sábado, 30 de abril de 2011

Strip-tease





Le strip-tease - du moins le strip-tease parisien - est fondé sur une contradiction : désexualiser la femme dans le moment même où on la dénude. On peut donc dire qu'il s'agit en un sens d'un spectacle de la peur, ou plutôt du « Fais-moi peur», comme si l'érotisme restait ici une sorte de terreur délicieuse, dont il suffit d'annoncer les signes rituels pour provoquer à la fois l'idée de sexe et sa conjuration.

Seule la durée du dévêtement constitue le public en voyeur ; mais ici, comme dans n'importe quel spectacle mystifiant, le décor, les accessoires et les stéréotypes viennent contrarier la provocation initiale du propos et finissent par l'engloutir dans l'insignifiance : on affiche le mal pour mieux l'embarrasser et l'exorciser. Le strip-tease français semble procéder de ce que j'ai appelé ici même l'opération Astra, procédé de mystification qui consiste à vacciner le public d'une pointe de mal, pour mieux ensuite le plonger dans un Bien Moral désormais immunisé: quelques atomes d'érotisme, désignés par la situation même du spectacle, sont en fait absorbés dans un rituel rassurant qui efface la chair aussi sûrement que le vaccin ou le tabou fixent et contiennent la maladie ou la faute.

On aura donc dans le strip-tease toute une série de couvertures apposées sur le corps de la femme, au fur et à mesure qu'elle feint de le dénuder. L'exotisme est la première de ces distances, car il s'agit toujours d'un exotisme figé qui éloigne le
corps dans le fabuleux ou le romanesque: Chinoise munie d'une pipe à opium (symbole obligé de la sinité), vamp onduleuse au fume-cigarette gigantesque, décor vénitien avec gondole, robe à paniers et chanteur de sérénade, tout ceci vise à constituer au départ la femme comme un objet déguisé ; la fin du strip n'est plus alors d'expulser à la lumière une profondeur secrète, mais de signifier, à travers le dépouillement d'une vêture baroque et artificielle, la nudité comme habit naturel de la femme, ce qui est retrouver finalement un état parfaitement pudique de la chair.

Les accessoires classiques du music-hall, mobilisés ici sans exception, éloignent eux aussi à chaque instant le corps dévoilé, le repoussent dans le confort enveloppant d'un rite connu : les fourrures, les éventails, les gants, les plumes, les bas-résilles,en un mot le rayon entier de la parure, font sans cesse réintégrer
au corps vivant la catégorie des objets luxueux qui entourent l'homme d'un décor magique. Emplumée ou gantée, la femme s'affiche ici comme élément figé de music-hall ; et se dépouiller d'objets aussi rituels ne participe plus d'un dénuement nouveau
: la plume, la fourrure et le gant continuent d'imprégner la femme de leur vertu magique une fois même qu'ils sont ôtés, lui font comme le souvenir enveloppant d'une carapace luxueuse, car c'est une loi évidente que tout le strip-tease est donné dans la nature même du vêtement de départ : si celui-ci est improbable, comme dans le cas de la Chinoise ou de la femme enfourrurée, le nu qui suit reste lui-même irréel, lisse et fermé comme un bel objet glissant, retiré par son extravagance même de l'usage humain : c'est la signification profonde du sexe de diamant ou d'écaillés, qui est la fin même du striptease : ce triangle ultime, par sa forme pure et géométrique, par sa matière brillante et dure, barre le sexe comme une épée de pureté et repousse définitivement la femme dans un univers minéralogique, la pierre (précieuse) étant ici le thème irréfutable de l'objet total et inutile.

Contrairement au préjugé courant, la danse, qui accompagne toute la durée du strip-tease, n'est nullement un facteur erotique. C'est même probablement tout le contraire : l'ondulation faiblement rythmée conjure ici la peur de l'immobilité; non
seulement elle donne au spectacle la caution de l'Art (les danses de music-hall sont toujours « artistiques »), mais surtout elle constitue la dernière clôture, la plus efficace : la danse, faite de gestes rituels, vus mille fois, agit comme un cosmétique de mouvements, elle cache la nudité, enfouit le spectacle sous un
glacis de gestes inutiles et pourtant principaux, car le dénuement est ici relégué au rang d'opérations parasites, menées dans un lointain improbable. On voit ainsi les professionnelles du strip-tease s'envelopper dans une aisance miraculeuse qui les
vêt sans cesse, les éloigne, leur donne l'indifférence glacée de praticiennes habiles, réfugiées avec hauteur dans la certitude de leur technique : leur science les habille comme un vêtement.

Tout ceci, cette conjuration minutieuse du sexe, peut se vérifier a contrario dans les « concours populaires » (sic) de striptease amateur: des «débutantes» s'y déshabillent devant quelques centaines de spectateurs sans recourir ou recourant
fort mal à la magie, ce qui rétablit incontestablement le pouvoir erotique du spectacle : ici, au départ, beaucoup moins de Chinoises et d'Espagnoles, ni plumes ni fourrures (des tailleurs stricts, des manteaux de ville), peu de déguisements originels ; des pas maladroits, des danses insuffisantes, la fille sans cesse
guettée par l'immobilité, et surtout un embarras «technique» (résistance du slip, de la robe, du soutien-gorge) qui donne aux gestes du dévoilement une importance inattendue, refusant à la femme l'alibi de l'art et le refuge de l'objet, l'enserrant dans une condition de faiblesse et d'apeurement.

Pourtant, au Moulin-Rouge, une conjuration d'une autre sorte se dessine, probablement typiquement française, conjuration qui vise d'ailleurs moins à abolir l'érotisme qu'à le domestiquer : le présentateur essaye de donner au strip-tease un statut petit-bourgeois rassurant. D'abord, le strip-tease est un sport: il y a un
Strip-tease Club, qui organise de saines compétitions dont les lauréates sortent couronnées, récompensées par des prix édifiants (un abonnement à des leçons de culture physique), un roman (qui ne peut être que Le Voyeur de Robbe-Grillet), ou
utiles (une paire de bas nylon, cinq mille francs). Et puis, le strip-tease est assimilé à une carrière (débutantes, semi-professionnelles, professionnelles), c'est-à-dire à l'exercice honorable d'une spécialisation (les strip-teaseuses sont des ouvrières qualifiées) ; on peut même leur donner l'alibi magique du travail, la
vocation : telle fille est « en bonne voie » ou « en passe de tenir ses promesses », ou, au contraire, « fait ses premiers pas » dans le chemin ardu du strip-tease. Enfin et surtout, les concurrentes sont situées socialement: telle est vendeuse, telle autre est secrétaire (il y a beaucoup de secrétaires au Strip-tease Club).

Le strip-tease réintègre ici la salle, se familiarise, s'embourgeoise, comme si les Français, contrairement aux publics américains (du moins à ce qu'on dit), et suivant une tendance irrépressible de leur statut social, ne pouvaient concevoir l'érotisme
que comme une propriété ménagère, cautionnée par l'alibi du sport hebdomadaire, bien plus que par celui du spectacle magique : c'est ainsi qu'en France le strip-tease est nationalisé.

Roland Barthes

ps la photo rend hommage à la "rhabilleuse" paradoxale qui enchanta les nuits chaudes de Montréal, Lili St Cyr

viernes, 29 de abril de 2011

Rentrée du Pétomane






La rentrée du Pétomane

Dilettantes de la musique,
O Parisiens de Paris,
Il est rentré l’artiste unique
dont votre coeur est tout épris,

Celui qui, sans ouvrir la bouche
Assez même pour dire zut
Ou laisser passer une mouche,
Pousse cependant de tels ut ;

Bref le fin ténor frais et rose
Qui possède une telle voix
Qu’à l’instar d’une rose éclose
Il charme deux sens à la fois.

Le revoici. Longtemps vous fûtes
Très peu rassurés sur son sort :
Vous le crûtes fini ; des brutes
Pensèrent à le dire mort.

Certains le disaient en tournée
Avec Schurmann ou bien Gunsbourg,
Tantôt en nouvelle-Guinée
Et tantôt à Saint-Petersbourg ;

D’aucuns prétendaient que Silvestre
L’avait adopté pour larbin ;
D’autres qu’il était chef d’orchestre
Dans la musique à Béhanzin ;

Ceux-ci l’envoyaient vent arrière
Jouir avec tranquillité
– Après sa trop courte carrière –
D’un repos pourtant mérité.

Tous ces bruits – disons-le bien vite –
Etaient des bruits sans fondement :
Il soignait une laryngite
Dans le Midi, tout simplement.

Or, le voilà guéri, le tendre
Et délicat chanteur ; bravo !
Et ce soir l’on pourra l’entendre
Dans son répertoire nouveau.

Mais ce qui l’émeut, quoi qu’il fasse
Pour s’en défendre, croyez bien,
C’est de retrouver fesse à face
Son cher public parisien.

– J’ai longtemps parcouru le monde
(Dit-il) qui ne m’a pas compris ;
C’est ma conviction profonde
Qu’il n’est public que de Paris. –

Que le pauvre homme se rassure :
Il retrouvera cette fois
Le même succès, car je le jure
Qu’il est plus que jamais en voix.

Une chose me stupéfie
Cependant, c’est que – me dit-on –
Pendant sa longue maladie
Il est devenu baryton.

Raoul Ponchon "Le Courrier Français 20 nov. 1892"
Poème à la gloire de Joseph Pujol, dit "Le Pétomane"

domingo, 24 de abril de 2011

L´art de ramper



... à l´usage de nos classes politiques


Si nous examinons les choses sous ce point de vue, nous verrons que, de tous les arts, le plus difficile est celui de ramper. Cet art sublime est peut-être la plus merveilleuse conquête de l’esprit humain. La nature a mis dans le cœur de tous les hommes un amour-propre, un orgueil, une fierté qui sont, de toutes les dispositions, les plus pénibles à vaincre. L’âme se révolte contre tout ce qui tend à la déprimer ; elle réagit avec vigueur toutes les fois qu’on la blesse dans cet endroit sensible ; et si de bonne heure on ne contracte l’habitude de combattre, de comprimer, d’écraser ce puissant ressort, il devient impossible de le maîtriser. C’est à quoi le courtisan s’exerce dans l’enfance, étude bien plus utile sans doute que toutes celles qu’on nous vante avec emphase, et qui annonce dans ceux qui ont acquis ainsi la faculté de subjuguer la nature une force dont très-peu d’êtres se trouvent doués. C’est par ces efforts héroïques, ces combats, ces victoires qu’un habile courtisan se distingue et parvient à ce point d’insensibilité qui le mène au crédit, aux honneurs, à ces grandeurs qui font l’objet de l’envie de ses pareils et celui de l’admiration publique.


Que l’on exalte encore après cela les sacrifices que la Religion fait faire à ceux qui veulent gagner le ciel ! Que l’on nous parle de la force d’âme de ces philosophes altiers qui prétendent mépriser tout ce que les hommes estiment ! Les dévots et les sages n’ont pu vaincre l’amour-propre ; l’orgueil semble très-compatible avec la dévotion et la philosophie. C’est au seul courtisan qu’il est réservé de triompher de lui-même et de remporter une victoire complète sur les sentimens de son cœur. Un parfait courtisan est sans contredit le plus étonnant de tous les hommes. Ne nous parlez plus de l’abnégation des dévots pour la Divinité, l’abnégation véritable est celle d’un courtisan pour son maître ; voyez comme il s’anéantit en sa présence ! Il devient une pure machine, ou plutôt il n’est plus rien ; il attend de lui son être, il cherche à démêler dans ses traits ceux qu’il doit avoir lui-même ; il est comme une cire molle prête à recevoir toutes les impressions qu’on voudra lui donner.



Il est quelques mortels qui ont de la roideur dans l’esprit, un défaut de souplesse dans l’échine, un manque de flexibilité dans la nuque du cou ; cette organisation malheureuse les empêche de se perfectionner dans l’art de ramper et les rend incapables de s’avancer à la Cour. Les serpens et les reptiles parviennent au haut des montagnes et des rochers, tandis que le cheval le plus fougueux ne peut jamais s’y guinder. La Cour n’est point faite pour ces personnages altiers, inflexibles, qui ne savent ni se prêter aux caprices, ni céder aux fantaisies, ni même, quand il en est besoin, approuver ou favoriser les crimes que la grandeur juge nécessaires au bien être de l’État.



Un bon courtisan ne doit jamais avoir d’avis, il ne doit avoir que celui de son maître ou du ministre, et sa sagacité doit toujours le lui faire pressentir ; ce qui suppose une expérience consommée et une connaissance profonde du cœur humain. Un bon courtisan ne doit jamais avoir raison, il ne lui est point permis d’avoir plus d’esprit que son maître ou que le distributeur de ses grâces, il doit bien savoir que le Souverain et l’homme en place ne peuvent jamais se tromper.



Le courtisan bien élevé doit avoir l’estomac assez fort pour digérer tous les affronts que son maître veut bien lui faire. Il doit dès la plus tendre enfance apprendre à commander à sa physionomie, de peur qu’elle ne trahisse les mouvemens secrets de son cœur ou ne décèle un dépit involontaire qu’une avanie pourrait y faire naître. Il faut pour vivre à la Cour avoir un empire complet sur les muscles de son visage, afin de recevoir sans sourciller les dégoûts les plus sanglans. Un boudeur, un homme qui a de l’humeur ou de la susceptibilité ne saurait réussir.



En effet, tous ceux qui ont le pouvoir en main prennent communément en fort mauvaise part que l’on sente les piqûres qu’ils ont la bonté de faire ou que l’on s’avise de s’en plaindre. Le courtisan devant son maître doit imiter ce jeune Spartiate que l’on fouettait pour avoir volé un renard ; quoique durant l’opération l’animal caché sous son manteau lui déchirât le ventre, la douleur ne put lui arracher le moindre cri. Quel art, quel empire sur soi-même ne suppose pas cette dissimulation profonde qui forme le premier caractère du vrai courtisan ! Il faut que sans cesse sous les dehors de l’amitié il sache endormir ses rivaux, montrer un visage ouvert, affectueux, à ceux qu’il déteste le plus, embrasser avec tendresse l’ennemi qu’il voudrait étouffer ; il faut enfin que les mensonges les plus impudens ne produisent aucune altération sur son visage.



Le grand art du courtisan, l’objet essentiel de son étude, est de se mettre au fait des passions et des vices de son maître, afin d’être à portée de le saisir par son faible : il est pour lors assuré d’avoir la clef de son cœur. Aime-t-il les femmes ? il faut lui en procurer. Est-il dévot ? il faut le devenir ou se faire hypocrite. Est-il ombrageux ? il faut lui donner des soupçons contre tous ceux qui l’entourent. Est-il paresseux ? il ne faut jamais lui parler d’affaires ; en un mot il faut le servir à sa mode et surtout le flatter continuellement. Si c’est un sot, on ne risque rien à lui prodiguer les flatteries même qu’il est le plus loin de mériter ; mais si par hasard il avait de l’esprit ou du bon sens, ce qui est assez rarement à craindre, il y aurait quelques ménagemens à prendre.



Le courtisan doit s’étudier à être affable, affectueux et poli pour tous ceux qui peuvent lui aider et lui nuire ; il ne doit être haut que pour ceux dont il n’a pas besoin. Il doit savoir par cœur le tarif de tous ceux qu’il rencontre, il doit saluer profondément la femme de chambre d’une Dame en crédit, causer familièrement avec le suisse ou le valet de chambre du ministre, caresser le chien du premier commis ; enfin il ne lui est pas permis d’être distrait un instant ; la vie du courtisan est une étude continuelle.



Un véritable courtisan est tenu comme Arlequin d’être l’ami de tout le monde, mais sans avoir la faiblesse de s’attacher à personne ; obligé même de triompher de l’amitié, de la sincérité, ce n’est jamais qu’à l’homme en place que son attachement doit cesser aussitôt que le pouvoir cesse. Il est indispensable de détester sur-le-champ quiconque a déplu au maître ou au favori en crédit.



Que l’on juge d’après cela si la vie d’un parfait courtisan n’est pas une longue suite de travaux pénibles. Les Nations peuvent-elles payer trop chèrement un corps d’hommes qui se dévoue à ce point pour les services du Prince ? Tous les trésors des peuple suffisent à peine pour payer des héros qui se sacrifient entièrement au bonheur public ; n’est-il pas juste que des hommes qui se damnent de si bonne grâce pour l’avantage de leurs concitoyens soient au moins bien payés en ce monde ?



Quel respect, quelle vénération ne devons-nous pas avoir pour ces êtres privilégiés que leur rang, leur naissance rend naturellement si fiers, en voyant le sacrifice généreux qu’ils font sans cesse de leur fierté, de leur hauteur, de leur amour-propre ! Ne poussent-ils pas tous les jours ce sublime abandon d’eux-mêmes jusqu’à remplir auprès du Prince les mêmes fonctions que le dernier des valets remplit auprès de son maître ? Ils ne trouvent rien de vil dans tout ce qu’ils font pour lui ; que dis-je ? ils se glorifient des emplois les plus bas auprès de sa sacrée personne ; ils briguent nuit et jour le bonheur de lui être utiles, ils le gardent à vue, se rendent les ministres complaisans de ses plaisirs, prennent sur eux ses sottises ou s’empressent de les applaudir ; en un mot, un bon courtisan est tellement absorbé dans l’idée de son devoir, qu’il s’enorgueillit souvent de faire des choses auxquelles un honnête laquais ne voudrait jamais se prêter. L’esprit de l’Évangile est l’humilité ; le Fils de l’Homme nous a dit que celui qui s’exalte serait humilié ; l’inverse n’est pas moins sûr, et les gens de Cour suivent le précepte à la lettre. Ne soyons donc plus surpris si la Providence les récompense sans mesure de leur souplesse, et si leur abjection leur procure les honneurs, la richesse et le respect des Nations bien gouvernées.

Paul Heinrich Dietrich von Holbach, ou baron d´Holbach

domingo, 17 de abril de 2011

Chier ou crever





Lettre de Madame la Duchesse d'Orléans (Charlotte-Élisabeth de Bavière), belle-soeur de Louis XIV, à sa tante l'Electrice du Hanovre

Fontainebleau, le 9 octobre 1694

"Vous êtes bien heureuse d'aller chier quand vous voulez ; chiez donc tout votre chien de saoul. Nous n'en sommes pas de même ici, où je suis obligée de garder mon étron pour le soir ; il n'y a point de frottoir aux maisons du côté de la forêt. J'ai le malheur d'en habiter une, et par conséquent le chagrin d'aller chier dehors, ce qui me fâche, parce que j'aime à chier à mon aise, et je ne chie pas à mon aise quand mon cul ne porte sur rien. Item, tout le monde nous voit chier ; il y passe des femmes, des hommes, des filles, des garçons, des abbés et des suisses ; vous voyez par là que nul plaisir sans peine, et qui si on ne chiait point, je serais à Fontainebleau comme le poisson dans l'eau.

Il est très chagrinant que mes plaisirs soient traversés par des étrons ; je voudrais que celui qui a le premier inventé de chier, ne pût chier, lui et toute sa race, qu'à coups de bâton. Comment, mordi, qu'il faille qu'on ne puisse vivre sans chier ? Soyez à table avec la meilleure compagnie du monde, qu'il vous en prenne envie de chier, il vous faut aller chier. Soyez avec une jolie fille, une femme qui vous plaise ; qu'il vous prenne envie de chier, il faut aller chier ou crever.

Ah ! maudit chier, je ne sache point plus vilaine chose que de chier. Voyez passer une jolie personne, bien mignonne, bien propre, vous vous récriez : Eh ! que cela serait joli si cela ne chiait pas ! Je le pardonne à des crocheteurs, à des soldats, aux gardes, à des porteurs de chaises, et à des gens de ce calibre-là. Mais les empereurs chient, les impératrices chient, le pape chie, les cardinaux chient, les princes chient, les archevêques et les évêques chient, les généraux d'ordre chient, les curés et les vicaires chient.

Avouez donc que le monde est rempli de vilaines gens, car enfin, on chie en l'air, on chie sur terre, on chie dans la mer, tout l'univers est rempli de chieurs et les rues de Fontainebleau de merde, car ils font des étrons plus gros que vous, Madame. Si vous croyez baiser une belle petite bouche avec des dents bien blanches, vous baisez un moulin à merde ; tous les mets les plus délicats, les biscuits, les pâtés, les tourtes, les perdrix, les jambons, les faisans, tout n'est que pour faire de la merde mâchée, etc."


RÉPONSE DE L'ÉLECTRICE.

Hanovre, 31 octobre 1694.

C'est un plaisant raisonnement de merde que celui que vous faites sur le sujet de chier, et il paraît bien que vous ne connaissez guère les plaisirs, puisque vous ignorez celui qu'il y a à chier ; c'est le plus grand de vos malheurs. Il faut n'avoir chié de sa vie, pour n'avoir senti le plaisir qu'il y a de chier; car l'on peut dire que de toutes les nécessités à quoi la nature nous a assujettis, celle de chier est la plus agréable. On voit peu de personnes qui chient qui ne trouvent que leur étron sent bon ; la plupart des maladies ne nous viennent que par faute de chier, et les médecins ne nous guérissent qu'à force de nous faire chier, et qui mieux chie, plutôt guérit.

On peut dire même qu'on ne mange que pour chier, et tout de même qu'on ne chie que pour manger, et si la viande fait la merde, il est vrai de dire que la merde fait la viande, puisque les cochons les plus délicats sont ceux qui mangent le plus de merde. Est-ce que dans les tables les plus délicates, la merde n'est pas servie en ragoût? Ne fait-on pas des rôties de la merde des bécasses, des bécassines, d'alouettes et d'autres oiseaux, laquelle merde on sert à l'entremets pour réveiller l'appétit? Les boudins, les andouilles et les saucisses, ne sont-ce pas des ragoûts dans des sacs à merde? La terre ne deviendrait-elle pas stérile si on ne chiait pas, ne produisant les mets les plus nécessaires et les plus délicats qu'à force d'étrons et de merde? étant encore vrai que quiconque peut chier sur son champ ne va point chier sur celui d'autrui. Les plus belles femmes sont celles qui chient le mieux ; celles qui ne chient pas deviennent sèches et maigres, et par conséquent laides. Les beaux teints ne s'entretiennent que par de fréquents lavements qui font chier; c'est donc à la merde que nous avons l'obligation de la beauté. Les médecins ne font point de plus savantes dissertations que sur la merde des malades ; n'ont-ils pas fait venir des Indes une infinité de drogues qui ne servent qu'à faire de la merde ?

Il entre de la merde dans les pommades ou les fards les plus exquis. Sans la merde des fouines, des civettes et des autres animaux, ne serions-nous pas privés des plus fortes et meilleures odeurs? Les enfants qui chient le plus dans leurs maillots sont les plus blancs et les plus potelés. La merde entre dans quantité de remèdes et particulièrement pour la brûlure. Demeurez donc d'accord que chier est la plus belle, la plus utile et la plus agréable chose du monde. Quand vous ne chiez pas, vous vous sentez pesante, dégoûtée et de mauvaise humeur. Si vous chiez, vous devenez légère, gaie et de bon appétit. Manger et chier, chier et manger, ce sont des actions qui se suivent et se succèdent les uns aux autres, et l'on peut dire qu'on ne mange que pour chier, comme on ne chie que pour manger.

Vous étiez de bien mauvaise humeur quand vous avez tant déclamé contre le chier; je n'en saurais donner la raison, sinon qu'assurément votre aiguillette s'étant nouée à deux nœuds, vous aviez chié dans vos chausses. Enfin, vous avez la liberté de chier partout quand l'envie vous en prend, vous n'avez d'égard pour personne; le plaisir qu'on se procure en chiant vous chatouille si fort que, sans égard au lieu où vous vous trouvez, vous chiez dans les rues, vous chiez dans les allées, vous chiez dans les places publiques, vous chiez devant la porte d'autrui sans vous mettre en peine s'il le trouve bon ou non, et, marque que ce plaisir est pour le chieur moins honteux que pour ceux qui le voient chier, c'est qu'en effet la commodité et le plaisir ne sont que pour le chieur. J'espère qu'à présent vous vous dédirez d'avoir voulu mettre le chier en si mauvaise odeur, et que vous demeurerez d'accord qu'on aimerait autant ne point vivre que ne point chier...



Correspondence de Madame la duchesse dOrléans, Princesse palatine. Paris, Charpentier, 1855

jueves, 14 de abril de 2011

C'est ung estront






230. Qu'est ce: Plus est jeune et nouveau nez,
Plus est craint et redoubtez.
– C'est ung estront



109. Ung pet espousa une vesse,
Tous deux furent nez d'une fesse;
Et tant ensemble esté ont
Qu'ilz ont engendré ung estront.
Or est le pet et l'estront mors.
Adevinez en quel repaire
La vesse prendra son douaire?
– En vostre nez, tant qu'elle dure.


318. Adevinez que c'est: plus le boute on, et moins entre.
– C'est une merde



336. Je demande qui fist le premier pet a Romme.
– Ce fut le cul.



361. Sur quele beste naist le poil ains qu'il aist pel? [peau]
– C'est sur ung estront musy [moisi]



363. Quel est le plus soubtil arbalestrier de tous, et dont moins on se garde?
– C'est le cul, car de son trait encoche vers le talon et en va ferir au nez.



385. Comment pourroit on partir une vesse en deux?
– Par bouter son nez ou cul d'une vielle; et se bien l'estoupoit, au vessir rechepvroit la moittié de la vesse en l'une narrine et l'autre moittié en l'autre narrine.



457 Qui est la plus tenneue chose au monde?
– C'est de ung estront la crouste, car l'on ne la sauroit mengier sans mye.



503. Quelz sont au monde deux choses de moult contraire condition?
– Ce sont achier [acier] et merde, car par tremper, l'achier devient dur, et l'aultre devient mol.



520. Pourquoy par coustume put le cul, et non la bouche?
– Pour tant que au baptesme, on met du sel a la bouche et non au cul.


Devinettes françaises du Moyen Âge

miércoles, 13 de abril de 2011

Souvent deux culz



32. Il est court, rond et groz,
Je le met entre mes os,
Et quant il se destempre,
La doulceur me va ou ventre.
– C'est une cerise, quant l'en la rompt entre ses dens, et le jus en yst


33. Quelz deux choses sont au monde plus contraires par nature?
– L'en dist que c'est eaue et feu; mais aussi bien le sont deux montaignes et deux culz, car deux montaignes jamais ne se rencontrent, et souvent deux culz prendent plaisir a eulz rencontrer.


58. Quel est le son de tous les instrumens du monde qui moins plaist aux dames?
– C'est d'un vit qui se clipotte [recroqueville] quant il a pissié.


98. Il est reond, court et groz,
Et si ne voit goutte,
Et si ne a nulz os,
Maiz ou trou se boute [précipite]
– C'est la façon de ung fouant [taupe].


399. Je vous demande que c'est: de tant plus que l'on le quiert, et moins l'on le treuve.
– C'est le fons du con, qui oncques n'est trouvé.


400. Quelle est la chose au monde de plus contraire condition a ung con?
– C'est ung four, car le four ne s'eschauffe sans grant feu, et au contraire le con s'eschauffe par grant moisteur. Et la paste que l'en boute dedens le four molle et moiste, l'en la retire assez tost dure et seche; et du con il advient tout le contraire, car ce que l'en y boute par coustume est dur et roide, et quant il s'en retire, l'en le treuve tout mol et moiste.



401. Quant est ce que le vit rend au con plus de grief et d'angoisse?
– Ce est lors qu'il recule



476. Quel difference trouvez vous d'un pourcel a ung vit?
– Ung pourceau au froter et grater se couche, et ung vit se lieve.



480. Quel est le plus grant traittre que le cul trouve?
– C'est la coulle, qui peu a peu approche et baise le cul, puis le fiert tantost sans point escryer.



481. Quelles deux choses sont ce au monde, l'une d'orient et l'autre d'occident, qui, si tost que se rencontrent, s'entendent par amour ensemble?
– Ce sont deux culz.


560. Qu'est ce qui est le plus mal a escorcher?
– C'est ung vit, car depuis le commencement du monde, femme ne luy a peu escorchier que la teste tant seulement...



Devinettes françaises du Moyen Âge

lunes, 4 de abril de 2011

Scénographie de l´Attente




ATTENTE. Tumulte d'angoisse suscité par l'attente de l'être aimé
au gré de menus retards (rendez-vous, téléphones, lettres, retours).

1. J'attends une arrivée, un retour, un signe promis. Ce peut être
futile ou énormément pathétique : dans Erwartung (Attente), une
femme attend son amant, la nuit, dans la forêt; moi, je n'attends
qu'un coup de téléphone, mais c'est la même angoisse. Tout est
solennel : je n'ai pas le sens des proportions.

2. Il y a une scénographie de l'attente: je l'organise, je la manipule,
je découpe un morceau de temps où je vais mimer la perte de
l'objet aimé et provoquer tous les effets d'un petit deuil. Cela se
joue donc comme une pièce de théâtre.

Le décor représente l'intérieur d'un café ; nous avons rendezvous,
j'attends. Dans le Prologue, seul acteur de la pièce (et pour
cause), je constate, j'enregistre le retard de l'autre ; ce retard n'est
encore qu'une entité mathématique, computable (je regarde ma
montre plusieurs fois); le Prologue finit sur un coup de tête: je
décide de « me faire de la bile », je déclenche l'angoisse
d'attente. L'acte I commence alors ; il est occupé par des
supputations: s'il y avait un malentendu sur l'heure, sur le lieu ?
J'essaye de me remémorer le moment où le rendez-vous a été
pris, les précisions qui ont été données. Que faire (angoisse de
conduite) ? Changer de café ? Téléphoner ? Mais si l'autre arrive
pendant ces absences ? Ne me voyant pas, il risque de repartir,
etc. L'acte II est celui de la colère ; j'adresse des reproches
violents à l'absent: « Tout de même, il (elle) aurait bien pu...»,
« Il (elle) sait bien... » Ah! si elle (il) pouvait être là, pour que je
puisse lui reprocher de n'être pas là! Dans l'acte III, j'atteins
(j'obtiens ?) l'angoisse toute pure : celle de l'abandon; je viens de
passer en une seconde de l'absence à la mort; l'autre est comme
mort: explosion de deuil: je suis intérieurement livide. Telle est la
pièce; elle peut être écourtée par l'arrivée de l'autre; s'il arrive
en I, l'accueil est calme ; s'il arrive en II, il y a « scène » ; s'il
arrive en III, c'est la reconnaissance, l'action de grâce : je respire
largement, tel Pelléas sortant du souterrain et retrouvant la vie,
l'odeur des roses.

(L'angoisse d'attente n'est pas continûment violente; elle a ses
moments mornes; j'attends, et tout l'entour de mon attente est
frappé d'irréalité : dans ce café, je regarde les autres qui entrent,
papotent, plaisantent, lisent tranquillement: eux, ils n'attendent
pas.)

3. L'attente est un enchantement: j'ai reçu l'ordre de ne pas bouger.
L'attente d'un téléphone se tisse ainsi d'interdictions menues, à
l'infini, jusqu'à l'inavouable : je m'empêche de sortir de la pièce,
d'aller aux toilettes, de téléphoner même (pour ne pas occuper
l'appareil); je souffre de ce qu'on me téléphone (pour la même
raison); je m'affole de penser qu'à telle heure proche il faudra
que je sorte, risquant ainsi de manquer l'appel bienfaisant, le
retour de la Mère. Toutes ces diversions qui me sollicitent
seraient des moments perdus pour l'attente, des impuretés
d'angoisse. Car l'angoisse d'attente, dans sa pureté, veut que je
sois assis dans un fauteuil à portée de téléphone, sans rien faire.

4. L'être que j'attends n'est pas réel. Tel le sein de la mère pour le
nourrisson, « je le crée et je le recrée sans cesse à partir de ma
capacité d'aimer, à partir du besoin que j'ai de lui » : l'autre vient
là où je l'attends, là où je l'ai déjà créé. Et, s'il ne vient pas, je
l'hallucine: l'attente est un délire.

Encore le téléphone: à chaque sonnerie, je décroche en hâte, je
crois que c'est l'être aimé qui m'appelle (puisqu'il doit
m'appeler) ; un effort de plus, et je « reconnais » sa voix,
j'engage le dialogue, quitte à me retourner avec colère contre
l'importun qui me réveille de mon délire. Au café, toute
personne qui entre, sur la moindre vraisemblance de silhouette,
est de la sorte, dans un premier mouvement, reconnue.

Et, longtemps après que la relation amoureuse s'est apaisée, je
garde l'habitude d'halluciner l'être que j'ai aimé : parfois, je
m'angoisse encore d'un téléphone qui tarde, et, à chaque
importun, je crois reconnaître la voix que j'aimais : je suis un
mutilé qui continue d'avoir mal à sa jambe amputée.

5. « Suis-je amoureux? - Oui, puisque j'attends. » L'autre, lui,
n'attend jamais. Parfois, je veux jouer à celui qui n'attend pas;
j'essaye de m'occuper ailleurs, d'arriver en retard; mais, à ce jeu,
je perds toujours : quoi que je fasse, je me retrouve désoeuvré,
exact, voire en avance. L'identité fatale de l'amoureux n'est rien
d'autre que : je suis celui qui attend.

(...)
6. Un mandarin était amoureux d'une courtisane. « Je serai à vous,
dit-elle, lorsque vous aurez passé cent nuits à m'attendre assis
sur un tabouret, dans mon jardin, sous ma fenêtre. » Mais, à la
quatre-vingt-dix-neuvième nuit, le mandarin se leva, prit son
tabouret sous son bras et s'en alla.



Roland BARTHES
Fragments d’un discours amoureux.

Menstruation and the Origins Of Culture



By 40,000 years ago, the effects of a symbolic explosion - an efflorescence of human art, song, dance and ritual - were rippling across the globe. The bearers of symbolic culture were recent immigrants from Africa, dispersing so rapidly to encompass the globe that the process has become known as 'the human revolution'. Enough data and sophisticated neo-Darwinian theory now exists to begin to explain this most momentous revolution in history.

Simplistic, sexist stereotypes on the model of 'Man the Hunter' or 'Man the Toolmaker' contravene Darwinian theory. Females are not appendages; they pursue their own independent reproductive strategies, which typically diverge from those of males.

Primate societies are systems of alliances through which individuals pursue their fitness interests. Group-living places a premium on social intelligence, setting up selection pressures for large brains. But among primates, this process is constrained by the very high thermoregulatory, metabolic and obstetric costs of such brains. The exponential increase in brain size characterising the evolution of Homo sapiens indicates that, in some radical way, these constraints were overcome.

The costs of brain growth fall over-whelmingly on the female. In the human case, not only did mothers have to secure more and better quality food, they had to accomplish it whilst weighed down by heavily dependent infants. The problem is: how did they cope?

We now know the basic answer. Evolving women succeeded in gaining unprecedented levels of energetic investment from their mates. Success went to mothers who could reward more attentive, heavily investing partners at the expense of would-be philanderers.

A philandering male maximises his reproductive fitness by fertilising as many females as possible. He achieves this by reducing the time spent searching for each fertilisable female, and the time spent with her to ensure impregnation. The human female appears well-designed by evolution to waste the time of any philanderer by witholcling information about her true fertility state. Concealment of ovulation and loss of oestrus with continuous receptivity deprives the male of information on whether his mate is likely to have been impregnated. The longer a male takes to impregnate anyone female, the smaller his chances of being able to fertilise another.

A further means of thwarting philanderers is reproductive cycle synchrony. If females synchronise their fertile moments, no single male can cope with guarding and impregnating a whole group. He must concentrate on one at a time. The effect is to maximise the number of males in the breeding system, and hence the amount of male investment available.

Ovulatory synchrony in local populations drives the ratio of sexually active males to females in groups towards one-to-one. Sustained male/female bonds on this basis mean greater paternity confidence, hence greater inclination on the part of males to invest in offspring. The evolutionary effect is to discriminate against philanderers in favour of more committed males.

Once ovulation was concealed and oestrus lost in the human lineage, menstruation acquired new significance as a cue. This, however, threatened the stability of the female strategy of withholding information from philanderers. Menstruation in the human case is particularly profuse. It is not something a female can easily hide. In fact it is a complete give-away. It signals a female's imminent fertility - and hence by contrast the infertility of neighbouring females who, whilst pregnant and nursing, are not displaying such blood. Males would have been drawn towards any such
fertile female within the local area, competing to bond with her at the expense of pregnant or nursing females. Mothers with heavy childcare burdens, lacking the menstrual signal, would then have lost out just when they most needed help.

Cosmetics, according to recent research, were the answer. If there is a menstruating female in the neighbourhood, why not join her? Why not appear to be as fertile, painting up with blood-red colours? Ethnographic and historical records show how hunter-gathere"r women across southern Africa prevented any young menstruant in their midst from being perceived as an isolable individual. Conjoining with her in a ritual dance, they used red ochre body-paint not only to signal menstruation and fertility, but simultaneously to indicate inviolability or taboo, their basic message being: 'No meat, no sex!'. We know that in Africa, anatomically modern humans
were intensively mining, preparing and liberally applying red ochre bodypaint
110,000 years ago.

Human symbolic culture emerged out of struggle. Its rituals and myths were expressions of 'counterdominance' - signals for thwarting exploitation by males. The signallers were females, allied with their male kin; their targets were their mates." Culture, in short, was a female invention for the provisioning of babies. Through it, womankind resisted and brought to an end the male's time-honoured biological status as the leisured sex.

C. Knight Blood Relations. Menstruation and the origins of culture.