miércoles, 5 de mayo de 2010
Plus que naine
"Une naine plus que naine
Ces jours passez vint à mourir
(Sans que rien la put secourir),
Une mignonne incomparable.
Qui passoit pour choze admirable.
Qui l'on alloit voir tour à tour
Et que jadis (mesme) à la Cour
On ne voyoit qu'avec merveille
Personne enfin de grand renom.
Étoit-ce une baronne? Non.
Une marquize, une duchesse,
Une comtesse ou vicomtesse?
Elle n'éloit rien de cela.
Que diable étoit celle-là?
C'étoit (ô fortune cruelle !)
La naine de Mademoizelle,
Dont le très-chétif petit corps
Est maintenant au rang des morts.
Jamais près de Roi ny de Prince
On ne vid de naine si mince.
Quand une puce la mordoit
Et qu'icelle se défendoit,
La puce, pour finir la guerre,
La metoit aizément par terre,
Et la moindre haleine du vent
La laizoit tomber bien souvent.
Enfin elle étoit si petite
(Quoy qu'aucunement favorite)
Que dans un petit balancier
De cuivre, d'airain ou d'acier,
Étant par plaizir un jour mise
Avec robe, jupe et chemize
Et de plus sa coiffure encor
Tout ne pezoit qu'un louis d'or.
Or, en faveur de la princesse
Qui fut son illustre maîtresse
J'ai fait ce huitain, laid ou beau
Pour être mis sur son tombeau :
« Dans cette fosse souterraine
Git une naine plus que naine;
Mais j'ay tort de parler ainsi :
Elle n'est plus gizante icy.
Ce tombeau rien d'elle n'enserre,
Car deux très-petits vers de terre
En firent un maigre repas
Le propre jour de son trépas. »
LORET
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