domingo, 28 de junio de 2015

Le bouc et la nonne


Le bouc et la soeur

Dans un enlacement que l´on trouve impudique
Et qui n´est qu´une forme de morale antique
La nonne au coeur ardent et son bouc bienaimé
Restent depuis huit siècles amoureux et pâmés!
Sous la curiosité du touriste qui passe,
Leur étreinte est rigide et jamais ne se lasse!

La femme doit aimer, c´est la loi de la nature
(Et les nonnes sont femmes, liées par aventure
Au célibat rongeur), aussi pardonnons-la
De s´être émancipée et d´avoir fait cela
Avec un vilain bouc à l´appétit brutal:
Elle n´avait pas d´homme, ce n´est pas là grand mal.






Le bouc et la soeur (autre version)

Que voulez-vous, mon cher, elle était femme et nonne.
Sans doute trouvait-elle la "bagatelle" bonne!
Comme à Vénus, jadis, le fier berger Pâris
Dans le divin tournoi d´amouur donná le prix,
Pour calmer ses ardeurs, ne trouvant pas un homme
C´est au beau bouc barbu qu´elle a donné la pomme
Les dieux jaloux, en roc, tous deux les ont changés
Dans le spasme enivrant, leurs corps se sont gigés!
Sur les murs de l´Eglise, ils excitent le rire,
Mais que leur fait le bruit, qu´on blâme, qu´on admire
Ils ouvrent leurs grands yeux souriants et pâmés
Et depuis huit cent ans se sont toujours aimés!


Poèmes anonymes accompagnant des cartes postales de la Belle Époque
relatives à la gargouille de Notre-Dame des Marais
cités dans Jean-Noël Passal, L´esprit de la chèvre