,
Montrant dans leur pâleur tout l’effroi de leurs âmes,
Sans oser vers le ciel détourner un regard,
Du jardin interdit s’enfuirent au hasard.
Le roi seul, entouré par un groupe céleste
De femmes, de géants, indique par un geste
Au pilote attentif le sommet d’une tour
Dont les créneaux d’ivoire enfermaient le contour ;
Il y monte â pas lents d’étages en étages,
Et le navire enfin y descend des nuages !

Sitôt qu’il eut touché terre comme un oiseau,
La voile s’abaissa sur son mât de roseau,
Et des flancs affaissés de l’obscure nacelle,
Comme des bords penchés d’un vaisseau qui chancelle,
Les géants descendus saluèrent leur roi ;
Débarquant les captifs immobiles d’effroi.
Comme des chiens dressés traînent, souillé d’écume,
Blessé, sanglant, l’oiseau dont ils mordent la plume,
Ils portèrent meurtris, dans leurs bras triomphants,
Aux pieds du roi des dieux le couple et les enfants..." 





Lamartine, La chute d´un ange (Huitième et Neuvième Visions), 1838

miércoles, 25 de noviembre de 2015

Martian Language Lesson 1

 
 
It seemed a fair assumption that the language of the Martians would be
scientific in its structure. We had so much evidence of the practical
bent of their minds, and of the immense progress which they had made in
the direction of the scientific conquest of nature, that it was not to
be supposed their medium of communication with one another would be
lacking in clearness, or would possess any of the puzzling and
unnecessary ambiguities that characterized the languages spoken on the
earth.

"We shall not find them making he's and she's of stones, sticks and
other inanimate objects," said one of the American linguists. "They must
certainly have gotten rid of all that nonsense long ago."

"Ah," said a French Professor from the Sorbonne, one of the makers of
the never-to-be-finished dictionary. "It will be like the language of my
country. Transparent, similar to the diamond, and sparkling as is the
fountain."

"I think," said a German enthusiast, "that it will be a universal
language, the Volapuk of Mars, spoken by all the inhabitants of that
planet."

"But all these speculations," broke in Mr. Edison, "do not help you
much. Why not begin in a practical manner by finding out what the
Martian calls himself, for instance."

This seemed a good suggestion, and accordingly several of the bystanders
began an expressive pantomime, intended to indicate to the giant, who
was following all their motions with his eyes, that they wished to know
by what name he called himself. Pointing their fingers to their own
breast they repeated, one after the other, the word "man."

If our prisoner had been a stupid savage, of course any such attempt as
this to make him understand would have been idle. But it must be
remembered that we were dealing with a personage who had presumably
inherited from hundreds of generations the results of a civilization,
and an intellectual advance, measured by the constant progress of
millions of years.

Accordingly we were not very much astonished, when, after a few
repetitions of the experiment, the Martian--one of whose arms had been
partially released from its bonds in order to give him a little freedom
of motion--imitated the action of his interrogators by pressing his
finger over his heart.

Then, opening his mouth, he gave utterance to a sound which shook the
air of the car like the hoarse roar of a lion. He seemed himself
surprised by the noise he made, for he had not been used to speak in so
dense an atmosphere.

Our ears were deafened and confused, and we recoiled in astonishment,
not to say, half in terror.

With an ugly grin distorting his face as if he enjoyed our discomfiture,
the Martian repeated the motion and the sound.

"R-r-r-r-r-r-h!"

It was not articulate to our ears and not to be represented by any
combination of letters.

"Faith," exclaimed a Dublin University professor, "if that's what they
call themselves, how shall we ever translate their names when we come to
write the history of the conquest?"

"Whist, mon," replied a professor from the University of Aberdeen, "let
us whip the gillravaging villains first, and then we can describe them
by any intitulation that may suit our deesposition."

The beginning of our linguistic conquest was certainly not promising, at
least if measured by our acquirement of words, but from another point of
view it was very gratifying, inasmuch as it was plain that the Martian
understood what we were trying to do, and was, for the present, at
least, disposed to aid us.

These efforts to learn the language of Mars were renewed and repeated
every few hours, all the experience, learning and genius of the squadron
being concentrated upon the work, and the result was that in the course
of a few days we had actually succeeded in learning a dozen or more of
the Martian's words and were able to make him understand us when we
pronounced them, as well as to understand him when our ears had become
accustomed to the growling of his voice.

Finally, one day the prisoner, who seemed to be in an unusually cheerful
frame of mind, indicated that he carried in his breast some object which
he wished us to see.

With our assistance he pulled out a book!

Actually, it was a book, not very unlike the books which we have upon
the earth, but printed, of course, in characters that were entirely
strange and unknown to us. Yet these characters evidently gave
expression to a highly intellectual language. All those who were
standing by at the moment uttered a shout of wonder and of delight, and
the cry of "a book! a book!" ran around the circle, and the good news
was even promptly communicated to some of the neighboring electric ships
of the squadron. Several other learned men were summoned in haste from
them to examine our new treasure.
 
The Martian, whose good nature had manifestly been growing day after
day, watched our inspection of his book with evidences of great
interest, not unmingled with amusement. Finally he beckoned the holder
of the book to his side, and placing his broad finger upon one of the
huge letters--if letters they were, for they more nearly resembled the
characters employed by the Chinese printer--he uttered a sound which we,
of course, took to be a word, but which was different from any we had
yet heard. Then he pointed to one after another of us standing around.

"Ah," explained everybody, the truth being apparent, "that is the word
by which the Martians designate us. They have a name, then, for the
inhabitants of the earth."

"Or, perhaps, it is rather the name for the earth itself," said one.

But this could not, of course, be at once determined. Anyhow, the word,
whatever its precise meaning might be, had now been added to our
vocabulary, although as yet our organs of speech proved unable to
reproduce it in a recognizable form.

This promising and unexpected discovery of the Martian's book lent added
enthusiasm to those who were engaged in the work of trying to master the
language of our prisoner, and the progress that they made in the course
of the next few days was truly astonishing. If the prisoner had been
unwilling to aid them, of course, it would have been impossible to
proceed, but, fortunately for us, he seemed more and more to enter into
the spirit of the undertaking, and actually to enjoy it himself. So
bright and quick was his understanding that he was even able to indicate
to us methods of mastering his language that would otherwise, probably,
never have occurred to our minds.

In fact, in a very short time he had turned teacher and all these
learned men, pressing around him with eager attention, had become his
pupils.
 
 
Garrett P Serviss, Edison´s Conquest of Mars, 1898

jueves, 12 de noviembre de 2015

Krazy Kat Ballet



"To all lovers of Mr Herriman's ingenious and delightful cartoons it must have seemed inevitable that sooner or later Krazy Kat and Ignatz Mouse would be dragged by some composer into music. I have tried to drag them not only into music but on to the stage as well, by means of what I have called, for obvious reasons, a Jazz Pantomime.
To those who have not mastered Mr Herriman's psychology it may be explained that Krazy Kat is the world's greatest optimist-Don Quixote and Parsifal rolled into one. It is therefore possible for him to maintain constantly at white heat a passionate affair with Ignatz Mouse, in which the gender of each remains ever a delightful mystery. Ignatz, on the other hand, condenses in his sexless self all the cardinal vices. If Krazy blows beautiful bubbles, Ignatz shatters them; if he builds castles in Spain, Ignatz is there with a brick. In short, he is meaner than anything, and his complex is cats.
After a few introductory bars the curtain is raised and Krazy is discovered asleep under a tree. Officer Pup passes, swinging his club. All is well. Then comes Bill Poster, a canine relative of Officer Pup, with his bucket and brush, and pastes upon the wall an announcement of the grand ball which will shortly be given for all the animals. The job finished, Bill departs.
Krazy wakes up; he rubs his eyes and reads the exciting poster. He is moved to try his steps; he finds his feet heavy and numerous. Of a sudden he spies on a clothes line which the moving scenery has brought into view, a ballet skirt. Undoubtedly it is his costume for the ball. He approaches the clothes line, first with restraint, then with eagerness. He snatches the skirt from the line, claps it on, and comes bounding forward in high abandon.
He is interrupted by the appearance of Old Joe Stork, drilling by with his bundle on his back. He passes on, but he has carelessly dropped his pack. Krazy sniffs at it, filled with curiosity. He picks it up and carries it triumphantly to his tree in the corner. He opens the bundle, and finds that it contains not what you thought it would, but a vanity case, mirror, rouge, powder-puff, lip-stick and all, complete, including a beautiful pair of white cotton gloves.
He abandons himself to the absorbing task of make-up for the ball. Meanwhile the moving scenery has brought into view the house of Ignatz Mouse. The door opens, and Ignatz' head appears. Opportunity has knocked. The Mouse steals forward and is about to seize an inviting brick when Officer Pup (thank heaven!) arrives in the very nick of time and drives him from the scene. The unsuspecting Kat, in the meantime, has completed his make-up. He now arises, draws on his white cotton gloves, and then by way of further preparatory exercise, he indulges in a bit of a Spanish dance.
At its conclusion Krazy is suddenly confronted by the Mysterious Stranger. The sophisticated audience will observe that it is none other than Ignatz disguised as a catnip merchant. Very formidable indeed! The Stranger steps briskly forward and holds out to the ever-receptive Kat a bouquet-an enormous bouquet of catnip. Krazy plunges his nose into the insidious vegetable, inhales deeply to the very bottom of his lungs, and then goes off at once into what Mr Herriman calls a Class A fit. It is a fit progressive, a fit de luxe, the Katnip Blues, in which the wily Ignatz joins as additional incitement. When the frenzy has achieved its climax, the Mouse throws off his disguise, seizes his brick, dashes it full in the face of the Kat, and escapes. Krazy staggers back, stunned and exhausted, but yet undaunted. There is the moment of ecstatic recognition-Ignatz Dahlinkas he totters and reels back to his little tree. He sinks down wearily under its protecting boughs. The moon comes out. Krazy sleeps. Krazy dreams. Indominatable Kat! "

John Alden Carpenter
Programme note attached to his ballet of Krazy Kat, performed Friday, January 20, 1922, at the Town Hall, in New York. 

 
"A tous les amoureux des bandes dessinées délicieuses et ingénieuses de Herriman, il devait paraître inévitable que, tôt ou tard, un compositeur songe à mettre en musique Krazy Kat et Ignatz MOuse. Je n´ai pas seulement essayé de les mettre en musique, mais de les mettre en scène en utilisant une forme que j´ai appelée, pour des raisons évidentes, une pantomime jazz.
A tous ceux qui ne connaissent pas de très près la pscyhologie de Herriman, il faut expliquer que Krazy Kat est le plus grand optimiste que l´on puisse imaginer -à la fois Don QUichotte et Parsifal. Il a une relation passionnelle et durable avec Ignatz Mouse, relation dans laquelle le sexe des partenaires reste indéterminé. Ignatz, par ailleurs, être asexué, collectionne tous les vices. Lorsque Krazy fabrique des bulles de savon, Ignatz les fait éclater; s´il bâtit des châteaux en Espagne, Ignatz est là, avec une brique. Bref, il est mauvais comme une teigne, et son problème, ce sont les chats.
 
Après quelques mesures d´introduction, le rideau se lève et l´on découvre Krazy endormi sous un arbre. Officer Pupp passe, balançant sa matraque. Tout est normal. Bill Poster, un chien apparenté à Officer Pupp, apparaît, avec son seau etson ballai, et colle sur le mur une affiche annonçant un grand bal auquel tous les animaux sont conviés. Sa tâche accomplie, Bill se retire. Krazy se réveille, se fortte les yeu et lit l´annonce avec excitation. Il se met debout, les pieds lours et engourdis. Soudain il avise, sur un fil à sécher le linge apparu à la faveur d´un mouvement du décor, un tutu. À n´en pas douter, voilà son costume pour le bal. Il approche de la corde à linge, d´abord avec précaution, puis avec précipitation arrache le tutu, l´enfile, et se jette en avant dans un grand mouvement d´abandon. Le vieux Joe Stork entre en scène, il porte un baluchon sur le dos. Après l´avoir laissé tomber distraitement, il s´éloigne. Krazy renifle le baluchon, plein de curiosité, le ramasse et le porte triomphalement sous son arbre, dans un coin de la scène. Il l´ouvre et découvre qu´il contient, non pas ce que vous auriez pu croire, mais un nécessaire de maquillage, un miroir, du fond de teint, de la poudre de riz, du rouge à lèvres, tout ce qu´il faut pour être belle, y compris une magnifique paire de gants de coton blanc. IL commence à se maquiller pour le bal. Pendant ce temps, le décor change: la maison de Ignatz surgit. La porte s´ouvre, la tête de Ignatz apparaît. L´occasion a frappé à la porte. La souris se faufile au dehors et va ramasser une brique qui l´attend. À cet instant précis, Officer Pupp arrive (grâce au ciel!) et l´entraîne hors scène. Prendant ce temps le chat, qui ne se doute de rien, a parachevé son maquillage. Il se lève, enfile ses gants de coton blanc et, en guise d´échauffement, exécute quelques pas d´une danse espagnole.
 
Au moment où il s´arrête de danser, Krazy se trouve subitement confronté à l´Etranger mystérieux. Le public éduqué comprend qu´il s´agit de Ignatz déguisé en marchand d´herbe à chat. Incroyable, n´est-ce pas? L´Étranger s´avance brusquement et tend au chat (très réceptif) un énorme bouquet d´herbe à chat. Krazy plonge le nez dans le végétal insidieux, inhale profondément à pleins poumons et se trouve brusquement emporté dans ce que Herriman appelerait une extase de première classe. C´est une ivresse progressive, une ivresse de luxe, le Katnip Blues, auquel Ignatz se joint et dont il accentue les effets. Lorsque le délire atteint son apogée, la souris se débarrasse de son déguisement, saisit sa brique, la jette en pleine tête du chat et s´enfuit. Krazy titube, paralysé et vidé de son énergie, mais pas démonté. Il a un instant de reconnaissance extatique -Ignatz Dahlink- puis il perd l´équilibre, roule jusuq´à son petit arbre et s´affale d´un air las sous ses branches protrectrices; Krazy dort, Krazy rêve. Invincible Kat!"


 
To listen/ Pour écouter
The Krazy Kat Ballet
https://www.youtube.com/watch?v=6uGXe0qnK2g
 

lunes, 9 de noviembre de 2015

Midget Murderer Throws Girl Off Cliff (after She Refuses to Dance with Him)



"Keeps His Mom-in-Law in Chains, meet Kills Son and Feeds Corpse to Pigs"
"Pleased to meet you"
"Teenager Twists Off Corpse´s Head... to Get Gold Teeth, meet Strangles Girl Friend, Then Chops Her to Pieces"
"How you doing?"
"Nurse´s Aide Sees Fingers Chopped Off in Meat Grinder, meet I Left My Babies in the Deep Freeze""It´s a pleasure"
It´s a pleasure! No doubt about that! In all these years of journalism I have covered more conventions than I care to remember. Podiatrists, theosophists, Professional Budget Finance dentists, oyster farmers, mathematicians, truckers, dry cleaners, stamp collectors, Esperantists, nudists, and newspaper editors -I have seen them all, together, in vast assemblies, sloughing through the wall-to-wall of a thousand hotel lobbies (the nudists excepted) in their shimmering gray-metal suits and pajama-stripe shirts with white Plasti-Coat name cards on their chests, and I have sat through their speeches and seminars (the nudists included) and attentively endured ear baths such as you wouldn´t believe. And yet none has ever been quite like the convention of the stringers for The National Enquirer.
The Enquirer is a weekly newspaper that is probably known by sight to millions more than know it by name. No one who ever came face-to-face with the Enquirer on a newsstand in its wildest days is likely to have forgotten the sight: a tabloid with great inky shocks of type all over the front page saying something on the order of Gouges Out Wife´s Eyes to Make Her Ugly, Dad Hurls Hot Grease in Daughter´s Face, Wife Commits Suicide After 2 Years of Poisoning Fail to Kill Husband...The stories themselves were supplied largely by stringers, i.e., corespondents, from all over the country, the world, for that matter, mostly copy editors and reporters on local newspapers. Every so often they would come upon a story, usually via the police beat, that was so grotesque the local sheet would discard it or run it in a highly glossed form rather than offend or perplex its readers. The stringers would preserve them for The Enquirer, which always rewarded them well and respectfully.
One year The Enquirer convened and feted them at a hotel in Manhattan. This convention was a success in every way. The only awkward moment was at the outset when the stringers all pulled in. None of them knew each other. Their hosts got around the problem by introducing them by the stories they had supplied. The introductions were like this:
"Harry, I want you to meet Frank here. Frank did that story, you remember that story, Midget Murderer Throws Girl Off Cliff after She Refuses to Dance with Him"
"Pleased to meet you. That was some story"
"And Harry did the one about I Spent Three Days Trapped at Bottom of Forty-Foot-Deep Mine Shaft and Was Saved by a Swarm of Flies".
"Likewise, I´m sure"
And Midget Murderer Throws Girl Off Cliff shakes hands with I Spent Three Days Trapped at Bottom of Forty-Foot-Deep Mine Shaft, and Buries Her Baby Alive shakes hands with Boy, Twelve, Strangles Two-Year-Old Girl, and Kills Son and Feeds Corpse to Pigs shakes hands with He Strangles Old Woman and Smears Corpse with Syrup, Ketchup, and Oatmeal... and...
...There was a great deal of esprit about the whole thing. These men were in fact the avant-garde of a new genre that since then has become institutionalized throughout the nation without anyone knowing its proper name. I speak of the new pornography, the pornography of violence.
(...) The success of The Enquirer prompted many imitators to enter the field, Midnight, The Star Chronicle, The National Insider, Inside News, The National Close-up, The National Tattler, The National Examiner. A truly competitive free press evolved, and soon a reader could go to the newspaper of his choice for Kill the Retarded! (Won´t You Join My Movement?) and Unfaithful Wife? Burn Her Bed!, Harem Master´s Mistress Chops HIm with Machete, Babe Bites Off Boy´s Tongue, and Cuts Buddy´s Face to Pieces for Stealing His Business and Fiancée.
And yet the last time I surveyed the Violence press, I noticed a curious thing. These pioneering journals seem to have pulled back. They seem to be regressing to what is by now the Redi-Mix staple of literate Americans, mere sex. Ectasy and Me (by Hedy Lamarr), says The National Enquirer. I Run a Sex Art Gallery, says The National Insider. What has happened, I think, is something that has happened to avant-gardes in many fields, from William Morris and the Craftsmen to the Bauhaus group. Namely, their discoveries have been preempted by the Establishment and so thoroughly dissolved into the mainstream thy no longer look original.

Tom Wolfe, Mauve Gloves and Madmen, Clutter and Vine

sábado, 10 de octubre de 2015

Le livre le plus dangereux qui n´a jamais existé








« Le livre le plus dangereux qui n´a jamais existé »… Le traité des trois imposteurs
Antonio Dominguez Leiva

À l´origine, il y a, comme bien souvent, une rumeur, entre la calomnie, le bobard et le « scoop ». En 1239 le pape Grégoire IX est en pleine « guerre froide » avec l´empereur Frédéric II, qui vit en Sicile entouré de savants des trois confessions, faisant fi des prétentions de la papauté non seulement sur le plan du pouvoir temporel mais de l´autorité religieuse même. Le Pape va alors accuser son rival politique sur le plan de l´orthodoxie : l´empereur serait pire qu´hérétique, il serait l´incarnation même de l´athéisme, concept tératologique à l´époque.
 « Ce roi de pestilence assure que l'univers a été trompé par trois imposteurs [tribus baratoribus, terme qui semble avoir été inventé pour l’occasion à partir du latin baratum, qui donnera en français « baratineur ») ; que deux d'entre eux sont morts dans la gloire, tandis que Jésus a été suspendu à une croix », écrit-il en une lettre adressée aux rois et dignitaires ecclésiastiques d'Occident.

C´est là la première mention occidentale d´un argument qui fera longtemps figure de mythe secret, scandale suprême dans la vie intellectuelle médiévale et de la première modernité. Partant du constat historique (Frédéric II était un de ceux les mieux placés pour en témoigner) que religion et pouvoir politique sont toujours imbriqués, les prétendus prophètes des grands monothéismes seraient des véritables imposteurs, « leur mobile n´étant pas religieux mais essentiellement politique. La religion n´est qu´un leurre commode pour entraîner les peuples crédules derrière eux. En faisant passer leurs législations pour des commandements divins, ils ont voulu assurer, de leur vivant et pour les générations ultérieures, la pérennité des régimes qu´ils instituaient. En fait seuls Moïse et Mahomet, parce qu´ils se sont comportés en tyrans brutaux et sans scrupules, sont parvenus à leurs fins. Jésus a échoué, faute d´avoir su se donner les moyens politiques et militaires de ses ambitions » (Didier Foucault, Histoire du libertinage, p. 239).
Cette sorte de « légende livresque » très borgésienne serait en fait née dans des cercles impies du monde musulman. Les recherches de Louis Massignon font remonter l’origine du thème à des arguments de propagande religieuse employés par Abû Tâhir Sulaymân (907-944), troisième souverain du royaume qarmate de Bahreïn fondé par une secte d’ismaéliens dissidents opposés aux fatimides. Il aurait dit : « En ce monde, trois individus ont corrompu les hommes, un berger, un médecin et un chamelier. Et ce chamelier a été le pire escamoteur, le pire prestidigitateur des trois ». « On reconnaît dans le berger Moïse, le médecin Jésus, et le chamelier Mohammed. C’est la donnée même de la légende, fixée au moins 150 ans avant son apparition dans la Chrétienté occidentale». Il n´est pas étonnant que l´on retrouve cette idée qui ébranle « la base même de la foi » à la cour des Hohenstaufen, devenue « centre actif de culture arabe et d’indifférence religieuse » sous l’influence d’un Frédéric II tout à la fois hostile à la papauté et fasciné par le monde arabe, symbole à ses yeux de la liberté de pensée et de la science rationnelle.
La légende circule en cette moitié du XIIIe siècle où les idées fusent après le long oubli des classiques. « Cette pensée, qui poursuit comme un rêve pénible tout le xiii siècle (…) éclot anonyme, sans que personne ose l'avouer; elle est comme la tentation, comme le Satan caché au fond du cœur de ce siècle. Adopté par les uns comme un blasphème, recueilli par les autres comme une calomnie, le mot des Trois Imposteurs fut entre les mains des [Ordres] Mendiants une arme terrible, toujours en réserve pour  perdre leurs ennemis. Voulait-on diffamer quelqu'un, en faire dans l'opinion un nouveau Judas, il avait dit qu'il y a eu trois imposteurs.... et le mot restait comme un stigmate » (Renan, Averroès et l'Averroïsme : essai historique, 1866). Outre Frédéric II, sont soupçonnés de souscrire au blasphème Alphonse X le Sage, souverain espagnol qui vivait, lui aussi, au milieu de lettrés des trois confessions, ainsi que Simon de Tournai, maître parisien dont on prétend qu´il aurait perdu la tête en proférant ce blasphème devant ses étudiants. Au début du XIVe siècle le théologien Alvare Pélage, contempteur des hérésies de son temps, fait emprisonner à Lisbonne Scoto, franciscain qui y enseignait des thèses sulfureuses telles que l´éternité du monde, la négation du jugement dernier et de la résurrection de la chair ou la mortalité de l´âme… et bien entendu l´idée que « trois imposteurs ont trompé le monde : Moïse a trompé les juifs, Jésus les chrétiens et Mahomet les sarrassins ».
Le blasphème devient fantasme, celui d´un  livre dont il serait issu, emblème du livre dangereux que l´Inquisition commence justement à persécuter au moyen de l´Index. Ce livre spectral, sommet du crime scripturaire, va hanter l’esprit des érudits du Moyen-Age et de la Renaissance : le De tribus impostoribus, ou Livre des trois imposteurs. Y serait longuement étayée la thèse scandaleuse que Moïse, Jésus et Mahomet, abusant de la crédulité publique, n’avaient fait que tromper l’humanité par les moyens de la religion. La légende veut que ce traité anonyme ait voyagé clandestinement à travers toute l’Europe, à l’état de manuscrit recopié, dès le XIIIe siècle. Tout au long de l’histoire, nombreux sont ceux à qui l’on en attribuera l’écriture : « Des compilateurs idiots, qui n’ont nulle teinture de critique, ont enveloppé dans la même accusation le premier, que la moindre apparence leur a offert ; un Etienne Dolet, d’Orléans ; un François Pucci, de Florence ; un Jean Milton, de Londres ; un Merula, faux mahométan ; on y a même mêlé Pierre Arétin, sans considérer qu’il était fort ignorant, sans études, sans lettre et ne savait que sa langue naturelle ; parce qu’ils en ont ouï-parler comme d’un écrivain hardi et très licencieux et on s’est avisé de le faire auteur de ce livre », écrit M. de La Monnoye  dans la première Dissertation consacrée au sujet (1712). «  Par la même raison, on accuse Pogge et d’autres, on remonte jusqu’à Boccace, sans doute à cause de son troisième conte de son Décameron, où est rapportée la parabole des trois anneaux ressemblants, de laquelle il fait une très dangereuse application à la religion Juive, à la Chrétienne et à la Mahométane, comme s’il voulait insinuer qu’on peut embrasser indifféremment l’une des trois, parce qu’on ne sait à laquelle adjuger la préférence. On n’a pas non plus oublié Machiavel et Rabelais, que Decner nomme, et le Hollandais qui a traduit en français le livre de la religion du Médecin de Brovne, dans ses notes sur le Chapitre 20 ; outre Machiavel, on nomme Erasme ».
Ce livre qui n´existe pas accumule donc les auteurs virtuels, véritable palmarès de l´inconformisme : « Averroès l´incrédule », Boccace, Pomponazzi, Machiavel, l’Arétin, Michel Servet, Jérôme Cardan, Giordano Bruno, Tommaso Campanella, Vanini, Hobbes, Spinoza, et plus tardivement, le baron d’Holbach. On reconnaît dans la liste la progression de la libre pensée vers un athéisme de plus en plus assumée, ponctuée par une série de martyres hétérodoxes célèbres. Mais, comme le remarque La Monnoye, « serait-il possible, si ce livre avait existé véritablement, qu’on ne l’eut pas réfuté, comme on a fait le livre des Préadamistes de M. de la Peyrere, et les écrits de Spinosa, l’ouvrage même de Badin ? Le Colloquium heptaploeres, quoique manuscrit, a été réfuté. Le livre de Tribus Impostoribus méritait-il plus de grâce ? D’où vient qu’il n’ait point été censuré et mis à l’index ? Pourquoi n’a-t-il point été brûlé par la main du bourreau ? Les livres contre les bonnes mœurs se tolèrent quelquefois, mais ceux qui attaquent aussi fortement le fond de la Religion ne demeurent jamais impunis. Florimond de Rémond, qui dit avoir vu le livre, affecte de dire qu’il était alors enfant, âge propre à écrire les Contes de fées ; il cite Ramus qui était mort, il y avait trente ans, et ne pouvait plus le convaincre de mensonge ; il cite Osius et Génébrard, mais en termes vagues, sans spécifier l’endroit de leurs œuvres ; il dit qu’on faisait passer ce livre de main en main, qu’on aurait plutôt dû enfermer et tenir sous la clef ».
Toujours est-il que l´idée centrale de ce texte inexistant se dissémine, laissant ainsi partout des traces de son écriture invisible. « Pomponace, Ch. 14 de son Traité de l’immortalité de l’âme, raisonnant en pur Philosophe, et faisant abstraction de la croyance Catholique, à laquelle solennellement, à la fin de ses livres, il proteste de se soumettre, a osé dire que la doctrine de l’immortalité de l’âme avait été introduite par tous les fondateurs de Religion pour contenir les Peuples dans le devoir ; en quoi, ou tout le monde, ou la plus grande partie était dupe ; parce que je suppose, ajoute-t-il, qu’il n’y ait que trois Religions, celle de Jésus-Christ, celle de Moïse et celle de Mahomet, si toutes les trois sont fausses, il s’ensuit que tout le monde est trompé : raisonnement scandaleux, et qui, nonobstant toutes les précautions de Pomponace, a donné lieu à Jacques Charpentier de s’écrier : quid vel hâc solà dubitatione in christiana Schola cogitari potest perniciosius ? » signale La Monnoye. « Cardan fait encore pis, dans le IIe de ses livres de la subtilité, il compare entre elles succinctement les quatre Religions générales, et après les avoir fait disputer l’une contre l’autre, sans qu’il se déclare pour aucune, il finit brusquement de cette sorte : his igitur arbitrio victoria relictis, ce qui signifie qu’il laisse au hasard à décider de la victoire : paroles qu’il corrige de lui-même dans la seconde édition ».
Comme on pourrait s´y attendre en toute nouvelle borgésienne (et la vie n´en est-elle pas une des plus accomplies ?) ce livre maudit devait finir par se matérialiser. Mais il aura fallu, pour cela, la « crise de la conscience européenne » étudiée jadis par P. Hazard et le Kulturkampf de plus en plus virulent des libertins érudits. Dëjà Guy Patin remarquait que, s´il n´existait pas de Traité en question, Naudé n´en ayant jamais rencontré, « il n´aurait pas été difficile d´en faire un. On retrouvera beaucoup plus tard la même remarque sous la plume de B. de la Monnoie, dans la Réponse à la Réponse, où il note que rien ne serait plus facile que de faire un tel texte, et que cela ne demanderait guère plus d´une heure. Et il annonce d´ailleurs qu´on en trouvera bientôt partout des extraits » (F. Charles-Daubert in Heterodoxy, Spinozism and Free Thought in Early-Eighteenth-Century Europe, p. 148). Flairant le bon coup, des éditeurs et des libraires vont jouer la carte du manuscrit secret afin d´appâter bibliophiles et érudits excités par la découverte d’un livre aussi rare que sulfureux que des multiples témoignages disent avoir vu ou lu sans jamais apporter des preuves tangibles.
Ironiquement, c´est peut-être le texte de La Monnoye refutant son existence qui aurait stimulé l´astuce et l´imagination des hétérodoxes, car l´anonyme Réponse à la Dissertation de M. B. De la Monnoie publiée en 1716 se termine par la description minutieuse du manuscrit, découvert dans des circonstances romanesques. Or la description de ce texte prétendument traduit du latin d’après un manuscrit volé dans la bibliothèque du Prince de Saxe, correspond en tout point au traité rédigé en français et publié en 1712 à Rotterdam sous le titre de La Vie et l’Esprit de M. Benoit Spinoza, attribué à Jean Vroesen, Jean Maximilien Lucas ou Jean Rousset de Missy (auquel on attribue justement la Réponse). Le grand nombre des manuscrits et des éditions de ce texte (celle de 1719 figure comme la première qui nous reste) qui ont survécu attestent son succès[1]. Une version sera éditée en 1721 avec le titre déjà mythique De tribus impostoribus ou Traité des trois imposteurs, matérialisant l´amalgame opéré par la Réponse. Un autre texte reprendra le titre tant convoité, le De impostouris religionum breve compendium attribué à J. F. Mayer, qui est en fait le manuscrit d´une disputatio qui s´est tenue le 3 avril 1688 à l´Université de Kiel. Ce texte attribue à J. F. Mayer entre dans le courant déiste et n´a rien à voir avec l´athéisme du texte français.
C´est alors que la légende aura la chance de devenir enfin, aux XVIIe et XVIIIe siècles, le manifeste caché de plusieurs générations d’esprits libres, recherché activement par les nouveaux philosophes pour le réfuter ou pour y puiser des arguments contre les religions de leur temps. Mais le résultat concret de cette opération de « matérialisation » du livre rêvé était vouée, on s´en doute, à la déception. « Un homme que son caractère et sa profession aurait dû engager à s’appliquer à d’autres matières plus convenables, s’est avisé de composer un gros ouvrage écrit en français, sous ce même titre des trois Imposteurs », écrit un critique sévère dans les Mémoires de Littérature de 1716. « Dans une préface qu’il a mise à la tête de son ouvrage, il dit qu’il y a longtemps qu’on parle beaucoup du livre des trois Imposteurs, qui ne se trouve nulle part, soit qu’il n’ait véritablement jamais existé, ou qu’il soit perdu ; c’est pourquoi il veut, pour le restituer, écrire sur le même sujet. Son ouvrage est fort long, fort ennuyeux, et fort mal composé, sans principes, sans raisonnements. C’est un amas confus de toutes les injures et invectives répandues contre les trois législateurs ».
C´est qu´entre le XIIIe siècle où le blasphème faisait figure de « ligne de fuite » colossale, échauffant les esprits (on pourrait, en commettant un péché d´anachronisme certain, associer cet appel à la dissidence au « Livre » de Goldstein dans l´univers dystopique de l´Océania d´Orwell) et le XVIIIe la théorie de la religion comme imposture a fait son chemin et perdu de sa nouveauté. Ironiquement, ce que la légende elle-même avait mis en branle avait fini par la dépasser.
« Avant que le mot Religion se fût introduit dans le monde, on n’était obligé qu’à suivre la loi naturelle, c’est-à-dire à se conformer à la droite raison », lit-on dans l´édition attribuée au matérialiste radical baron d´Holbach. « Ce seul instinct était le lien auquel les hommes étaient attachés ; et ce lien, tout simple qu’il est, les unissait de telle sorte que les divisions étaient rares. Mais dès que la crainte eût fait soupçonner qu’il y a des Dieux et des Puissances invisibles, ils s’élèvent des autels à ces êtres imaginaires, et, secouant le joug de la nature et de la raison, ils se lièrent par de vaines cérémonies et par un culte superstitieux aux vains fantômes de l’imagination. C’est de là que dérive le mot de Religion qui fait tant de bruit dans le monde. Les hommes ayant admis des Puissances invisibles qui avaient tout pouvoir sur eux, ils les adorèrent pour les fléchir, et, de plus, ils s’imaginèrent que la nature était un être subordonné à ces Puissances. Dès lors, ils se la figurèrent comme une masse morte, ou comme une esclave qui n’agissait que suivant l’ordre de ces Puissances. Dès que cette fausse idée eût frappé leur esprit, ils n’eurent plus que du mépris pour la nature, et du respect pour ces êtres prétendus, qu’ils nommèrent leurs Dieux. De là est venue l’ignorance où tant de peuples sont plongés, ignorance d’où les vrais savants les pourraient retirer, quelque profond qu’en soit l’abîme, si leur zèle n’était traversé par ceux qui mènent ces aveugles, et qui ne vivent qu’à la faveur de leurs impostures » (III, § I).
S´en suit la critique des trois imposteurs proprement dite, accumulant en une sorte de palimpseste de siècles de polémique anti-religieuse : « Parmi un grand nombre, l’Asie en a vu naître trois qui se sont distingués tant par les lois et les cultes qu’ils ont institués, que par l’idée qu’ils ont donnée de la Divinité et par la manière dont ils s’y sont pris pour faire recevoir cette idée et rendre leur lois sacrées. Moïse fut le plus ancien. Jésus-Christ, venu depuis, travailla sous son plan et en conservant le fond de ses lois, il abolit le reste. Mahomet, qui a paru le dernier sur la scène, a pris dans l’une et dans l’autre Religion de quoi composer la sienne et s’est ensuite déclaré l’ennemi de toutes les deux. Voyons les caractères de ces trois législateurs, examinons leur conduite, afin qu’on juge après cela lesquels sont les mieux fondés, ou ceux qui les révèrent comme des hommes divins, ou ceux qui les traitent de fourbes ou d’imposteurs » (III, § IX).
Chacun en prend pour son grade. A commencer par le Patriarche : « Au milieu d’une telle populace [persécutée par le souverain, et employée aux travaux les plus vils], il ne fut pas bien difficile à Moïse de faire valoir ses talents. Il leur fit accroire que son Dieu (qu’il nomma quelque fois simplement un Ange), le Dieu de leurs Pères lui était apparu : que c’était par son ordre qu’il prenait soin de les conduire ; qu’il l’avait choisi pour les gouverner, et qu’ils seraient le Peuple favori de ce Dieu, pourvu qu’ils crussent ce qu’il leur dirait de sa part. L’usage adroit de ses prestiges et de la connaissance qu’il avait de la nature, fortifia ces exhortations et il confirmait ce qu’il leur avait dit par ce qu’on appelle des prodiges, qui sont capables de faire toujours beaucoup d’impression sur la populace imbécile » (III, § X).
Jésus n´est pas en reste : « Considérant combien Moïse s’était rendu célèbre, quoiqu’il n’eût commandé qu’un peuple d’ignorants, il entreprit de bâtir sur ce fondement et se fit suivre par quelques imbéciles auxquels il persuada que le Saint-Esprit était son père, et sa mère une Vierge. Ces bonnes gens, accoutumés à se payer de songes et de rêveries, adoptèrent ces notions et crurent tout ce qu’il voulut (…)Comme le nombre des sots est infini, Jésus-Christ trouva des sujets partout, mais comme son extrême pauvreté était un obstacle invincible à son élévation [2], les Pharisiens, tantôt ses admirateurs, tantôt jaloux de son audace, le déprimaient ou l’élevaient selon l’humeur inconstante de la populace. Le bruit courut de sa Divinité, mais, dénué de forces comme il était, il était impossible que son dessein réussît. Quelques malades qu’il guérit, quelques prétendus morts qu’il ressuscita, lui donnèrent de la vogue ; mais n’ayant ni argent, ni armée, il ne pouvait manquer de périr. S’il eût eu ces deux moyens, il n’eût pas moins réussi que Moïse et Mahomet, ou que tous ceux qui ont eu l’ambition de s’élever au-dessus des autres » (III, § XII). Mahomet, enfin : « Il prit comme lui le titre de Prophète et de l’Envoyé de Dieu ; comme lui, il fit des miracles et sut mettre à profit les passions du peuple. D’abord, il se vit escorté d’une populace ignorante, à laquelle il exprimait les nouveaux oracles du Ciel. Ces misérables, séduits par les promesses et les fables de ce nouvel imposteur, répandirent sa renommée et l’exaltèrent au point d’éclipser celle de ses prédécesseurs » (III, § XXII).
La tautologie de l´exposition illustre bien le caractère opportuniste de l´ouvrage, simple amplificatio (on pourrait même dire épanadiplose métaficitonnelle) du titre légendaire, devenu « matrice » du texte (les trois imposteurs sont bel et bien des imposteurs, CQFD). Parmi les attaques à l´ouvrage proférées au sein du « parti philosophique »,  L´Epître à l'auteur du livre des Trois imposteurs [1768] de Voltaire devint un célèbre manifeste déiste, court-circuitant l´argumentation athée pour différentier ce qui relève de l´imposture des « faux » prophètes et, indépendamment de celle-ci, de l´existence d´un Être Suprême : « Pourquoi, pauvre ennemi de l'essence suprême,/    Confonds-tu Mahomet avec le Créateur,/    Et les oeuvres de l'homme avec Dieu, son auteur?.../  Corrige le valet, mais respecte le maître./ Dieu ne doit point pâtir des sottises du prêtre:/ Reconnaissons ce Dieu, quoique très-mal servi //   De lézards et de rats mon logis est rempli;/ Mais l' architecte existe, et quiconque le nie / Sous le manteau du sage est atteint de manie. (…) Si Dieu n'existait pas, il faudrait l'inventer ».
D´autres, toutefois, tels que d´Holbach (auquel sera attribuée une édition du Traité en 1768) ou Sade pousseront jusqu´au bout la démolition de la religion entamée par la critique des fondateurs des trois religions du Livre. Comme le souligne Marcolini, « c’est bien la civilisation arabe qui a fourni à l'athéisme européen cette arme cruciale, la première qui fut employée dans une guerre de plusieurs siècles contre les illusions et les infamies de la religion. (…) Jamais, sans doute, une légende n’aura eu une telle force pratique dans l’Histoire. En effet, le blasphème des Trois Imposteurs procédait pour la première fois à l’attaque du judaïsme, du christianisme et de l’islam sur un même front, autorisant par conséquent le passage de la critique des formes particulières de la religion au combat contre son essence universelle. La place de ce traité mythique dans l’histoire de la philosophie n’est donc pas univoque : il est certes le produit d’esprits qui aspiraient à s’affranchir du pouvoir temporel et spirituel des religions, mais il a aussi contribué, en tant que tel, à produire cette aspiration (et l’énergie qui fut dépensée à le rechercher n’est pas le moindre signe de ce besoin impérieux de liberté). Il a ainsi ouvert la voie de l’athéisme véritable (…) [celui qui] portait en lui la Révolution » (P. Marcolini).
L´idée se retrouvera notamment parmi les diatribes antireligieuses de Nietzsche (qui voyait en Frédéric II un « génie », un « grand esprit libre », « un athée et un ennemi de l’Eglise comme il faut, un de mes parents très proches, le grand empereur Hohenstaufen Frédéric II » (« Pourquoi j’écris de si bon livres »), notamment ce passage qui est tout à fait dans l’esprit du Traité des trois imposteurs du XVIIIe siècle avant d´opérer une déconstruction bien plus radicale : « La “loi”, la “volonté de Dieu”, le “livre sacré”, l’ “inspiration” – des mots qui ne désignent que les conditions qui permettent seules au prêtre d’arriver au pouvoir et de s’y maintenir, – ces idées se trouvent à la base de toutes les organisations sacerdotales, de tous les gouvernements ecclésiastiques et philosophico ecclésiastiques. Le “saint mensonge” – commun à Confucius, au livre de Manou, à Mahomet et à l’Eglise chrétienne -- : ce mensonge se retrouve chez Platon. “La vérité est là” : cela signifie partout où l’on entend ces mots, le prêtre ment… » (L’Antéchrist, § 56).


Bibliographie sommaire
Le traité des trois imposteurs, en ligne sur archive.org
Didier Foucault, Histoire du libertinage
Patrick Marcolini, « Le De Tribus impostoribus et les origines arabes de l’athéisme philosophique européen », Cahiers de l'ATP, octobre 2003, en ligne.
Georges Minois, Le traité des trois imposteurs. Histoire d'un livre blasphématoire qui n'existait pas, Paris, Albin-Michel, 2009


[1] Pour un aperçu des principales éditions cf. la bibliographie sommaire en ligne http://biblioweb.hypotheses.org/16070
[2]  "Jésus-Christ était de la secte des Pharisiens, c’est-à-dire des misérables et ceux-là étaient opposés aux Sadducéens, qui formaient la secte des Riches. Voyez le Talmud."