martes, 11 de septiembre de 2018
Portrait de Stendhal en jeune libertin
DU CARACTÈRE DES FEMMES FRANÇAISES
1er thermidor an XI [26 juin 1803].
Toute femme m'amuse,
aucune ne m'attache.
I. LA fausseté des femmes est l'effet nécessaire d'une contradiction entre les désirs de la nature et les sentiments que, par les lois et la décence, les femmes sont contraintes d'affecter.
Le trait de caractère dans les femmes est la fausseté.
D'après cela, c'est peut-être un excellent moyen de les tromper que d'affecter une extrême franchise.
II. Est-il des femmes sans tempérament ? Et quand même on déciderait par l'affirmative, ne devraient-elles pas être portées vers les hommes au commencement dé leur vie par la curiosité, sentiment rendu si vif chez elles par leur faiblesse ? On peut réveiller par un individu la curiosité que le sexe en général n'excite plus chez une femme.
III. Amusez une femme et vous l'aurez. Comment l'amuser ? par des anecdotes plaisantes, qui lui fassent faire sur elle-même des réflexions flatteuses ou utiles.
Je conte bien il ne manque plus que de m'appliquer à savoir des anecdotes la plus directement agréable de toutes mes études, et sans laquelle je n'aurai jamais ces succès faciles qui charment la vie.
IV. En contrastant fortement, dit Séchelles, on met les hommes hors des gonds à plus forte raison les femmes. Un compliment délicieux, une épigramme ingénieuse.
A une femme fatiguée de sentiment, dé l'esprit. Rarement celles qui se sont longtemps rendues à l'esprit aiment-elles le sentiment, à moins que ce ne soit par réminiscence.
V. Sous une certaine décence d'expressions; que les femmes aiment par orgueil (parce qu'on leur a dit qu'on parlait ainsi dans la bonne compagnie), peut-on être en effet trop libertin ? non. Plus on le sera, plus on sera réputé aimable. Marquer des soins un jour, le lendemain de l'indifférence vraie tactique.
VI. Ne jamais oublier ceci je prête trop souvent mon esprit aux autres. Les hommes n'agissent pas sur ce qui est, ou sur ce qui me semble être, mais sur ce qui semble être à leurs yeux.
VII. Le principe de Laroche: se mêler à tous les plaisirs des femmes, leur en procurer sans cesse. Je ne suis pas la rose; mais j'approche souvent de la reine des fleurs.
VIII. Partout il existe des choses ou des hommes dont le crédit baisse et qui n'attendent plus qu'un homme qui ose s'en moquer pour exciter un rire général et du fond de l'âme. Il faut être cet homme là. En abusant ensuite à propos de cet art de ridiculiser, on se fait terrible à ses rivaux.
IX. Au fond les hommes et les femmes désirant la même chose, il ne doit pas être difficile de les accorder. Aussi mille chemins mènent-ils à ce qu'on appelle le bonheur, lorsqu'on désire une femme. Prévenir toujours d'une seconde la satiété qu'on pourrait ressentir de vous ou de vos grâces, n'être jamais le même, n'être jamais comme un autre.
Point d'honnête femme qui ne soit lasse de son métier. Je le crois en théorie chercher à vérifier cela sur la nature. Existe-t-il une femme qui n'ait jamais couché avec un autre que son mari si elle est femme, avec un homme si elle est encore fille ?
Valmont le dit c'est le cœur qui nous donne les plus grands plaisirs. Il est dangereux de pousser une femme plongée dans une tendre rêverie il faut alors être sentimental, et, surtout dans le tête-à-tête, ne jamais craindre le ridicule. Qui est là pour l'observer ?
Ne jamais croire impossible pour moi que ce que j'aurai manqué de sang froid.
Dans ma position, je ne saurais être trop audacieux. Ne jamais raisonner avec les femmes de province.
Ne jamais oublier qu'il est du bon air (c'est-à-dire de la véritable tactique) de parler et d'agir beaucoup. Avec une bonne déclamation (et je 1 ai quand je suis de sang-froid) une sottise est délicieuse « II a tant d'esprit que je ne le comprends pas. »
Je puis appliquer à l'art d'avoir une femme tout ce que je sais de l'art de gagner une bataille, et de prendre une ville. Un des premiers principes de cet art est de ne jamais manquer à l'occasion et pour l'homme adroit, courageux et de sang-froid, il s'en offre à chaque pas. Les cinq ou six affaires qui précédèrent le 6 fructidor an X m'ont à jamais prouvé cette vérité.
Dans les affaires désespérées le stratagème de Percheron, mais c'est un plaisir de plus de n'en employer aucun.
Le sûr moyen de n'être qu'un sot est de perdre le sang-froid. On le perd, dès qu'on se prépare à quelque chose en allant chez une femme. Là, comme ailleurs, décréter le principe, et s'abandonner à son génie. Là, comme ailleurs, tout yeux et tout oreilles. Cela n'est difficile que dans les commencements ce n'est plus qu'un badinage pour moi.
Influence des bagatelles « Je sautai le fossé. » « Mais, Beyle, que veut donc dire tout ce que vous me dites ? » Avoir une conversation, ou plutôt un vernis à soi. Pour cela, le prendre en soi même. Pour moi, la poésie de la pensée, la grandeur, et la rapidité des images. Une grande hardiesse dans tout ce qui doit être jugé par les femmes. Arrivé en haut, briser l'échelle faire des choses infaites et infaisables. La petite Martin aimait mieux Gibory que tout le monde1. J'ai plu par ma parure n'y plus aller qu'en négligé par mon esprit ne plus rien dire. En un mot, occuper de soi et fortement.
En morale l'amour des femmes est un mal infiniment petit. Tous les grands hommes grecs étaient libertins. Cette passion dans un homme indique l'énergie, qualité sine qua non gerzius. Le jugement de Bonaparte cc C'est un homme qui a des couilles. »
—Ce n'est que par une passion que l'on peut triompher d'une autre passion. La Bruyère dit
Les femmes se préparent pour leurs amants, si elles les attendent. Mais si elles en sont surprises, elles oublient à leur arrivée l'état où elles se trouvent, elles ne se voient plus. Elles ont plus de loisirs avec les indifférents elles sentent le désordre où elles sont, s'ajustent en leur présence ou disparaissent un moment et reviennent parées.
Il échappe à une jeune personne de petites choses qui persuadent beaucoup, et qui flattent sensiblement celui pour qui elles sont faites il n'échappe presque rien aux hommes, leurs caresses sont volontaires, ils agissent, ils sont empressés et persuadent moins.
Une femme galante veut qu'on l'aime il suffit à une coquette d'être trouvée aimable et de passer pour telle.
Une femme faible est celle à qui l'on reproche une faute et qui se la reproche à elle-même.
Une femme inconstante est celle qui n'aime plus, une légère celle qui déjà en aime un autre, une volage celle qui ne sait si elle aime, une indifférente celle qui n'aime rien.
Un homme de la ville est pour une femme de province ce qu'est pour une femme de ville un homme de la cour,
Pour une femme retirée un maçon est un homme.
La pruderie imitation outrée de la sagesse.
Une femme insensible est celle qui n'a pas encore vu celui qu'elle doit aimer.
D'après le principe [VI], diviser les femmes en cinq, six, sept caractères, et faire le meilleur plan de campagne possible pour tous ces caractères. (C'est profaner le papier que de le couvrir de pauvretés semblables cependant, comme dans certains moments de ma vie j'y mets beaucoup de prix, je continue.) Je tirerais de ces plans de campagne, par contre-partie, l'art de tirer parti d'une position donnée, art qui repose en entier sur cette proposition 6.
Pour la confection des plans de campagne, on peut consulter les grands auteurs. Par exemple, sur le problème jouer l'amour auprès d'une jeune fille simple de 18 ans, le Danceny, des Liaisons; auprès d'une dévote de 22, le Valmont du même; auprès d'une coquette Emire de La Bruyère, la Princesse d'Elide de Molière.
Le principe VII avec le suivant est la base de tout l'art d'avoir des femmes. Les femmes cherchent dans leur amant plaisirs des sens et remède contre l'ennui qui assaillit de toutes parts un esprit inhabile à l'application et par conséquent oisif.
L'ennui est une maladie de l'âme. Quel en est le principe ? L'absence de sensations assez vives pour nous occuper. Une grande passion donnant de l'importance aux moindres choses nous sauve donc de l'ennui. Cette maladie attaque communément le riche oisif.
Une femme ennuyée est facile à avoir par le principe VII.
Une femme d'esprit mesure sa résistance sur le degré de désœuvrement de son amant.
Une coquette veut être adorée pour cela, toujours irriter le désir des hommes et ne les satisfaire jamais. Cela montre la tactique. Se montrer insensible. IV. 151. Des coquettes aux oisifs, de jolies filles aux occupés.
Dans tous les siècles, les femmes ne se laissent pas prendre aux mêmes appas. Leur ennui n'est pas dissipé, leur joie n'est pas excitée de la même manière. Les jeunes femmes comme les jeunes hommes se forment tous un modèle idéal, but de tous leurs désirs et terme de comparaison de tous leurs jugements. Moi qui écris ceci, j'ai besoin de toute ma raison pour m'écarter de mon modèle et jamais on n'a été amoureux par raison. Oisiveté, mère d'ennui. Femme oisive, femme f.ue.
Licurgue a donné le seul moyen de rendre le mariage heureux. Toutes les fois qu'une cause n'a pas l'effet direct que nous en attendons, chercher dans l'association des idées la solution du problème. Sur le mariage le bonheur réside moins dans la possession que dans l'acquisition des objets de nos désirs. Pour être heureux, il faut qu'il manque toujours quelque chose à notre félicité.
Pour combattre la résolution de son amant, la maîtresse n'allègue d'autre motif que sa volonté et son amour. L'amant résiste-t-il ? elle s'abaisse enfin à raisonner. Mais la raison n'est jamais que la dernière ressource de l'amour.
Quelle n'est pas la puissance d'un premier jugement Je me figurerai toujours Mlle Angèle M. au clair de lune, vêtue de blanc, et avec la physionomie d'Armide dans un moment de bonté.
Tout devient ridicule sans la force tout s'ennoblit avec elle.
La curiosité entre pour beaucoup dans l'amour. Moi à qui le dessin a donné l'habitude de chercher le nu sous les vêtements et de me le figurer nettement, je suis donc moins susceptible d'amour qu'un autre.
The art of speack to a wife of irefutable maner. E she is wife.
Il est une sorte de timidité charmante aux yeux des femmes c'est celle qui découvre en vous un penchant décidé, en même temps qu'elle décèle les efforts que vous faites pour le cacher.
Il y a un cérémonial dans l'amour nos seuls maîtres en ce genre sont les romans que nous lisons (j'avais découvert cette vérité avant de la trouver dans H). Les femmes, et les hommes-femmes, sont sujettes à prendre la vivacité du geste pour celle de l'esprit, et la taciturnité pour la profondeur. Mais la gravité n'est qu'un secret du corps.
Ces pages sont à la bibliothèque de Grenoble au tome 27 des manuscrits cotés R. 5896. Beyle les écrivit d vingt ans alors que, de retour de son premier séjour en Italie, il était tout occupé de stratégie sentimentale. M. Paul Arbelel qui les a publiées le premier dans la Revue Bleue du 19 juin 1909, sous le titre de Catéchisme d'un roué, fait bien remarquer que l'expérience de Beyle était assez courte el qu'il ulilise beaucoup toutes ses lectures, démarquant à plaisir La Bruyère et La Rochefoucauld el se souvenant d la fois de Duclos, de Chamfort et de Choderlos de Laclos. M. Arbelet reconnaît cependant qu'il y a là, en outre, « quelques observations justes et méritoires pour son âge, de la finesse, et même, si on veut, de la profondeur ». Ces pages onl été reproduites en appendice au livre de l'Amour, dans l'édition Champion.
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