BOUFFANTIN.
Mes frères et mes sœurs, sans vous parler latin,
Je vous dirai : Je suis le père Bouffantin,
Je viens vous enseigner le vrai Saint-Simonisme;
Sachez bien que le Globe est notre catéchisme.
Et d'abord nous prenons dans l'intérêt commun
Le bien de tout le monde et le bien de chacun;
De la propriété l'abus est effroyable,
L'hérédité n'est pas chose plus raisonnable:
Nous brisons l'héritage et la propriété,
Et c'est par numéros et par capacité
Qu'on aura des maisons, des châteaux et des terres
Dont chacun doit jouir, hors les propriétaires.
Louis-bronze.
Ce culte est merveilleux pour les gens qui n'ont rien.
Ce culte est merveilleux pour les gens qui n'ont rien.
Coquetier.
Je suis gueux comme un rat, numérotez-moi bien.
Je suis gueux comme un rat, numérotez-moi bien.
MARIE.
Votre culte est un peu comme la loterie;
Que j'attrape un bon lot, vite je me marie!
BOUFFANTIN.
Du tout ; le mariage est un noeud immoral:
Nous le supprimons net. Hein! cela n'est pas mal? I
MARIE.
Bah! plus de mariage?
BOUFFANTIN.
Ainsi que les fortunes
Deviennent en commun, les femmes sont communes,
Et les enfans aussi ; car, grâces à nos lois,
On pourra divorcer tous les premiers du mois.
Deviennent en commun, les femmes sont communes,
Et les enfans aussi ; car, grâces à nos lois,
On pourra divorcer tous les premiers du mois.
LOUIS-BRONZE.
C'est quelque chose encor!
BOUFFANTIN.
C'est une garantie
Contre le crime affreux de la polygamie.
Nous déclarons la femme en pleine liberté,
Et l'égale de l'homme en fait d'humanité.
Contre le crime affreux de la polygamie.
Nous déclarons la femme en pleine liberté,
Et l'égale de l'homme en fait d'humanité.
LOUIS-BRONZE.
La femme aura le droit de porter les culottes?
BOUFFANTIN.
Même des pantalons, des gilets et des bottes;
Mais ce foyer d'amour qui doit nous arriver,
La femme vraiment libre est encore à trouver...
Et s'il est dans ces lieux d'honnêtes demoiselles
Qui veulent...
Mais ce foyer d'amour qui doit nous arriver,
La femme vraiment libre est encore à trouver...
Et s'il est dans ces lieux d'honnêtes demoiselles
Qui veulent...
LOUIS-BRONZE.
Dans Paris, j'en sais des ribambelles.
BOUFFANTIN.
Nous n'y renonçons pas, cela viendra plus tard;
Nous en dénicherons sans doute quelque part.
Eu attendant, mes sœurs, venez, soyez des nôtres;
Nos actes valent bien les Actes des Apôtres.
"Vous, mes frères, soyez croyans et généreux,
Et cotisez-vous tous pour assister nos dieux;
Soyez de Saint-Simon les soutiens les plus fermes,
Prêtez-nous huit cents francs, le pape doit deux termes.
Nous en dénicherons sans doute quelque part.
Eu attendant, mes sœurs, venez, soyez des nôtres;
Nos actes valent bien les Actes des Apôtres.
"Vous, mes frères, soyez croyans et généreux,
Et cotisez-vous tous pour assister nos dieux;
Soyez de Saint-Simon les soutiens les plus fermes,
Prêtez-nous huit cents francs, le pape doit deux termes.
COQUETIER.
Et quand votre système aura partout le pas,
Serons-nous plus heureux?
Serons-nous plus heureux?
BOUFFANTIN.
Frère, n'en doutez pas!
Oui, quand le monde entier, de Paris jusqu'en Chine,
Oui, quand le monde entier, de Paris jusqu'en Chine,
O divin Saint-Simon ! sera dans ta doctrine,
L'âge d'or doit renaître avec tout son éclat,
Les fleuves rouleront du thé, du chocolat;
Les moutons tout rôtis bondiront dans la plaine,
Et les brochets au bleu nageront dans la Seine;
Les épinards viendront au monde fricassés
Avec des croûtons frits tout autour concassés;
Les arbres produiront des pommes en compottes,
Et l'on moissonnera des carricks et des bottes;
Il neigera du vin, il pleuvra des poulets,
Et du ciel tomberont des canards aux navets...
Je reviendrai tantôt pour savoir, sans mystère,
Qui veut porter ses pas au fond du sanctuaire.
Mais je vous dois d'abord un avis important:
C'est qu'une fois entré on ne rend pas l'argent.
L'âge d'or doit renaître avec tout son éclat,
Les fleuves rouleront du thé, du chocolat;
Les moutons tout rôtis bondiront dans la plaine,
Et les brochets au bleu nageront dans la Seine;
Les épinards viendront au monde fricassés
Avec des croûtons frits tout autour concassés;
Les arbres produiront des pommes en compottes,
Et l'on moissonnera des carricks et des bottes;
Il neigera du vin, il pleuvra des poulets,
Et du ciel tomberont des canards aux navets...
Je reviendrai tantôt pour savoir, sans mystère,
Qui veut porter ses pas au fond du sanctuaire.
Mais je vous dois d'abord un avis important:
C'est qu'une fois entré on ne rend pas l'argent.
(Il sort avec dignité.)
LOUIS-BRONZE.
Si j'y comprends un mot, je veux que l'on me pende!
COQUETIER.
Mais c'est tout bonnement de l'argent qu'il demande.
Parbleu! rien n'est plus cher, en notre beau pays,
Que les dieux, les amours et les billets gratis.
Parbleu! rien n'est plus cher, en notre beau pays,
Que les dieux, les amours et les billets gratis.
LOUIS-BRONZE.
Vous raisonnez fort bien, pour un apothicaire;
Mais venez, j'ai besoin de votre ministère.
Mais venez, j'ai besoin de votre ministère.
v. , . (Tout le monde sort,)
Langlé et Vanderburch : Louis-Bronze et le Saint-Simonien
(Théâtre du Palais Royal, 27 février 1832).
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