martes, 29 de marzo de 2011
L`Art de Péter
"La Nature stérile en Péteurs excellents
Sçait entre les Souffleurs partager les talents.
L'un peut jusqu'à six fois décharger son tonnerre;
L'autre du premier coup peut ébranler la Terre;
Un Héros jusqu'à dix peut porter ses exploits;
Un autre parler, rire et péter à la fois,
Mais tel qui bien souvent croit être un fort grand Sire,
Méconnoît ses défauts et n^apprête qu'à rire.
Tel aux plus grands Péteurs qui veut donner des lois.
Pour se faire écouter, n'a qu'un filet de voix.
Il faut plus de vigueur et jamais de mollesse.
Aux coups les plus bruyants on mesure l'adresse
Un gros Pet est souvent la clef de la fortune,
Il faut laisser la Vesse à la foule commune.
O siècle aveugle ! O moeurs! Les talents et l'honneur
Seront donc inutiles, si l'on n'est bon Péteur.
Quelques vents que l`on fasse, ou des Pets ou des Vesses,
Qu'on ait bien soin, surtout, de desserrer les fesses.
De crainte qu'en rentrant, ce dangereux captif
Ne devienne pour vous plus gênant, plus actif
Vive un Pet bien dodu ! dit le grand Hipocrate;
Rien n'est plus sain, plus propre à dilater la rate.
N*oubliez donc jamais, vous apprentis Péteurs,
Qu'un seul Pet étranglé peut causer des vapeurs.
Pétons tous à notre aise et sans perdre courage.
Ne croyons pas aux ne^ faire le moindre outrage.
L`oreille est pour entendre et le nez pour sentir;
Qui n'aime pas les Pets est prié de sortir;
Voulez vous du public mériter le suffrage
Il faut que votre cul varie son langage;
Qu´il imite la Flûte et tantôt le Basson,
Que tantôt avec l'Orgue il soit à l'unisson.
Un Péteur trop égal et toujours uniforme
En vain frappe l'oreille, il faut qu'il nous endorme.
On goûte peu ces Pets qui, bien loin d'égayer.
Etant sur le même air, ne peuvent qu'ennuyer.
Il faut donc qu´en tout temps musicien habile
Vous changiez votre ton soit aux champs, soit en ville.
Heureux! qui dans ses Pets d'une course légère
Sait quelquefois passer du plus doux au sévère.
Son derrière chéri de tous les Connaisseurs
Est souvent en public entouré d'Auditeurs;
Mais lorsque vous péte, éviter la bassesse.
Et qu'on puisse toujours admirer votre adresse.
Il est un heureux choix de Pets harmonieux;
Fuyez des mauvais sons le concours odieux.
Le Pet le mieux rempli, fût-il une merveille.
Ne me plaira Jamais^ s'il choque mon oreille.
Prenez garde, surtout^ qu'en cherchant à primer,
Votre orgueil, tôt ou tard^ ne vous fasse blâmer.
La plupart emportés d'une ardeur insensée.
Sans s'être préparés font partir la fusée
Ils croiroient perdre tout Péteurs impétueux,
S'ils pensoient que quelqu'autre ait pu péter comme eux.
Attende^ pour péter que la Nature sage
Dans son laboratoire ait formé son ouvrage.
Il faut que chaque Pet y soit mis en son lieu;
Que le plus gros, surtout y soit toujours au milieu
Et que les plus petits, préparant la carrière
Entrouvrent aux plus forts la porte de derrière.
Ce n'est pas qu'en pétant il faille régner ;
Un Pet fait simplement n'est pas à condamner,
J`aime un bon Pet qui part d'un derrière rustique;
Celui d^un Duc et Pair me donne la colique.
Vous verrez rarement au sein de la Grandeur,
Et surtout à la Cour, un habile Péteur.
Méfiez-vous d'un vent qui glisse d'une Jupe;
De ce foible avorton ne soyez pas la dupe.
Quelque soit son odeur, s'il ne retentit pas
Mon nez trop délicat n'y trouve aucun appas.
Il faut pour mon oreille une explosion forte;
A toute autre musique elle ferme la porte.
Mais J'entends du beau sexe un Partisan zélé
Prendre aussitôt en main le droit de l`offensé.
Ah! Monsieur, pour ce Pet, je vous demande grâce.
Me dit'il avec feu; si la note est trop basse,
Que du moins attendri par sa puante odeur,
Votre inflexible nez relâche sa rigueur.
Mais moi, toujours constant à ne me point dédire
Je soutiens que ce Pet ne vaut pas qu'on l'admire:
Consultons, si l'on veut sans faire aucun fracas,
Quelque Docteur instruit, qui décide le cas.
Mais sans aller si loin un grave Apothicaire,
La seringue à la main peut juger notre affaire
Maître de tous les culs dont les Pets sont à lui
Il peut gloser sur eux comme sur leur étui.
Pour moiy je continue et sans perdre courage
Je vais sur le métier remettre mon ouvrage.
Et vous Jeunes Péteurs^ sans faire de façons
Ecoutez de mon cul les utiles leçons:
Je dis donc qu'à péter si l`esprit s'évertue,
Le derrière à souffler aisément s'habitue... "
ANONYME
A Pordè-polis, Au siège de la Société des Francs-Péteurs, 1783.
PS les images ne correspondent pas a l`édition de cet étrange anonyme mais bien au célebre Art de Péter de Pierre-Thomas-Nicolas Hurtaut
(Florent-Q., rue Pet-en-Gueule, au Soufflet, Westphalie, 1751)
qu`on retrouvera un de ces quatre sur notre Miscelanea
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Qui n'aime pas les Pets est prié de sortir;
ResponderEliminarC'est Cyrano de Péterac!