miércoles, 9 de diciembre de 2015
Abductions Sylphides du Troisième Type
« Le fameux cabaliste Zédéchias se mit dans l'esprit, sous le règne de votre Pépin, de convaincre le monde que les élémens sont habités par tous ces Peuples dont je vous ai décrit la nature. L'expédient dont il s'avisa fut de conseiller aux Sylphes de se montrer en l'air à tout le monde ; ils le firent avec magnificence: on voyait dans les airs ces créatures admirables en forme humaine, tantôt rangées en bataille, marchant en bon ordre , ou se tenant sous les armes, ou campées sous des pavillons superbes; tantôt sur des navires aériens d'une structure admirable, dont la flotte volante voguait au gré des zéphyrs. QU´arriva-t-il? Pensez-vous que ce siècle ignorant s´avisât de raisonner sur la nature de ces spectacles merveilleux? Le Peuple crut d'abord que c'était des sorciers qui s'étaient emparés de l'air pour y exciter des orages, et pour faire grêler sur les moissons. Les Savants, Théologiens et Jurisconsultes furent bientôt de l´avis du peuple: les Empereurs le crurent aussi, et cette ridicule chimère alla si avant, que le sage Charlemagne, et après lui Louis le Debonnaire, imposèrent de graves peines à tous ces prétendus tyrans de l'air. Voyez cela dans le premier chapitre des Capitulaires de ces deux Empereurs.
Les sylphes, voyant le peuple, les pédans, et même les têtes couronnées se gendarmer ainsi contre eux, résolurent, pour faire perdre cette mauvaise opinion qu'on avait de leur flotte innocente, d'enlever des hommes de toutes parts, de leur faire voir leurs belles femmes, leur république et leur gouvernement, puis de les remettre à terre en-divers endroits du monde. Ils le firent comme ils l'avaient projeté. Le peuple, qui voyait descendre ces hommes, y accourait de toutes parts, prévenu que c'étaient des sorciers qui se détachaient de leurs compagnons pour venir jeter des venins sur les fruits et dans les fontaines, suivant la fureur qu'inspirent de telles imaginations, entraînait ces malheureux au supplice. Il est incroyable quel grand nombre il en fit périr par l'eau et par le feu dans tout ce royaume.
Il arriva qu'un jour, entre autres, on vit à Lyon descendre de ces navires aériens quatre hommes et une femme; toute la ville s'assemble alentour, crie qu'ils sont magiciens et que Grimoald, duc de Benevent, ennemi de Charlemagne, les envoie pour perdre les moissons des Français. Les quatre innocents ont beau dire, pour leur justification, qu'ils sont du pays même ; qu'ils ont été enlevés depuis peu par des hommes miraculeux qui leur ont fait voir des merveilles inouïes et les ont priés d'en faire le récit. Le peuple entêté n'écoute point leur défense, et il allait les jeter dans le feu quand le bonhomme Agobard, évêque de Lyon, qui avait acquis beaucoup d'autorité étant moine dans cette ville, accourut au bruit, et ayant ouï l'accusation du peuple et la défense des accusés, prononça gravement que l'une et l'autre étaient fausses. Qu'il n'était pas vrai que ces hommes fussent descendus de l'air, et que ce qu'ils disaient y avoir vu, était impossible.
Le peuple crût plus à ce que disait son bon père Agobard qu'à ses propres yeux, s'apaisa donna la liberté aux 4 ambassadeurs des Sylphes et reçut avec admiration le Livre qu'Agobard écrivit pour confirmer la sentence qu'il avait donnée : ainsi le témoignage de ces 4 témoins fut rendu vain.
Cependant, comme ils échappèrent au supplice, ils furent libres de raconter ce qu'ils avaient vu, ce qui ne fut pas tout à fait sans fruit ; car, s'il vous en souvient bien, le siècle de Charlemagne fut fécond en hommes héroïques ; ce qui marque que la femme, qui avait été chez les Sylphes, trouva créance parmi les dames de ce temps-là, et que par la grâce de Dieu beaucoup de Sylphes s'immortalisèrent. Plusieurs Sylphides aussi devinrent immortelles par le récit que ces trois hommes firent de leur beauté, ce qui obligea les gens de ce temps-là de s'appliquer un peu à la Philosophie ; et de là sont venues toutes ces histoires des fées que vous trouvez dans les légendes amoureuses du siècle de Charlemagne et des suivants. Toutes ces fées prétendues n'étaient que Sylphides et Nymphes. Avez-vous lu ces histoires des héros et des fées ? - Non, monsieur, lui dis-je.
- J'en suis fâché, reprit-il, car elles vous eussent donné quelque idée de l'état auquel les Sages ont résolu de réduire un jour le monde. Ces hommes héroïques ces amours des Nymphes, ces voyages au paradis terrestre, ces palais et ces bois enchantés, et tout ce qu'on y voit de charmantes aventures, ce n'est qu'une petite idée de la vie que mènent les Sages et de ce que le monde sera quand ils y feront régner la Sagesse. On n'y verra que les héros, le moindre de nos enfants sera de la force de Zoroastre, Apollonius ou Melchisédec; et la plupart seront aussi accomplis que les enfants qu'Adam eût d'Eve s'il n'eût point péché avec elle.
- Ne m'avez-vous pas dit monsieur, interrompis-je, que Dieu ne voulait pas qu'Adam et Éve eussent des enfants, qu'Adam ne devait toucher qu'aux Sylphides, et qu'Eve ne devait penser qu'à quelqu'un des Sylphes ou des salamandres ? - Il est vrai, dit le comte, ils ne devaient pas faire des enfants par la voie qu'ils en firent. - votre cabale, monsieur, continuai-je, donne donc quelque invention à l'homme et à la femme de faire des enfants autrement qu'à la méthode ordinaire ? - Assurément, reprit-il. - Eh monsieur, poursuivis-je, apprenez là moi donc, je vous en prie. - Vous ne la saurez pas d'aujourd'hui s'il vous plaît, me dit-il en riant. Je veux venger les peuples des éléments de ce que vous avez eu tant de peine à vous détromper de leur prétendue diablerie. Je ne doute pas que vous ne soyez maintenant revenu de vos terreurs paniques. Je vous laisse donc pour vous donner le loisir de méditer… »
Montfaucon de Villars,
Le comte de Gabalis (1670)
jueves, 3 de diciembre de 2015
OVNIS préhistoriques de Lamartine
... À peine avaient-ils cherché des yeux dans l’air,
Que, d’un vol plus bruyant et plus prompt que l’éclair,
Un navire céleste à l’étrange figure,
Couvrant un pan des airs de sa vaste envergure,
Sur les marbres de l’antre à leurs pieds s’abattit.
Du choc du char ailé tout le mont retentit,
Et trois hommes sortant de ses flancs, qui murmurent,
Des glaives à la main sur le vieillard coururent (…)
Comme on prend deux oiseaux sans froisser le plumage,
Ouvrant leurs rudes mains pour saisir ces beaux corps,
Les soulèvent de terre et les portent dehors,
Les couchent à leurs pieds au fond de la nacelle,
Et font bondir du sol leur esquif qui chancelle.
Cédar et son amante, en sentant fuir le sol,
Croyaient qu’un grand oiseau les emportait au vol,
Et, ne comprenant rien a l’étrange mystère,
D’un éternel adieu se détachaient de terre.
Que, d’un vol plus bruyant et plus prompt que l’éclair,
Un navire céleste à l’étrange figure,
Couvrant un pan des airs de sa vaste envergure,
Sur les marbres de l’antre à leurs pieds s’abattit.
Du choc du char ailé tout le mont retentit,
Et trois hommes sortant de ses flancs, qui murmurent,
Des glaives à la main sur le vieillard coururent (…)
Comme on prend deux oiseaux sans froisser le plumage,
Ouvrant leurs rudes mains pour saisir ces beaux corps,
Les soulèvent de terre et les portent dehors,
Les couchent à leurs pieds au fond de la nacelle,
Et font bondir du sol leur esquif qui chancelle.
Cédar et son amante, en sentant fuir le sol,
Croyaient qu’un grand oiseau les emportait au vol,
Et, ne comprenant rien a l’étrange mystère,
D’un éternel adieu se détachaient de terre.
Or ces chars, des mortels sublime invention,
Dans les âges voisins de la création ,
Quand, sur les éléments conservant son empire,
L’homme imposait ses lois à tout ce qui respire,
N’étaient qu’un art humain, sacré, mystérieux,
Comme un secret divin conservé chez les dieux,
Et dont, pour frapper l’oeil de l’aspect d’un prodige,
Les seuls initiés connaissaient le prestige.
Dans la profonde nuit de leur plus haute tour,
Des esclaves sacrés les dérobaient au jour :
Dans les solennités de leur culte terrible.
Le char, pendant la nuit, s’élevait invisible,
Puis dans l’air tout à coup de feux illuminé,
Planant comme un soleil sur le peuple étonné,. .
On le voyait s’abattre au-dessous des nuages
Comme apportant aux dieux de célestes messages ;
La superstition et la servilité
Assuraient le respect par la crédulité.
C’est cet art disparu que Babel vit éclore,
Et qu’après dix mille ans le monde cherche encore !
Pour défier les airs et pour s’y hasarder,
Les hommes n’avaient eu dès lors qu’à regarder,
Et des ailes d’oiseau le simple phénomène
Avait servi d’exemple à la science humaine.
Dans les âges voisins de la création ,
Quand, sur les éléments conservant son empire,
L’homme imposait ses lois à tout ce qui respire,
N’étaient qu’un art humain, sacré, mystérieux,
Comme un secret divin conservé chez les dieux,
Et dont, pour frapper l’oeil de l’aspect d’un prodige,
Les seuls initiés connaissaient le prestige.
Dans la profonde nuit de leur plus haute tour,
Des esclaves sacrés les dérobaient au jour :
Dans les solennités de leur culte terrible.
Le char, pendant la nuit, s’élevait invisible,
Puis dans l’air tout à coup de feux illuminé,
Planant comme un soleil sur le peuple étonné,. .
On le voyait s’abattre au-dessous des nuages
Comme apportant aux dieux de célestes messages ;
La superstition et la servilité
Assuraient le respect par la crédulité.
C’est cet art disparu que Babel vit éclore,
Et qu’après dix mille ans le monde cherche encore !
Pour défier les airs et pour s’y hasarder,
Les hommes n’avaient eu dès lors qu’à regarder,
Et des ailes d’oiseau le simple phénomène
Avait servi d’exemple à la science humaine.
Du vaisseau de l’éther en élevant le poids,
Comme sur l’Océan se soulève le bois,
Les hommes, mesurant le moteur à la masse,
S’élevaient, s’abaissaient à leur gré dans l’espace,
Dépassant la nuée ou rasant les hauteurs,
Et, pour frayer le ciel à ses navigateurs,
Pour garder de l’écueil la barque qui chavire,
Un pilote imprimait sa pensée au navire.
D’un second appareil l’habile impulsion
Donnait au char volant but et direction.
Au milieu de la quille un mât tendait la voile,
Dont la soie et le lin tissaient la fine toile ;
Sur le bec de la proue un grand soufflet mouvant,
Comme un poumon qui s’enfle en aspirant le vent,
Engouffrait dans ses flancs un courant d’air avide,
Et, gonflant sur la poupe un autre soufflet vide,
Lui fournissait sans cesse, afin de l’exhaler,
L’air dont, par contre-coup, la voile allait s’enfler.
Ainsi, par la vertu d’un mystère suprême,
Un élément servait à se vaincre lui-même !
Et le pilote assis, la main sur le timon,
Voguait au souffle égal de son double poumon.
Mais les époux, assis sous le mât qui chancelle,
Et dépassant du front les bords de la nacelle,
Flottaient sans rien comprendre au double mouvement
Qui les engloutissait dans le noir firmament,
Et les sourds sifflements de la brise nocturne
Ne faisaient qu’augmenter leur effroi taciturne.
Tantôt la nue en eau semblait les enfermer,
Comme un vaisseau qui sombre aux gouffres de la mer ;
Tantôt, sortant soudain de la mer des nuages,
Les étoiles semblaient pleurer sur leurs visages ;
Puis, au branle orageux des ondulations,
De constellations en constellations,
Les étoiles, fuyant au-dessus de leurs têtes,
Couraient comme le sable au souffle des tempêtes :
On eût dit que le ciel, dans un horrible jeu,
S’écroulait sur leur voile en parcelles de feu.
Mais la barque bientôt, retrouvant l’équilibre,
Sut planer, sans rouler, dans l’azur clair et libre.
A mesure qu’au but la voile s’avançait,
Des teintes du matin le ciel se nuançait.
Déjà, comme un lait pur qu’un vase sombre épanche,
La nuit teignait ses bords d’une auréole blanche ;.
Les étoiles mouraient à-haut, comme des yeux
Qui se ferment, lassés de veiller dans les cieux ;
Le soleil, encor loin d’effleurer notre terre,
Comme un rocher de feu lancé par un cratère,
Au lieu de s’élever au nocturne plafond,
Montait, pâle et petit, de l’abîme sans fond,
Et ses rayons lointains, que rien ne répercute,
Du jour et de la nuit amollissaient la lutte.
Bientôt sous le navire, atteint de sa clarté,
Ils virent à leurs pieds, perçant l’obscurité,
Un globe pâlissant surgir des ombres vagues,
Comme une île au matin qu’on voit monter des vagues.
C’était la terre, avec les tâches de ses flancs,
Ses veines de flots bleus, ses monts aux cheveux blancs,
Et sa mer qui, du jour se teignant la première,
Éclatait sur la nuit comme un lac de lumière.
« Terre ! » dit une voix. Et par un art secret,
S’abattant comme un aigle où sa proie apparaît,
Le navire, égaré sur ces flots sans rivage,
Sur les monts et les mers redressa son sillage,
Et, dirigeant sa proue aux pointes du Sina,
Sur la mer Asphaltite en glissant s’inclina (…)
Comme sur l’Océan se soulève le bois,
Les hommes, mesurant le moteur à la masse,
S’élevaient, s’abaissaient à leur gré dans l’espace,
Dépassant la nuée ou rasant les hauteurs,
Et, pour frayer le ciel à ses navigateurs,
Pour garder de l’écueil la barque qui chavire,
Un pilote imprimait sa pensée au navire.
D’un second appareil l’habile impulsion
Donnait au char volant but et direction.
Au milieu de la quille un mât tendait la voile,
Dont la soie et le lin tissaient la fine toile ;
Sur le bec de la proue un grand soufflet mouvant,
Comme un poumon qui s’enfle en aspirant le vent,
Engouffrait dans ses flancs un courant d’air avide,
Et, gonflant sur la poupe un autre soufflet vide,
Lui fournissait sans cesse, afin de l’exhaler,
L’air dont, par contre-coup, la voile allait s’enfler.
Ainsi, par la vertu d’un mystère suprême,
Un élément servait à se vaincre lui-même !
Et le pilote assis, la main sur le timon,
Voguait au souffle égal de son double poumon.
Mais les époux, assis sous le mât qui chancelle,
Et dépassant du front les bords de la nacelle,
Flottaient sans rien comprendre au double mouvement
Qui les engloutissait dans le noir firmament,
Et les sourds sifflements de la brise nocturne
Ne faisaient qu’augmenter leur effroi taciturne.
Tantôt la nue en eau semblait les enfermer,
Comme un vaisseau qui sombre aux gouffres de la mer ;
Tantôt, sortant soudain de la mer des nuages,
Les étoiles semblaient pleurer sur leurs visages ;
Puis, au branle orageux des ondulations,
De constellations en constellations,
Les étoiles, fuyant au-dessus de leurs têtes,
Couraient comme le sable au souffle des tempêtes :
On eût dit que le ciel, dans un horrible jeu,
S’écroulait sur leur voile en parcelles de feu.
Mais la barque bientôt, retrouvant l’équilibre,
Sut planer, sans rouler, dans l’azur clair et libre.
A mesure qu’au but la voile s’avançait,
Des teintes du matin le ciel se nuançait.
Déjà, comme un lait pur qu’un vase sombre épanche,
La nuit teignait ses bords d’une auréole blanche ;.
Les étoiles mouraient à-haut, comme des yeux
Qui se ferment, lassés de veiller dans les cieux ;
Le soleil, encor loin d’effleurer notre terre,
Comme un rocher de feu lancé par un cratère,
Au lieu de s’élever au nocturne plafond,
Montait, pâle et petit, de l’abîme sans fond,
Et ses rayons lointains, que rien ne répercute,
Du jour et de la nuit amollissaient la lutte.
Bientôt sous le navire, atteint de sa clarté,
Ils virent à leurs pieds, perçant l’obscurité,
Un globe pâlissant surgir des ombres vagues,
Comme une île au matin qu’on voit monter des vagues.
C’était la terre, avec les tâches de ses flancs,
Ses veines de flots bleus, ses monts aux cheveux blancs,
Et sa mer qui, du jour se teignant la première,
Éclatait sur la nuit comme un lac de lumière.
« Terre ! » dit une voix. Et par un art secret,
S’abattant comme un aigle où sa proie apparaît,
Le navire, égaré sur ces flots sans rivage,
Sur les monts et les mers redressa son sillage,
Et, dirigeant sa proue aux pointes du Sina,
Sur la mer Asphaltite en glissant s’inclina (…)
Au-dessus d’une sombre et profonde vallée,
La barque suspendit soudain sa course ailée,
Et, comme dans une anse à l’abri du rocher
Le corsaire d’Ydra plonge pour se cacher
Jusqu’à l’heure où la nuit obscurcira sa voile,
Le long du mât couché faisant plier sa toile,
Le pilote laissa son esquif onduler
Jusqu’au soir, sous la lune, au doux roulis de l’air.
Comme un oiseau qui part de la branche ébranlée,
La barque s’éleva vers la voûte étoilée,
Doubla comme un grand cap dans le ciel menaçant
Du Sannin nuageux le sommet mugissant,
Du Liban qui décroît redescendit la pente
Vers la plaine profonde où l’Euphrate serpente,.
Et dans les libres flots d’un transparent éther
Sur le ciel des géants commença de flotter.
La barque suspendit soudain sa course ailée,
Et, comme dans une anse à l’abri du rocher
Le corsaire d’Ydra plonge pour se cacher
Jusqu’à l’heure où la nuit obscurcira sa voile,
Le long du mât couché faisant plier sa toile,
Le pilote laissa son esquif onduler
Jusqu’au soir, sous la lune, au doux roulis de l’air.
Comme un oiseau qui part de la branche ébranlée,
La barque s’éleva vers la voûte étoilée,
Doubla comme un grand cap dans le ciel menaçant
Du Sannin nuageux le sommet mugissant,
Du Liban qui décroît redescendit la pente
Vers la plaine profonde où l’Euphrate serpente,.
Et dans les libres flots d’un transparent éther
Sur le ciel des géants commença de flotter.
(...) Cependant, descendu sur l’horrible tempête.
L’esquif des hautes tours rasait le sombre faîte.
On eût dit à leur foule, à leurs sommets pressés,
En aiguilles, en arcs, en minarets dressés,
Une forêt de pierre où les granits, les marbres,
Auraient germé d’eux-même et végétaient en arbres :
Pyramides, palais bâtis pour des géants,
Ponts immenses montant sur leurs cintres béants,
Arcs sur arcs élevant de larges plates-formes ’
Servant de piédestal à des monstres énormes,
Obélisques taillés dans un bloc seulement,
Arrachés de la terre ainsi qu’un ossement,
Et sans rien supporter s’amincissant en glaive,
Dans le ciel étonné se perdant comme un rêve !
Aqueducs où grondait le fleuve aux grandes eaux,
Jardins aériens portés sur mille arceaux,
Dont les arbres géants, plus hauts que nos idées,
Jetaient sur les palais l’ombre de cent coudées !
Colonnades suivant, comme un serpent d’airain,
Des coteaux aux vallons les grands plis de terrain,
Où des troncs de métal, prodigieuses plantes,
Portaient à leurs sommets des feuillages d’acanthes ;
Des vases où fumaient des bûchers d’aloès
Pour embaumer, la nuit, la brise des palais,
Ou d’éclatants foyers, flammes pyramidales,
Ondoyant sous les vents, reluisaient sur les dalles.
Le navire, voguant sur ces mouvants réseaux,
Comme un aigle au milieu de cent mâts de vaisseaux,
Craignait à chaque instant de déchirer sa quille
Contre une pyramide, une tour, une aiguille.
A travers ce dédale il dirigeait son vol,
Aux mille cris d’effroi qui s’élevaient du sol,
Vers le centre éclatant des dieux, forte demeure,
Qui dominait de haut la ville inférieure.
Là, planant de plus bas sur le sacré séjour
Où les chefs s’enfermaient dans leur jalouse cour,
Ils virent, aux clartés de cent torches errantes,
Dans un jardin coupé de sources murmurantes,
Aux brises sans repos d’accords mélodieux,
Un innombrable essaim de déesses, de dieux,
Les regardant tomber comme file une étoile,
Et d’un immense cri faisant trembler leur voile.
Mais avant que l’esquif, un moment suspendu,
Fût au niveau des murs de marbre descendu,
Celui qui paraissait régner sur cette foule
Fit un geste : aussitôt, comme la feuille roule
Quand le vent du midi qui vient la balayer
L’amoncelle en courant et la fait ondoyer,
Par le geste écartés, ces hommes et ces femmes,
Montrant dans leur pâleur tout l’effroi de leurs âmes,
Sans oser vers le ciel détourner un regard,
Du jardin interdit s’enfuirent au hasard.
Le roi seul, entouré par un groupe céleste
De femmes, de géants, indique par un geste
Au pilote attentif le sommet d’une tour
Dont les créneaux d’ivoire enfermaient le contour ;
Il y monte â pas lents d’étages en étages,
Et le navire enfin y descend des nuages !
L’esquif des hautes tours rasait le sombre faîte.
On eût dit à leur foule, à leurs sommets pressés,
En aiguilles, en arcs, en minarets dressés,
Une forêt de pierre où les granits, les marbres,
Auraient germé d’eux-même et végétaient en arbres :
Pyramides, palais bâtis pour des géants,
Ponts immenses montant sur leurs cintres béants,
Arcs sur arcs élevant de larges plates-formes ’
Servant de piédestal à des monstres énormes,
Obélisques taillés dans un bloc seulement,
Arrachés de la terre ainsi qu’un ossement,
Et sans rien supporter s’amincissant en glaive,
Dans le ciel étonné se perdant comme un rêve !
Aqueducs où grondait le fleuve aux grandes eaux,
Jardins aériens portés sur mille arceaux,
Dont les arbres géants, plus hauts que nos idées,
Jetaient sur les palais l’ombre de cent coudées !
Colonnades suivant, comme un serpent d’airain,
Des coteaux aux vallons les grands plis de terrain,
Où des troncs de métal, prodigieuses plantes,
Portaient à leurs sommets des feuillages d’acanthes ;
Des vases où fumaient des bûchers d’aloès
Pour embaumer, la nuit, la brise des palais,
Ou d’éclatants foyers, flammes pyramidales,
Ondoyant sous les vents, reluisaient sur les dalles.
Le navire, voguant sur ces mouvants réseaux,
Comme un aigle au milieu de cent mâts de vaisseaux,
Craignait à chaque instant de déchirer sa quille
Contre une pyramide, une tour, une aiguille.
A travers ce dédale il dirigeait son vol,
Aux mille cris d’effroi qui s’élevaient du sol,
Vers le centre éclatant des dieux, forte demeure,
Qui dominait de haut la ville inférieure.
Là, planant de plus bas sur le sacré séjour
Où les chefs s’enfermaient dans leur jalouse cour,
Ils virent, aux clartés de cent torches errantes,
Dans un jardin coupé de sources murmurantes,
Aux brises sans repos d’accords mélodieux,
Un innombrable essaim de déesses, de dieux,
Les regardant tomber comme file une étoile,
Et d’un immense cri faisant trembler leur voile.
Mais avant que l’esquif, un moment suspendu,
Fût au niveau des murs de marbre descendu,
Celui qui paraissait régner sur cette foule
Fit un geste : aussitôt, comme la feuille roule
Quand le vent du midi qui vient la balayer
L’amoncelle en courant et la fait ondoyer,
Par le geste écartés, ces hommes et ces femmes,
Montrant dans leur pâleur tout l’effroi de leurs âmes,
Sans oser vers le ciel détourner un regard,
Du jardin interdit s’enfuirent au hasard.
Le roi seul, entouré par un groupe céleste
De femmes, de géants, indique par un geste
Au pilote attentif le sommet d’une tour
Dont les créneaux d’ivoire enfermaient le contour ;
Il y monte â pas lents d’étages en étages,
Et le navire enfin y descend des nuages !
Sitôt qu’il eut touché terre comme un oiseau,
La voile s’abaissa sur son mât de roseau,
Et des flancs affaissés de l’obscure nacelle,
Comme des bords penchés d’un vaisseau qui chancelle,
Les géants descendus saluèrent leur roi ;
Débarquant les captifs immobiles d’effroi.
Comme des chiens dressés traînent, souillé d’écume,
Blessé, sanglant, l’oiseau dont ils mordent la plume,
Ils portèrent meurtris, dans leurs bras triomphants,
Aux pieds du roi des dieux le couple et les enfants..."
La voile s’abaissa sur son mât de roseau,
Et des flancs affaissés de l’obscure nacelle,
Comme des bords penchés d’un vaisseau qui chancelle,
Les géants descendus saluèrent leur roi ;
Débarquant les captifs immobiles d’effroi.
Comme des chiens dressés traînent, souillé d’écume,
Blessé, sanglant, l’oiseau dont ils mordent la plume,
Ils portèrent meurtris, dans leurs bras triomphants,
Aux pieds du roi des dieux le couple et les enfants..."
Lamartine, La chute d´un ange (Huitième et Neuvième Visions), 1838
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