viernes, 25 de febrero de 2011

Manger les pieds, manger les seins




"L'intérêt porté sur les pieds en tant que substitut de l'organe masculin a réveillé également sa conscience féminine. Le moi prend une attitude passive féminine vis-à-vis du sur- moi et de même qu'il exerce une action sadique contre la verge
qu'il anesthésie, il exerce une action sadique sur les zones féminines érotisées, Lorsque son moi s'identifie avec sa partie féminine , il devient masochiste, « Le contact du pied avec quelque chose 'de rugueux ou de poussiéreux m'excite toujours », Il aime l'idée des cailloux ou des morceaux de bois qui entrent dans la plante du pied nu. a Les pieds sont comme des femmes qu'il faut traîner dans la boue ». Un autre jour il dit : « Je vois souvent des femmes nues, exhibées attachées ; leur souffrance est plus morale que physique. L'excitation provient alors de l'idée de violer leur pudeur. Le besoin de réagir contre la pudeur des sexes m'oblige à aimer l'exhibition de la femme ».

Il semble que Robert éprouve de la jouissance à être féminisé. De même que l`éjaculation se produit quand il a désinvesti ses organes génitaux de toute libido pour en investir au contraire le reste de son corps, de même l'idée de privation est
essentielle dans le fétichisme de ses pieds, pour qu'il puisse arriver à une jouissance.

« Pour que la privation m'excite, dît-il, il faut, qu'elle soit constante, naturelle et partielle. Les femmes nues hindoues ne m'impressionnent pas. Elles sont trop nues, il n'y a pas privation d'une partie spéciale. Mes sœurs, au contraire,
étaient privées de façon permanente (d'un pénis). Les pieds nus : des gravures du xviri* siècle m'impressionnent parce qu'il y a privation constante et partielle. C'est l'idée de cette privation qui me fait jouir ». Un autre jour, il dit : « J'ai aussi eu l'idée que le membre viril était de trop, qu'il serait plus commode de ne pas avoir de sexualité* J'ai vu un prêtre hindou qui s'était châtré », Ou une autre fois : « J'ai considéré que l`idéal était de ne pas avoir d'organes génitaux, alors ils ont repoussé partout. Le transfert sur les pieds s'est fait parce que j'espérais devenir comme mes sœurs », « .«.Mes organes me paraissent surajoutés, colles après coup », « >,,Ma verge éveille toujours une idée féminine* Quand je pense à ma verge, je me dis toujours « ça » ou « elle », Mes pieds et ma tête sont féminins, ma jambe est quelque chose de masculin ».

L'idée de l`identification avec la femme devient encore plus explicite dans cette association : « L'homme nus -pieds ne m'excite que rarement parce qu'il est fort et qu'il peut repousser les cailloux ». Il ne faut pas oublier que dans le monstre
il y a une équivalence entre les pieds et les seins et qu'une partie du sadisme dirigé contre les pieds est aussi dirigée contre les seins. Parfois Robert a des envies de faire mal aux seins de sa femme, de les mordre ou des les arracher. Il a
aussi le désir de voir les seins nus des femmes, mais leur vue l'excite moins que celle des pieds. Même pour la plante du pied se manifeste l'ambivalence- hermaphrodite.

« Enfant, dit-il, j'avais cette idée que l'homme avait trois jambes tandis que la femme n'en avait que deux. Il se pourrait bien que j'aie identifié la jambe au pénis et la plante du pied au gland, La plante du pied est la seule partie cachée
chez certains nègres »...

De même, il dira une autre fois : « Le gland _ éveille chez moi quelque chose de féminin- Ça a la forme d'un petit pain fendu en deux. C'est comme les grandes lèvres d'une petite fille. Souvenir infantile de mes sœurs ».

Par cette analogie de la plante du pied et du gland, nous entrons plus avant dans l'idée de masturbation.

" Je me demande, dit-il si les idées de masturbation ne sont pas chez moi des formes de castration. Il y a l'idée d'user la verge, de la broyer jusqu'à ce qu'elle disparaisse et ces mêmes idées je les ai pour mes pieds. Mettre la verge entre
les orteils est peut-être un transfert pour la mettre entre les doigts, ce qui était défendu. C'est une masturbation refoulée et déplacée ».

« Quand je suis pieds nus, je cherche un équilibre entre un terrain dur et un terrain mou, entre l'usure et l'endurcissement, entre la masturbation et la castration. »

Les pulsions sadiques dirigées contre le pied nous apportent aussi un reflet de la phase anale. Le pied est non seulement un déplacement du pénis , mais encore de la colonne fécale. « J'ai essayé de me meurtrir les pieds," de les fustiger
avec des baguettes. À ce moment je considérais que le pied ne m appartenait plus. Mais ce qui me 'frappe, c'est, que le pied lui-même ne m'excite pas tant, ce sont plutôt les circonstances qui amènent l'excitation -Les pieds ne m'intéressent que parce qu'ils sortent de quelque chose, d'une marge, d'une limite* Ça fait penser à l'avarice, ce qui est au-delà de la limite ne m'appartient plus ». « La limite de la jupe, c'est la limite de castration. L'acte de châtrer est sadique ; il doit se faire au-delà d'une certaine limite. Les pieds nus sortant d'un pantalon ne m'impressionnent guère. La jupe qui marque les jambes et qui a l'air de les relier l'une à l'autre a dû jouer un rôle énorme, elle a l'air de quelque chose de simple, quand on l'enlève on est en face d'une dualité. Et puis la fente remonte plus haut qu'on ne croit ».

« J'ai eu le fantasme de manger les pieds, manger les seins> Longtemps j'ai cru que le sein représentait l'organe féminin. Je Sens que tout ce sadisme est primitivement dirigé contre ma mère. J'avais vu ses jambes et sa poitrine mais je n'avais
pas vu la ceinture. J'étais eu colère contre les parties que' je voyais, que j'aurais voulu détruire pour voir le reste ».

Cette tendance à investir d'une libido sadique anale tous les symboles génitaux, semble s'être développée vers 6 ans, Tandis qu'à 13 ans Robert réprimait tant qu'il pouvait sa sexualité et qu'il était devenu très pudibond, à 16 ans il devient grossier et prend plaisir à dire et faire toutes sortes de saletés. Il lit les ouvrages de Rabelais, essaie de dégoûter ; les gens qui mangent, devient colérique et agressif. Il s'intéresse à ses défécations. Vers 18 ans, la sphère anale ayant
été par trop érotisée, il va lutter contre elle et en employant les mêmes procédés que dans sa lutte contre l'onanisme. Au lieu de déféquer en se penchant en avant, il se penche en arrière et se raidit tant qu'il peut.

«Quand il y a un morceau de matière qui sort de l'anus, il y "a une raison de tendre sa musculature. C'est un peu cela qui se passe avec la marge de perversion ».

Déjà dans l'enfance il s'est établi un rapport entre le pied et les fantaisies anales ;

« Quand j'avais huit ans, j'ai passé huit jours dans un pensionnat de jeunes filles. Biles se baignaient souvent et j'avais vu que chez quelques-unes la plante des pieds était jaunie. Ça m'avait un peu dégoûté. J'avais rapproché cela de la mort, de la mortification. Cette mortification est liée à l`onanisme, elle n'est pas seulement une idée péjorative, elle est liée à l'ascétisme », ,

De toutes ces associations nous pouvons tirer quelques conclusions importantes. Tout d'abord, nous trouvons ici une confirmation éclatante de la théorie de Freud que le fétiche -est un reste de l'idée infantile que la mère possède aussi un
pénis (voir Freud : Fétichisme).

Dans le traumatisme initial, Robert n`a pas pu voir le pénis /de sa mère, mais nous avons déjà dit qu*il est probable qu'il a vu sa jambe et celle-ci a été homologuée au pénis supposé. De même plus tard, lorsqu'il vit sa mère nue jusqu'à la cein-
ture, faire sa toilette devant lui, il a pris les seins pour l'équivalent du membre viril.

L`idée que le père dans l'acte châtrait la mère a éveillé chez Robert le désir de détruire la jambe ou le sein qui dépassait le jupon ou la taille. D'où ce sadisme précoce qui ensuite s`est retourné contre son fétiche. Enfin dans de multiples
fantaisies que nous n'avons pas toutes citées et sur lesquelles nous reviendrons plus loin, Robert veut manger son fétiche pour pouvoir le détruire. Nous voyons par différentes associations précédentes la castration opérée de façon anale et le
plaisir sadique à anéantir le substitut du pénis supposé de sa mère.

Réduire l'organe de la mère (auquel s'est probablement associée l'idée de l'organe du père) à des matières fécales, à un membre mort, voilà le désir de Robert , mais ce vœu sadique ne peut s'accomplir sans la punition du surmoi qui impose une attitude de tension à la défécation et une autocastration. Les sentiments de culpabilité associés à cette fantaisie provoquent également une constipation chronique avec céphalée..."

Fragments d`analyse d`un pervers sexuel
REVUE FRANÇAISE DE PSYCHANALYSE 1929

miércoles, 23 de febrero de 2011

L`éléphant de Henri IV



Henri IV croyait être le premier roi de France qui eût possédé un éléphant. Il n'avait point entendu parler de l'éléphant que le calife Haroûn ar-Rachîd envoya à Charlemagne en 802 et dont les annalistes contemporains ont soigneusement enregistré le nom, Abulabaz, et dont ils ont mentionné la mort comme un des événe-
ments importants de l'année 81 01. Il ignorait aussi que saint Louis avait offert un éléphant a Henri III, roi d'Angleterre, vers l'année 1255, c'est-à-dire immédiatement après le retour de la croisade. Mathieu de Paris, qui n'a point négligé d'enregistrer le fait dans sa Grande chronique, ajoute cette observation : « Nous ne croyons pas qu'on eût jamais vu d'éléphant en Angleterre, ni même en deçà des Alpes. Aussi les populations se pressaient-elles pour jouir d'un spectacle aussi nouveau. »

Sous le règne de Louis XIII, l'arrivée d'un éléphant en France était encore considérée comme un notable incident. Il en vint un à Paris dans le cours de l'année 1626. Peiresc, alors fixé dans la ville d'Aix, regretta vivement de ne pouvoir pas l'examiner. Le bruit de la mort de cet animal, qui s'était répandu pendant le mois de décembre, ne tarda pas à être démenti. Peiresc ne fut pas le dernier à se réjouir de cette bonne nouvelle. Il aurait voulu qu'on profitât de l'occasion pour peindre la bête, pour en étudier le naturel et surtout pour en faire l'anatomie, s'il venait à mourir en France. Il écrit à Dupuy, le 4 janvier 1627, pour lui dire qu'il avait « esté bien aise d'entendre que l'éléphant n'estoit pas « mort. Mais, ajoute-t-il, je le serois dadvantage si j'apprenois « que quelque brave peinctre entreprinst de le bien desseigner, et « que quelque grand naturaliste entreprinst de le voir et observer « souvent, et d'en descrire exactement le naturel, et surtout de « sçavoir s'il se vérifie qu'il entende si facilement comme on diet « le jargon de son interprète. M. Tavernier ledebvroit faire tail- « 1er en belle taille doulce, non seulement tout entier, mais les « principaulx membres à part, et, s'il se laissoit mourir, il méri- « teroit bien de passer par l'anatomie de quelques galants hommes « et bien curieux. »

Peiresc revient sur ce sujet dans une lettre du mois de février 1627, où il parle des études à faire pour contrôler les observations consignées dans le traité de Pierre Gilles, intitulé : Elephanti descriptio, et pour vérifier l'exactitude des peintures antiques sur lesquelles se voyaient des représentations d'éléphants.

J'ay escript à Lyon pour voir si cette édition ďElian s'y trouveroit, où est le traicté de l'éléphant de Gillius, que je n'ay poinct veu.. .

Si M. Rubens a trouvé à redire à la grandeur des oreilles dans les peintures ordinaires, ce ne sera pas sans en avoir luy-mesmes faict un dessein mieux proportionné pour ce regard. Je vouldrois bien que vous eussiez veu les portraicts qui ont esté tirez des peinctures antiques de Rome où sont représentez divers animaulx estranges, et entr'autres des éléphants, qui semblent avoir les oreilles beaucoup plus petites que ceux que Ton peinct aujourd'hui, que j'estime avoir esté fort exactement desseignez sur les animaulx mesmes en leur temps, et sont tirez de certaines grottes de bains qui estoient prez du Vivarium de Rome, où se gardoient toutes les bestes sauvages plus estranges. Ces peintures furent descouvertes l'an 4547 et imprimées en taille doulce, en trois grandes planches, qui se trouvent dans les recueils de ces grandes images des Antiquitez de Rome... Et serois bien aisé que, aprez avoir veu ces images, vous eussiez reveu l'éléphant vivant, pour voir si vous y trouveriez des actions et postures qui reviennent à celles des dictes peintures, et specialment pour l'es- lévement ou arrection des oreilles ou rabbaissement d'icelles et maniement des jambes...

Quelque temps après, en 1631, le même éléphant revint en France. Il était à peine débarqué à Toulon que Peiresc décida le maître de l'animal à lui faire une visite dont il profita pour examiner l'éléphant avec tout le soin et l'intérêt qu'on pouvait attendre d'un naturaliste aussi curieux et aussi perspicace.

Gassendi3 nous a conservé le souvenir des attentions dont l'éléphant fut l'objet pendant les journées qu'il passa à Belgencier. Nous possédons en outre la lettre adressée à Dupuy, dans laquelle Peiresc lui-même rend compte d'une partie des observations qu'il fit durant la trop courte visite de cet hôte extraordinaire. Il en examina particulièrement la mâchoire, ce qui l'amena à reconnaître la véritable origine ď une dent qui lui avait été envoyée d'Afrique et qu'on disait avoir été trouvée dans la sépulture du prétendu géant Theutobochus, aux environs de Tunis ou d'Utique.

Je ne sçay si je ne vous ay poinct mandé que j'eus la curiosité de voir cet éléphant que vous avez veu là (à Paris), quelques années y a, lequel on ramenoit d'Italie. Il vint passer par icy, où il fut troys jours, durant lesquels je consideray bien à mon aise et avec grand plaisir, ne rayant pas laissé eschapper de mes mains ou despaïser que je ne Гауе faict peser contre quelques six vingt boullets de canon. Il me cognoissoit desjà quasi comme son gouverneur, et je me lais- say porter jusques à ce poinct de curiosité, ou pour mieux dire de follie, que de luy mettre ma main dans la bouche et de luy manyer et empoigner une de ses dents maxillaires, pour en mieux reco- gnoistre la forme, et ne les ayant pas assez bien peu voir sans les toucher, à cause qu'en ouvrant la gueulle il les entrecouvroit avec sa langue. Or, ce fut pour vérifier, comme je fis, qu'elles estoient entièrement semblables de figure, bien que de moindre grandeur, avec la dent du prétendu géant de la coste de Thunis ou Utica...

Voilà une curieuse observation d'anatomie comparée, qui fait honneur à Peiresc et qui montre comment, au commencement du xviie siècle, des hommes éclairés savaient faire profiter la science des exhibitions d'animaux rares amenés en France par des bateleurs.

L. Delisle.

lunes, 21 de febrero de 2011

El Cipote de Archidona







La insólita y gloriosa hazaña del cipote de Archidona

de la correspondencia entre Camilo J. Cela y Antonio Canales



CARTA DE ALFONSO CANALES
(3/2/1972)
Querido Camilo José:
Con mucho gusto te relataré el incidente a que te
refieres en tu carta.
La cosa ha acaecido en Archidona, muy cerca de
donde se halla la célebre Peña de los Enamorados. Una
pareja -no consta que fueran novios formales- se
encontraba en el cine, deleitándose con la contemplación de
un filme musical. La música o las imágenes debían ser un
tanto excitantes, porque a ella, según tiene declarado, le dio
-no sabe cómo- el volunto de asirle a él la parte más
sensible de su físico. El cateto debía ser consentidor, pues
nada opuso a los vehementes deseos de su prójima. Dejóla
hacer complacido, sin previsión de las consecuencias que
habría de tener su regalada conducta.
Según parece, el manipulado, hombre robusto por
demás, era tan virgen como López Rodó o, al menos,
llevaba mucho tiempo domeñando sus instintos. El caso es
que, en arribando al trance de la meneanza, vomitó por
aquel caño tal cantidad de su hombría, y con tanta fuerza
que más parecía botella de champán, si no geiser de
Islandia.
Los espectadores de la fila trasera, y aun de la más
posterior, viéronse sorprendidos con una lluvia jupiterina, no
precisamente de oro. Aquel maná caía en pautados
chaparrones, sin que pareciera que fuese a escampar nunca.
Alguien llamó airadamente, identificando el producto e
increpando con soeces epítetos al que lo producía en
cantidades tan industriales.
Se hizo la luz. El cateto pensó que la tierra, en eso de
tragarse a los humanos, obra con una censurable falta de
oportunidad. Doblemente corrido, trataba en vano de
retornar a su nido la implacable regadera. Su colaboradora
ponía cara de santa Teresita de Lisieux, aunque con más
arrebol en las mejillas. Ambos fueron detenidos y
conducidos a la presencia judicial, lo que ocasionó que se
incoara el oportuno sumario por escándalo público, a falta
de otra tipificación más especificadora.
El juez hizo el ofrecimiento de acciones a los poluídos,
quienes no sólo quedaron enterados, sino que presentaron
justificantes de los daños y perjuicios. Un prestigioso
industrial incorporó a los autos la factura del sastre que
había confeccionado su terno, que devino inservible. Y una
señora, de lo más granado de la sociedad archidonense,
presentó la cuenta de la peluquería donde, al siguiente día,
hubo de hacerse lavar el cabello (el Fiscal no acaba de
explicarse cómo pudo pasar la noche sin un lavado casero
de urgencia).
Como primera providencia, puesto que así lo imponen
las reglas de la moral, los intérpretes del raro suceso han
contraído honesto matrimonio. ¡Gran equivocación!
Imagínate lo que hubieran podido prosperar, en cualquier
parte del mundo, tanto el prepotente poseedor de la
manguera como su eficaz partenaire.
La causa está ahora en trámite de calificación. Cuando
se dicte la sentencia, te proporcionaré una copia. Será un
documento acreditativo de las reservas, no meramente
espirituales, de nuestra recia estirpe.
Un fuerte abrazo



CARTA DE CAMILO J. CELA
(7/2/1972)
Querido Alfonso:
¡Bendito sea Dios Todopoderoso, que nos permite la
contemporaneidad con estos cipotes preconciliares y sus
riadas y aun cataratas fluyentes! Amén. ¡Viva España! ¡Cuán
grandes son los países en los que los carajos son procesados
por causa de siniestro! El suceso muy bien podría originar la
aparición de una frase adverbial aún no nacida -"como el
cipote de Archidona"- señaladora de óptima calidad y
desaforada cantidad. Te ruego que transmitas a la Excma.
Diputación Provincial de Málaga mi propuesta de que le sea
atribuído un homenaje de ámbito nacional al dueño de la
herramienta, honra y prez de la patria y espejo de patriotas.
Podría levantarse en su honor un monolito granítico con una
farola en la punta del haba -el falofaro de Archidona- visible
desde las costas de Africa; podrían editarse tarjetas postales
y fabricarse cipotillos de solapa; podría incluirse la
contemplación de tanta gloriosa prepotencia en el programa
de los cursos de verano para extranjeros.
¿Os dais cuenta los malagueños, mi querido Alfonso, de
lo didáctico que resultaría? ¡A qué lindes insospechadas de
progreso nos ha llevado el III Plan de Desarrollo y la sabia
política de nuestros beneméritos tecnócratas, a quienes Dios
guarde para mejor lección de todos! Entre nuestro común
amigo don Lupercio Leonardo de Argensola y yo hemos
compuesto, en loor del pijo histórico, el poema que paso a
copiarte:

SONETO
Claro cipote, cuya frente altiva
cubre de nubes tan tupido velo
que nos hace creer que en ella el cielo
y en sus cojones su razón estriba.
En ti mostró su boca vengativa
el gran león, forzado de su celo,
y en ti de voluntad empieza el vuelo
del goterón de leche en lavativa.
Hoy proclama la gloria de Archidona
que anegas con tus huevos a su gente
por tu fluidora pija perseguida.
Hoy el mundo en tu justo honor pregona
que salvo incordio, chancro o accidente,
no hay pija cual tu pija en esta vida.

Un abrazo de tu emocionado y viejo amigo


Muy buena reconstitución cinematográfica en
http://www.youtube.com/watch?v=y50ArUyLptg
http://www.youtube.com/watch?v=Bjnl3bTkOwo&NR=1

sábado, 19 de febrero de 2011

L`Empire de la Pétasse


L`EMPIRE DE LA PÉTASSE

Jadis la bourgeoise et la putain se partageaint des rôles bien définis: à l`une le convenable, à l`autre le vulgaire et le voyant. Mais le Second Empire en France véecut sous la hantise d`une confusion des codes, d`une gangrêne progressive du corps social par les bas-fonds: l`idée qu`une grisette puisse ressembler à une honnête bourgeoise terrifiait les consciences. Cette distinction s`est redistribuéee autrement de nos jours: la racoleuse est souvent chic et stricte, la mêre de famille aime s`habiller en traînée. On voit ainsi depuis deux décennies des dames, des jeunes filles déevoiler leur anatomie, rehausser leurs seins et leurs fesses, laisser le string sortir du pantalon, bref se donner des allures de hardeuses avec un naturel désarmant. Transfert de symboles: l`uniforme des professions véenales devient celui de la femme ordinaire. Déguisée en scandaleuse, celle-ci instaure l`hégémonie mondiale de la pétasse avec son corps saucissonné, ses formes soulignées à outrance. Le mot lui-même avec sa finale péjorative (...) tèmoigne de notre ambivalence à l`égard du phénomène: un peu de la réprobation attachée aux prostituées s`est reportée sur leurs parodies mondaines. Il ne signifie pas le sexy mais son exagération, son état hyperbolique.

Il est curieux que les femmes, ayant conquis leur indépendance, se constituent ainsi en objets de convoitise. Pourquoi afficher son patrimoine libidinal en public? Pour échapper à l`anonymat mais surtout pour dire: je suis torride, sur le chapitre des promesses sensuelles, vous ne me prendrez jamais en défaut. La pétasse conjoint les deux modèles de l`adolescente et de l`aguicheuse, jeunesse et expertise. Elle sous-tend dextérité d`alcôve, luxure radieuse. L`internationale des pétasses a d`ailleurs ses icônes: Britney Spears, Paris Hilton, Lady Gaga, Victoria Beckham, chipies dépoitraillées et futiles, porteuses d`une sous-culture de la féminité agressive. Cet affichage excentrique doit se comprendre comme une hésitation sur le genre. Le jeu sur les clichès n`est pas moins prégnant du côté des hommes: Rambo, Terminator et tous les caïds gonflès aux stéroïdes sont les symptômes d`une époque qui ne croit plus dans la virilité et doit surenchérir sur la grosseur du biceps et le volume des pectoraux. De même l`exaltation du machisme primaire dans certains milieux gays, l`obsession des bites dures, énormes, les accoutrements en policiers ou néo-nazis couverts de chaînes, coiffés de képis ont une dimenion parodique. Les grosses brutes bodybuildées, vêtues de pantalons hypermoulants ouverts devant et derrière ne sont pas des SS dèguisès mais des comédiens qui piêgent la virilité dans ses signes mêmes. La pouffiasse, le néo-macho, le travesti, le drag queen, la lesbienne butch fleurissent sur le dérèglement des rôles.

On aurait tort de croire la pétasse tombée dans les fureurs de Messaline. De même que les femmes d`autrefois n`étaient pas si honnêtes qu`elles en avaient l`air, celles d`aujourd`hui, harnachées, ne sont pas si délurées qu`on le croit (...). Le mauvais genre n`est pas toujous synonyme de fille facile. Il s`agit surtout de capter l`attention avec un sens de la mise en scêne, un talent dans l`étalage qui forcent le respect. Explosion mammaire, gonflement des lèvres, rondeurs callipyges, tatouages divers, tenues affriolantes ne proclament qu`une chose: regardez-moi. L`honorable ménagère, contrainte de s`accoutrer en roulure, est le martyr d`une époque qui a érigé le sexe en clef des comportements humains. (...) La péetasse toutefois est trop vraie pour être crèdible. Sa provocation ressembel à un pied de nez aux stéréotypes de la femme-objet qu`elle reconduit et désamorce en même temps. Elle fait de son corps le théâtre où les poncifs fleurissenet et dépérissent, superpose les masques pour n`être prisonnier d`aucun. L`indécent n`est pas moins énigmatique que le bon genre. La nouvelle femme est peut-être l`addition de toutes les figures apparues au cours de l`Histoire: beauté vénéneuse et vierge froide, vamp perverse et mère aimante, midinette et meneuse d`hommes, dépravation et tendresse mêlées de la même facon que les nouvelles masculinités additionnent tous les visages de la virilité plus qu`ils ne les périment.

Sous le string de la pétasse, il y a toujours un coeur qui bat.

Pascal Bruckner

Hiérarchie des cocus




LES COCUS D’ORDRE SIMPLE

1. – LE COCU EN HERBE 1
Cocu en herbe est celui dont la femme a eu des intrigues amoureuses avant le sacrement et n'apporte pas à l'époux sa virginité.
Nota. Ne sont pas réputés cocus en herbe ceux qui ont connaissance des amours antérieurs et trouvent malgré cela leur convenance à épouser ; ainsi ce-lui qui s'allie à une veuve n'est pas cocu en herbe 2, non plus que celui qui connaît les galanteries antérieures de sa femme et s'en accommode.

2. – LE COCU PRÉSOMPTIF
Cocu présomptif est celui qui longtemps avant le mariage redoute le sort commun, se met, l'esprit à la torture pour y échapper et souffre le mal avant de l'éprouver 3 réellement. Chacun entrevoit que ses défiances ne serviront qu'à l'égarer dans le choix d'une épouse et accélérer par excès de précautions l'évé-nement qu'il redoute. Scarron a peint ce cocu dans une de ses nouvelles.

3. – LE COCU IMAGINAIRE
Cocu imaginaire est celui qui n'est pas encore cocu et se désole en croyant l'être. Celui-là, comme le présomptif, souffre du mal imaginaire avant le mal réel. Molière l'a peint dans une de ses pièces.

4. – LE COCU MARTIAL OU FANFARON
Cocu martial ou fanfaron est celui qui par d'effrayantes menaces contre les galants croit s'être mis à l'abri de leurs entreprises et porte néanmoins la coëf-fure, tout en se flattant d'y échapper par la terreur qu'il répand ostensiblement 1. Il est pour l'ordinaire cocufié par un de ceux qui applaudissent à ses rodomon-tades et lui assurent qu'il est le seul qui sache veiller sur son ménage.

5. – LE COCU ARGUS OU CAUTELEUX
Cocu argus ou cauteleux est un fin matois qui, connaissant toutes les ruses d'amour et flairant de loin les galants, fait de savantes dispositions pour les mettre en défaut 2. Il remporte sur eux des avantages signalés, mais, comme le plus habile général éprouve à la fin 3 des revers, celui-ci est à la fin soumis à la commune destinée. Au moins, s’il est cocu, il ne l'est guère.

6. – LE COCU GOGUENARD
Cocu goguenard est celui qui plaisante sur les confrères et les donne pour des imbéciles qui méritent bien ce qui leur arrive 4. Ceux qui l'entendent se regar-dent en souriant et lui appliquent tacitement le verset 5 de l'Évangile : tu vois une paille dans l'oeil du voisin, tu ne vois pas une poutre dans le tien.

7. – LE COCU PUR ET SIMPLE
Cocu pur et simple est un jaloux honorable qui ignore sa disgrâce et ne prête point à la plaisanterie par des jactances ni par des mesures maladroites contre l'épouse et les poursuivants 6. C'est de toutes les espèces de cocus la plus loua-ble.


8. – LE COCU FATALISTE OU RÉSIGNÉ
Cocu fataliste ou résigné est celui qui, dépourvu de moyens personnels pour fixer son épouse, se résigne à ce qu'il plaira à Dieu d'ordonner et 1 se retranche sur la Justice et le devoir, en observant que sa femme serait bien coupable si elle le trompait ; c'est à quoi elle ne manque pas.

9. – LE COCU CONDAMNÉ OU DÉSIGNÉ
Cocu condamné ou désigné est celui qui, affligé de difformités ou infirmités, se hasarde à prendre une belle femme. Le public, choqué d'un tel contraste, le condamne d'une voix unanime à porter la coëffure 2, et l'arrêt du public n'est que trop bien exécuté.

10. – LE COCU IRRÉPROCHABLE OU VICTIMÉ
Cocu irréprochable ou victimé est celui qui, joignant les prévenances aux avantages physiques et moraux 3, et méritant sous tous les rapports une épouse honnête, est pourtant trompé par une coquette et emporte les suffrages du pu-blic qui le déclare digne d'un meilleur sort.

11. – LE COCU DE PRESCRIPTION
Cocu de prescription est celui qui fait des absences, de longs voyages pendant lesquels la nature parle aux sens d'une épouse qui, après une défense suffisante, est enfin forcée, par la longue durée des privations, à accepter les secours d'un charitable voisin.

12. – LE COCU ABSORBÉ
Cocu absorbé est celui que le torrent des affaires éloigne sans cesse de l'épouse à qui il ne peut donner aucun soin : il est forcé de fermer les yeux sur ceux que rend un discret ami de la maison.


13. – LE COCU DE SANTÉ
Cocu de santé est celui qui, par ordonnance de la faculté, s'abstient de l'oeuvre de chair. Sa femme ne peut moins faire que de recourir à des suppléants, sans que l'époux ait le droit de s'en offenser.

14. – LE COCU RÉGÉNÉRATEUR
OU CONSERVATEUR
Cocu régénérateur 1 ou conservateur est celui qui prend en mains les intérêts de la communauté, surveille 2 les ménages des confrères et les avertit des dan-gers que leur honneur peut courir. Entre-temps, il ne voit pas ce qui se passe dans son ménage et ferait mieux de faire sentinelle pour son propre compte et prendre garde à ce qui pousse sur son front.

15. – LE COCU PROPAGANDISTE
Cocu propagandiste est celui qui va chantant les douceurs du ménage, ex-citant chacun à prendre femme et gémissant sur le malheur de ceux qui diffè-rent à jouir comme lui... et de quoi ? Du cocuage 3. À qui conte-t-il ses apolo-gies du mariage ? C'est le plus souvent à celui qui lui en fait porter.

16. – LE COCU SYMPATHIQUE
Cocu sympathique est celui qui s'attache aux amants de sa femme, en fait ses amis intimes. On en voit qui, lorsque la dame est de mauvaise humeur et brouillée 4 avec son amant, vont le trouver et lui dire : « On ne vous voit plus, nous sommes tout tristes. Je ne sais ce qu'a notre femme. Venez donc un peu nous voir, cela la dissipera ».

17. – LE COCU TOLÉRANT OU DÉBONNAIRE
Cocu tolérant ou débonnaire est celui 1 qui, voyant un amant installé chez lui, se comporte en galant homme qui veut 2 faire les honneurs de sa maison 3, se borne avec la dame à des remontrances secrètes et traite l'amant comme les autres 4, avec cette parfaite égalité que recommande la philosophie 5.

18. – LE COCU RÉCIPROQUE
Cocu réciproque est celui qui rend la pareille et qui ferme les yeux, parce qu'il se dédommage sur la femme ou parente de celui qui lui en fait porter. C'est un prêté rendu : on se tait en pareil cas.

19. – LE COCU AUXILIAIRE OU COADJUTEUR
Cocu auxiliaire ou coadjuteur est celui qui paraît peu dans le ménage et ne s'y montre que pour 6 répandre la joie, reprocher aux amoureux transis de sa femme qu'ils ne rient pas, qu'ils ne boivent pas 7, les excite sans s'en douter à oublier leurs disputes et vivre en bons républicains entre qui tout est commun. Celui-là aide le commerce ; les cornes sont des 8 roses pour lui 9.

20. – LE COCU ACCÉLÉRANT OU PRÉCIPITANT
Cocu accélérant ou précipitant est celui qui travaille à devancer l'époque, s'empresse de produire sa jeune femme, l'abonner au spectacle et l'encourager à choyer les amis et vivre avec les vivants. Celui-là est comparable aux balles qu'on remet au roulage accéléré et qui arrivent plus tôt au but 10.

21 1 - LE COCU TRAITABLE OU BÉNIN
Cocu traitable ou bénin 2 est celui qui entend raison et à qui les poursuivants font comprendre qu'un mari doit faire quelques sacrifices pour avoir la paix du ménage et permettre à madame des délassements sans conséquence pour une femme qui a des principes 3. On lui persuade que les principes doivent garantir de toute séduction et il se laisse [convaincre 4].

22. – LE COCU OPTIMISTE OU BON VIVANT
Cocu optimiste 5 ou bon vivant est celui qui voit tout en beau, s'amuse des in-trigues de sa femme, boit à la santé des cocus et trouve à s'égayer là où d'autres s'arrachent 6 des poignées de cheveux : n'est-il pas le plus sage ?

23. – LE COCU CONVERTI OU RAVISÉ
Cocu converti ou ravisé est celui qui d'abord a fait vacarme et s'est habitué avec peine à la coëffure, mais qui est revenu à la raison et finit par plaisanter de la chose et se consoler avec les autres.

24. – LE COCU FÉDÉRAL OU COALISÉ
Cocu fédéral ou coalisé 7 est celui qui, voyant l'affaire inévitable, veut bien admettre un amant 8, mais de son choix ; puis on les voit coalisés, comme Pitt et Cobourg, pour cerner la femme et écarter de concert les poursuivants.

25. – LE COCU TRANSCENDANT
OU DE HAUTE VOLÉE
Cocu transcendant ou de haute volée est le plus habile homme de toute la confrérie : aussi est-il placé au centre. C'est celui qui, épousant une très belle femme, la produit avec éclat, mais sans la prodiguer, et qui, lorsqu'elle a excité la convoitise générale, la cède pour un coup de haute fortune, comme une grande place, une forte commandite, après quoi il peut faire trophée du co-cuage et dire : Ne l'est pas qui veut à ce prix là 1. Soyez-le comme moi et vous ferez les bons plaisants.

26. – LE COCU GRANDIOSE OU IMPASSIBLE
Cocu grandiose ou impassible 2 est celui qui 3 ne s'affecte ni ne plaisante du cocuage qu'il entrevoit, et conserve un calme parfait 4, sans descendre à aucune démarche qui prête au ridicule. Tels sont dans la classe opulente la plupart des époux mariés par 5 intérêt.

27. – LE COCU DÉSERTEUR OU SCISSIONNAIRE
Cocu déserteur ou scissionnaire est celui qui, ennuyé des amours du ménage, s'affiche pour renoncer à sa femme et dit, lorsqu'il voit un amant : « Quand il en aura autant joui que moi 6 il en sera bien las ».

28. – LE COCU DE L'ÉTRIER OU PRÊTE-NOM
Cocu de l'étrier ou prête-nom 1 est un homme de paille à qui l'on donne de l'avancement sous condition d'épouser la maîtresse d'un homme en place et adopter l'enfant. Un tel cocu épouse souvent la vache et le veau ; ses cornes lui mettent le pied à l'étrier, puisqu'elles lui valent un emploi, un avancement quelconque, etc ... 2

29. – LE COCU POUPONNÉ OU COMPENSÉ
Cocu pouponné ou compensé est celui qui se doute de quelque chose, mais qui est si bien caressé, choyé et bichonné par sa femme, que ses soupçons comme ses reproches expirent dès qu'elle lui passe la main sous le menton.

30. – LE COCU ENSORCELÉ OU À CATARACTE
Cocu ensorcelé ou à cataracte 3 est celui qu'une femme sait fasciner et en-dormir au point de lui faire croire les choses les plus absurdes ; il est le seul à ignorer maintes fredaines qui sont la fable du public et il verrait la belle en fla-grant délit qu'il n'en croirait pas ses propres yeux. Elle lui persuade que les bruits de sa galanterie sont répandus par des soupirants éconduits 4 ; il rit avec elle de leur prétendue disgrâce 5 et elle rit bien mieux avec eux de la crédulité du bonhomme.

31. – LE COCU GLANEUR OU BANAL
Cocu glaneur ou banal 6 est celui qui vient humblement prendre part au gâ-teau et courtise chaudement sa chère moitié pour obtenir d'elle ce qu'elle ac-corde à tant d'autres, après qui il vient modestement glaner...

Charles FOURIER

viernes, 18 de febrero de 2011

Les Foetus



LES FŒTUS


Fœtus que Mac-Nab a chantés,

Fœtus que j'ai tant tripotés

En ma carrière obstétricate,

Par un réflexe compliqué

Que Nancy n'a pas expliqué

Vous titillez ma cérébrale.

Substance. Né sait-on de quoi ?

On n'a jamais compris pourquoi

D'abord fluctuant mucilage

C'est de plus en plus consistant,

Et puis çà devient un enfant,

Ce mystérieux personnage.

Au bord de l'Iliaque assis,

Ils rêvent d'un air indécis,

Tandis que leur viande pousse.

Seuls au fond de votre utérus,

Que cogitez-vous, doux fœtus,

Pensifs et vous suçant le pouce ?

Rêvez-vous déjà d'avenir ?

Espérez-vous donc devenir

Géants de lettres ou ministres,

Avocassiers ou médecins,

Maquereaux, peut-être assassins,

Ou, comme nous, de simples cuistres ?

Vous autres, fœtus féminins,

Rêvez-vous, comme les catins,

Toilettes, hôtel, équipage ?

Ou, plus modestes en vos goûts,

Rêvez-vous d'un fidèle époux,

Honnêtes femmes de ménage

Peut-être vous ne pensez rien

Auquel cas vous faites très-bien,

Penser étant une misère

Oh n'allez pas le regretter

Contentez-vous de végéter,

Vous n'aurez jamais mieux à faire

Croyez-moi, dans votre intérêt,

Sous l'enduit gras qui vous revêt,

Dormez sans vous faire de bile.

Vous avez vos doigts à sucer

Laissez-vous mollement bercer

Par l'Eau de l'Amnios tranquille.

Eh sans doute que l'Amnios,

Quelquefois s'agite et vous bat les roupettes

L'océan de la vie, hélas

A de plus terribles fracas

Que ne connaissent pas vos têtes.

Mais je veux être impartial,

Dire sans cérémonial

Que vous n'êtes pas si novices.

Pour moi, qui vous ai vus de près,

J'ai reconnu que vous avez

Avant de naître tous les vices.

Ingrats dès avant le berceau,

Vous turlupinez le boyau

De vos mamans vous ruez, dame

A leur défoncer le bedon

Vous faites des nœuds au cordon

Pour embêter la sage-femme.

On conte même que parfois,

Comme le cor au fond des bois,

Dedans la maternelle panse

(Faut vraiment que vous soyez fous !)

Au grand épatement de tous,

Vous rotez avec véhémence.

On vous a souvent pris, sournois,

A vous balancer les chinois

Bien autre chose on vous vit faire

Voire le plus pendable coup

Que fit Monseigneur Dupanloup

Dedans le ventre de sa mère

Si vous êtes deux enfermés,

Vous vous livrez, sitôt formés,

A de plaisants carambolages,

Sans pudeur, même, dans votre œuf

Vous esquissez soixante-neuf

Oh qu'ils sont loin nos pucelages

Malgré cela, pour en finir,

Il tarde au fœtus de sortir,

Et je doute fort qu'il y perde.

Après tout, nom d'un p'tit bonhomm'

Son odorant meconium

Ne vaut pas mieux que notre merde.



HÉBÉ (11 Décembre 1889)

jueves, 17 de febrero de 2011

Nommé crocodille




L'an 1547 monsieur de La Vernade, chevalier, maistre des requestes du Roy, fit apporter, en ceste ville de Paris , un serpent mort et boully en huylle, nommé crocodille, -qui luy fut donné à Venise, par la Seigneurie de Venise, lorsqu'il alla comme ambassadeur pour le Roy, vers la dicte Seigneurie, incontinant après la conqueste de Milan, et la victoyre qu'il eut contre les Suysses, à la journée de Saincte Croix ; lequel serpent donna, à son retour, à l'église de Sainct«Anthoine, à Paris , et le fit mettre et attacher contre la muraille où il est de présent. Ce serpept avoit été prins dedans le fleuve du Nil, près du Quaire, où il fut trouvé mort...

Journal d`un bourgeois de Paris

martes, 15 de febrero de 2011

Socrate le mort vivant




"J'étais allé, comme tu sais, en Macédoine pour mon commerce : mes affaires m'y ont retenu dix mois, après quoi je revenais la bourse bien garnie. Un peu au-dessus de Larisse, je pris la traverse pour arriver plus vite au spectacle en question; mais voilà que, dans une gorge profonde et écartée, plusieurs bandits, de vrais colosses, se jettent sur moi, et je ne me tire de leurs mains qu'en y laissant tout ce que je possédais. (7) Dans cette extrémité, je vins ici loger chez une hôtesse, nommée Méroé, déjà vieille, mais encore fort engageante, à qui je contai en détail les motifs de mon excursion prolongée, mes alarmes en revenant, et ma catastrophe en plein jour : le tout d'un ton lamentable, et en rassemblant mes souvenirs tant bien que mal. (8) Celle-ci me fit l'accueil le plus gracieux. J'eus gratis un bon souper; puis, dans un accès de tempérament, elle partagea son lit avec moi. (9) Ouf ! une fois que j'eus tâté de sa couche et de ses caresses, impossible de me dépêtrer de cette maudite vieille ! (10) Les pauvres hardes que ces honnêtes voleurs avaient laissées sur mon dos sont devenues sa propriété. Tout y a passé, jusqu'aux minces profits que j'ai pu recueillir en faisant le métier de fripier, tant que j'en ai eu la force. Enfin tu as vu quelle mine je faisais tout à l'heure. Voilà où m'ont réduit ma mauvaise étoile et cette honnête créature.

(I, 8, 1) En vérité, repris-je, tu mérites encore pis, s'il y a pis que ce qui t'arrive. Quel odieux libertinage ! Quitter enfants et pénates, pour courir après une vieille peau de prostituée ! (2) Chut, chut, dit-il, portant précipitamment l'index à sa bouche et promenant ses regards autour de lui, comme pour voir s'il n'y avait pas quelque péril à parler. Il y a quelque chose de plus qu'humain dans cette femme. Retiens ta langue imprudente, ou tu vas t'attirer sur les bras une méchante affaire. (3) Oui-dà, m'écriai-je, c'est donc une puissance que cette reine de cabaret ? (4) C'est une magicienne, dit-il; elle sait tout : elle peut, à son gré, abaisser les cieux, déplacer le globe de la terre, pétrifier les fleuves, liquéfier les montagnes, évoquer les mânes de bas en haut, les dieux de haut en bas, éteindre les astres, illuminer le Tartare. (5) Allons donc, lui dis-je, baisse le rideau, plie-moi tout ce bagage de théâtre, et parle un peu comme tout le monde. (6) Veux-tu, me dit-il, un échantillon ou deux de ce qu'elle sait faire ? En veux-tu davantage ? Te dire qu'elle peut enflammer pour elle, non pas seulement les gens de ce pays, mais les habitants des Indes, mais ceux des deux Éthiopies; bagatelles ! ce sont là jeux de son art. Tiens, écoute ce qu'elle a fait ici même, et devant mille témoins.

(I, 9, 1) Un de ses amants s'était avisé de faire violence à une autre femme. D'un mot elle l'a changé en castor. (2) Cet animal, qui ne supporte pas la captivité, se délivre de la poursuite des chasseurs en se coupant les génitoires : elle voulait qu'il en advînt autant à son infidèle, pour lui apprendre à employer ses forces ailleurs. (3) Elle avait pour voisin un vieux cabaretier qui lui faisait concurrence : Elle l'a transformé en grenouille; et c'est en coassant du fond de son tonneau, où il barbotte dans sa lie, que le pauvre homme appelle aujourd'hui les chalands. (4) Elle a fait un bélier d'un avocat qui avait un jour plaidé contre elle; il n'avocasse plus maintenant que des cornes. (5) Enfin la femme d'un de ses amants laisse un jour échapper contre elle je ne sais quel propos piquant. La malheureuse était enceinte : chez elle soudain les voies de l'enfantement se ferment; son foetus devient stationnaire; et la voilà condamnée au supplice d'une gestation sans terme. (6) Il y a, de compte fait, huit ans qu'elle porte son fardeau; son ventre est tendu comme si elle devait accoucher d'un éléphant.

(I, 10, 1) Mais ce dernier trait et beaucoup d'autres ont fini par attirer sur Méroé l'indignation générale. On convient un beau jour que le lendemain on ira la lapider en masse, pour satisfaire la vindicte publique; (2) mais elle a déjoué le plan par son art. Comme la magicienne de Colchos, à qui un seul jour de répit obtenu de Créon suffit pour réduire en cendres et le palais et la fille et le père, (3) cette autre Médée (c'est elle qui me l'a conté dernièrement, étant dans les vignes) n'eut besoin que d'opérer certaines pratiques sépulcrales autour d'une fosse, et soudain chaque habitant se vit claquemuré dans sa maison par la seule force du charme; et cela, sans qu'il fût possible à personne de forcer une serrure, d'enfoncer une porte, de percer une muraille. Si bien qu'après deux jours de réclusion, (4) c'était à qui proposerait de se rendre; et tous criant à l'unisson, s'engagèrent sous les serments les plus sacrés à ne rien entreprendre contre elle, à la protéger même contre toute violence. (5) Alors elle se laissa fléchir, et leva les arrêts de la ville. Quant à l'auteur du complot, toujours tenu en prison chez lui, par une belle nuit, lui et sa maison, sol, fondations et tout, furent transportés à cent milles de là sur une montagne à pic, où l'on manque d'eau. (6) Et comme il s'y trouvait une ville dont les bâtiments pressés ne laissaient aucune place au nouveau venu dans leur enceinte, elle le planta là en dehors des portes.

(I, 11, 1) Mon cher Socrate, repris-je alors, voilà qui est merveilleux, et qui n'est pas aussi gai. (2) La peur me gagne à mon tour, et une peur qui compte. Vraiment je suis dans les transes. Si ta vieille, par ses intelligences surnaturelles, allait être instruite de nos propos ! (3) Eh vite, dépêchons-nous de dormir; et dès que le sommeil nous aura rendu les forces, éloignons-nous d'ici sans attendre le jour, et le plus tôt qu'il nous sera possible. (4) Je parlais encore, que déjà le bon Socrate ronflait de son mieux, sous la double influence de la fatigue et du vin, dont il avait perdu l'habitude. Aussitôt je ferme la porte, j'assure les verrous, puis je me jette sur mon grabat, ayant pris la précaution de l'appuyer contre les battants en manière de barricade. La peur me tint d'abord éveillé et ce ne fut qu'à la troisième veille que mes yeux commencèrent à se fermer.

(7) Je venais de m'assoupir. Tout à coup, avec un fracas qui n'annonçait pas des voleurs, la porte s'ouvre, ou plutôt elle est enfoncée par une force extérieure qui brise ou arrache les gonds, (8) culbute ma petite couchette boiteuse et vermoulue, et me fait rouler sur le plancher. Là, je reste à plat ventre, emprisonné sous mon lit qui retombe sur moi et me cache tout entier.

(I, 12, 1) Je compris alors qu'il peut y avoir contraste entre le sentiment et sa manifestation extérieure. Souvent la joie fait verser des larmes. Moi, malgré l'épouvante qui m'avait saisi, je ne pus retenir un éclat de rire à cette métamorphose grotesque d'Aristomène en tortue. (2) Tapi cependant sous cette cachette improvisée, je guettais tout inquiet, et en regardant de côté la suite de cette aventure. Je vois entrer deux femmes d'un âge avancé, (3) dont l'une tenait une lampe et l'autre une éponge et une épée nue. Dans cet appareil, elles se placent aux deux côtés du lit de Socrate, qui continuait à dormir de plus belle; (4) et la femme au glaive parle ainsi : Panthia, ma soeur, le voilà ce bel Endymion, ce mignon chéri qui jour et nuit a usé et abusé de moi, pauvrette, (5) et qui fait maintenant si bon marché de ma tendresse. C'est peu de me diffamer, il veut me fuir; (6) et moi, nouvelle Calypso, je n'aurai plus qu'à pleurer dans un veuvage éternel la perfidie et l'abandon de cet autre Ulysse. Puis, me montrant du doigt à sa soeur Panthia : (7) Et cet excellent conseiller, cet Aristomène, qui a tramé cette fuite, et qui, plus mort que vif en ce moment, est là qui nous épie, rampant sous ce grabat, croit-il m'avoir impunément offensée ? (8) Sous peu, dans un instant, tout à l'heure, j'aurai raison de ses sarcasmes d'hier et de sa curiosité d'aujourd'hui.

(I, 13, 1) À ces mots je sens une sueur froide circuler sur tout mon corps, un tremblement convulsif me remue jusqu'aux entrailles, et imprime de telles secousses à tous mes membres, que le lit s'agite et semble danser sur mon dos.

(2) La douce Panthia dit alors : Que ne commençons-nous, ma soeur, par mettre en pièces celui-ci à la façon des bacchantes ? Ou bien, nous pourrons encore le garrotter bien serré, et le châtrer à notre aise. (3) Non, dit Méroé (car je ne pus méconnaître l'héroïne de l'histoire de Socrate), laissons-le vivre, pour qu'il jette un peu de terre sur le corps de cet autre misérable. (4) Alors, faisant pencher sur l'épaule gauche la tête de Socrate, elle lui plonge dans le cou de l'autre côté l'épée qu'elle tenait, jusqu'à la garde. (5) À l'instant où le sang jaillit, elle le reçut avec précaution dans une petite outre et sans en répandre une seule goutte. Voilà ce que j'ai vu de mes propres yeux. (6) Ce n'est pas tout. Pour ne rien omettre, sans doute, des rites d'un sacrifice, la tendre Méroé enfonce sa main dans la plaie, et, fouillant jusqu'aux viscères de la victime, en retire le cœur de mon malheureux camarade. Le coup lui avait tranché la gorge, et sa voix, ou plutôt un râle inarticulé, se faisait jour, avec l'air des poumons, au travers de l'horrible blessure. (7) Panthia en boucha l'orifice avec l'éponge : Éponge, ma mie, disait-elle, enfant de la mer, garde-toi de l'eau douce. (8) Cela fait, elle relève mon grabat, et, jambe de çà, jambe de là, les voilà qui s'accroupissent sur moi l'une après l'autre, et, lâchant leurs écluses, m'arrosent à l'envi d'une eau qui n'était pas de senteur.

(I, 14, 1) À peine ont-elles repassé le seuil, que les battants de la porte se rejoignent, les gonds se replacent, les barres se rapprochent, les verrous se referment. (2) Quant à moi, j'étais gisant à terre, tout haletant, tout trempé de cette dégoûtante aspersion, nu et transi comme l'enfant sort du ventre de sa mère; ou plutôt j'étais à demi-mort, ne me survivant, en quelque sorte, à moi-même, que pour me sentir dévolu au gibet. (3) Que deviendrai-je, lorsque demain on va voir ce pauvre garçon égorgé ? Quand je dirais ce qui en est, personne voudra-t-il me croire ? Un gaillard comme vous ne pouvoir tenir tête à une femme ? (4) Vous aviez du moins la force de crier au secours. Un homme est égorgé, là sous vos yeux, et vous ne soufflez pas ! (5) Pourquoi n'avez-vous pas été victime du même attentat ? Et les auteurs de cette atroce cruauté en auraient laissé vivre le témoin, tout exprès pour la révéler ! Ah ! vous avez échappé cette fois à la mort ! eh bien ! ce sera la dernière. (6) Voilà ce qui passait et repassait dans ma tête. Et cependant la nuit tirait à sa fin. Dans cette perplexité, je jugeai n'avoir rien de mieux à faire que de partir furtivement avant le jour, et de gagner au pied aussi vite qu'on peut le faire à tâtons. (7) Je prends donc mon léger bagage, et, tirant les verrous, j'introduisis la clef dans la serrure. Mais vingt fois je tourne et retourne en tous sens, avant que cette honnête, cette excellente fermeture qui, pendant la nuit, avait si bien su s'ouvrir d'elle-même, voulût enfin me livrer passage.

(I, 15, 1) Holà ! quelqu'un, m'écriai-je; allons, qu'on m'ouvre, je veux partir avant qu'il soit jour. Le portier, qui était couché à terre, en travers de l'entrée, se réveille à moitié. (2) Eh ! vous ne savez donc pas, dit-il, que les routes sont infestées de brigands, vous qui parlez de partir à cette heure de nuit ? Si quelque crime vous pèse sur la conscience, si vous avez assez de votre vie, nous n'en avons pas, nous, de rechange à mettre en péril pour l'amour de vous. (3) Mais, lui dis-je, dans un instant le jour va paraître. Et d'ailleurs je suis si pauvre ! qu'est-ce que des voleurs pourraient me prendre ? Ne sais-tu pas, imbécile, que dix contre un, fussent-ils autant d'athlètes, ne peuvent dépouiller un homme tout nu ? (4) Le portier n'avait fait que se tourner de l'autre côté, et déjà s'était à moitié rendormi. Bon ! dit-il; et sais-je moi si vous n'avez pas expédié votre camarade, celui que vous amenâtes hier coucher avec vous; et si vous ne cherchez pas à décamper de nuit pour plus de sûreté ? (5) À ces mots (j'en frissonne encore) je crus voir la terre se fendre, me montrant l'abîme du Tartare et la gueule de Cerbère déjà béante pour me saisir. (6) Je vis bien alors que ce n'était pas par bonté d'âme que Méroé avait épargné mon cou; l'aimable créature me réservait pour la croix.

(I, 16,1) Rentré dans ma chambre, je cherchai à la hâte quelque moyen d'en finir avec la vie. (2) Mais je n'avais là sous main que mon grabat pour instrument de suicide. Grabat, lui dis-je, mon cher grabat, compagnon de mes infortunes, témoin avec moi des scènes de cette nuit, (3) seul témoin, hélas ! que je puisse citer de mon innocence devant mes juges, prête-moi ton secours pour descendre plus vite aux enfers. (4) Tout en parlant, je démonte la sangle du fond, je la façonne en manière de hart, je l'assujettis par un bout à l'extrémité d'un chevron qui formait saillie au-dessus de ma fenêtre, et je fais à l'autre bout un nœud coulant. Puis me hissant sur mon lit, pour prendre le fatal élan de plus haut, je passe ma tête dans le noeud; (5) mais au moment où je repoussais du pied le point d'appui, afin que, par le poids du corps et la tension du lien, la strangulation s'opérât d'elle-même, (6) la sangle, qui était vieille et moisie, se rompt tout à coup. Je tombe lourdement sur Socrate, dont le lit se trouvait au-dessous; je l'entraîne dans ma chute, et nous voilà tous deux roulant sur le carreau

(I, 17, 1) Là-dessus le portier entre brusquement, en criant à tue-tête : Où êtes-vous donc maintenant, homme si pressé qui voulez partir, jour ou nuit ? Vous ronflez sous la couverture. (2) Je ne sais si ce fut la commotion, ou l'effet de cette voix discordante, mais voilà Socrate qui se réveille; et, le premier sur pied : Que les voyageurs ont raison, dit-il, de maudire ces valets d'auberge ! (3) Je dormais d'un si bon somme ! et il faut que ce drôle, qui n'entre ici que pour voler, je parie, vienne faire tapage et me réveiller en sursaut. (4) O bonheur inespéré ! comme je me relevai joyeux et alerte ! Honnête portier, m'écriai-je avec effusion, le voilà mon bon camarade, mon bon père, mon bon frère, que tu m'accusais cette nuit, ivrogne que tu es, d'avoir assassiné ! Puis serrant Socrate entre mes bras, je le couvrais de baisers. (5) Mais l'infâme ablution dont m'avaient infecté ces harpies tout à coup le saisissant au nez : (6) Arrière, dit-il en me repoussant; tu ne flaires pas comme baume. Et les quolibets de se succéder sur l'origine de ce parfum. (7) J'étais au supplice, tout en tâchant de riposter par quelque plaisanterie du même ton. Tout à coup, rompant les chiens, je lui frappe sur l'épaule : (8) Allons, dis-je, profitons de cette fraîche matinée pour commencer le voyage. Je reprends mon petit paquet, et, notre écot payé, nous nous mettons en route.

(I, 18, 1) Nous avions déjà fait un bout de chemin quand l'aurore vint à paraître; et tout s'éclaire autour de nous. Alors, d'un oeil empressé, je cherche sur le cou de mon camarade la place où j'avais vu l'épée se plonger. (2) Étrange hallucination ! le sommeil et le vin ont-ils seuls créé ces affreuses images ? (3) Voilà Socrate, sain, dispos, sans une égratignure; plus de blessure, plus d'éponge, pas la moindre trace de cette plaie qui brillait si horriblement tout à l'heure. (4) Puis, m'adressant à lui : Vraiment les médecins ont bien raison, quand ils prétendent que c'est aux excès de table qu'il faut attribuer les mauvais rêves. (5) J'avais trop levé le coude hier au soir. Aussi la nuit ne m'a pas été douce, j'ai bien eu le plus abominable cauchemar... À cette heure encore, je crois me voir souillé, inondé de sang. (6) Non pas de sang, reprit-il d'un ton ricaneur, mais bien de quelque autre chose. (7) Au surplus, j'ai rêvé aussi, moi, et rêvé qu'on me coupait le cou. Une atroce douleur m'a saisi à la gorge; il m'a semblé qu'on m'arrachait le coeur. Tiens, je respire encore à peine; les genoux me tremblent, je chancelle en marchant. Il me faudrait, je crois, quelque chose à manger pour me remettre. (8) Ton déjeuner est tout prêt, lui dis-je en ôtant mon bissac de dessus mon épaule, et m'empressant d'étaler du pain et du fromage devant lui. Asseyons-nous sous ce platane.

(I, 19, 1) De mon côté, je me dispose à prendre ma part du repas, tout en suivant des yeux mon convive, qui dépêchait avidement les morceaux. Tout à coup je le vois qui pâlit, qui jaunit, et va tomber en défaillance. (2) L'altération de sa face était telle, que, mon imagination se peignant déjà les Furies de la veille à nos trousses, (3) l'effroi me saisit comme j'avalais la première bouchée, et le morceau, bien que des plus modestes, s'arrêta dans mon gosier sans pouvoir ni descendre ni remonter. (4) L'endroit était très fréquenté; ce qui mit ma terreur au comble. (5) Deux hommes cheminent ensemble; l'un d'eux meurt assassiné : le moyen de croire à l'innocence de l'autre ? (6) Cependant Socrate ayant donné raisonnablement sur la provende, se mit à crier la soif. (7) Notez qu'une bonne moitié d'un excellent fromage y avait passé. À deux pas du platane coulait une rivière; une belle nappe d'eau, paisible à l'oeil comme un lac, brillante comme l'argent, limpide comme le verre. (8) Vois cette onde, lui dis-je, c'est aussi appétissant que du lait : qui t'empêche de t'en régaler ? Mon homme se lève; et, après avoir cherché une place commode sur le bord s'agenouille et se penche le corps en avant, très empressé de mettre ce liquide en contact avec ses lèvres. (9) Mais à peine en ont-elles effleuré l'extrémité, que je vois soudain sa gorge se rouvrir. L'horrible plaie s'y creuse de nouveau. L'éponge s'en échappe, et avec elle deux ou trois gouttes de sang. (10) Socrate n'était plus qu'un cadavre qui allait choir, la tête la première, dans le fleuve, si je ne l'eusse retenu par un pied et ramené à grand effort sur la berge. (11) Là, après quelques larmes données bien à la hâte à mon pauvre camarade, je couvre son corps de sable, et j'en confie, pour toujours, le dépôt au voisinage de la rivière. (12) Alors, tremblant pour moi-même, je m'enfuis précipitamment par les passes les plus écartées, les plus solitaires. Enfin, la conscience aussi troublée que celle d'un meurtrier, j'ai dit adieu à mon foyer, à ma patrie, et je suis venu, exilé volontaire, m'établir en Étolie, où je me suis remarié...

Apulée

domingo, 13 de febrero de 2011

Tombeau pour une touriste innocente



Rien n´est jamais plus beau qu´une touriste blonde
QU´interviouwent des télés nippones ou bavaroises
Juste avant que sa tête dans la jungle ne tombe
Sous la hache d´un pirate aux façons trés courtoises

Elle était bête et triste et crédule et confiante
Elle n´avait du monde qu´une vision rassurante
Elle se figurait que dans toutes les régions
Règne le sacro-saint principe de précaution

Point de lieu á la ronde qui ne fût excursion
Rien ici ou lá-bas qui ne fût évasion
Pour elle les pays étaient terres de passion
Et de révélation et de consolation

Pour elle les pays étaient terres de loisirs
Pour elles les pays n´étaient que communion
On en avait banni les dernières séditions
Pour elle toutes les terres étaient terres de plaisir

Pour elle les nations étaient lieux d´élection
Pour elle les nations n´étaient que distraction
Pour elle les nations étaient bénédiction
D´un bout du monde á l´autre sans distinction

Toute petite elle disait avoir été violée
Par son oncle et son père et par un autre encore
Mais elle dut attendre ses trente et un balais
Pour revoir brusquement ce souvenir éclore

ELle avait terminé son second CDD
Mais elle envisageait d´autres solutions
Elle voulait travailler dans l´animation
Pour égayer ainsi nos fêtes de fin d´année

Elle cherchait á présent et pour un prix modique
A faire partout régner la convivialité
Comme disent les conseils en publicité
Elle se qualififait d´intervenante civique

Elle avait pris contact avec plusieurs agences
Et des professionnels de la chaude ambiance
Elle était depuis peu amie d´un vrai artiste
Musicien citoyen jongleur équilibriste

Grand organisateur de joyeuses sarabandes
Le mercredi midi et aussi le samedi
Pour la satisfaction des boutiques Godassland
Créateur d´escarpins cubistes et nabis

Elle aussi s´entraînait á des tours rigolos
En lançant dans les airs ses propres godillots
Baskets bi'matières á semelles crantées
Les messages passent mieux quand on s´est bien marré

Au ministère social des Instances drolatiques
Elle avait exercé à titre de stagiaire
L´emploi de boîte vocale précaire et temporaire
Elle en avait gardé un souvenir ´rotique

Elle avait également durant quelques semaines
Remplacçe une hôtese de chez Valeurs humaines
Filiale fondamentale de Commerce équitable
O´u l´on vend seulement des objets responsables

Elle avait découvert le marketing éthique
La joie de proposer des cadeaux atypiques
Fabriqués dans les règles de l´art humanitaire
Et selon les valeurs les plus égalitaires
(...)

Caffé labellisé bio'humanisé
Petits poulets de grain ayant accés au pré
Robes du Bangladesh jus d´orange allégé
Connotation manouche complétement décalée

Sans vouloir devenir une vraie thçeoricienne
Elle savait maintenant qu´on peut acheter plus juste
Et que l´on doit avoir une approche citoyenne
De tout ce qui se vend et surtout se déguste

Et qu´il faut exiger sans cesse et sans ambage
La transparence totale dedans l´étiquetage
Comme dans le tourisme une pointilleuse éthique
Transformant celui'ci en poème idyllique

À ce prix seulement loin des sentiers battus
Du vieux consum´risme passif et vermoulu
Sort'on de l´archaîque rôle de consommateur
Pour s´affirmer enfin vraiment consom`acteur

Elle faisait un peu de gnose le soir venu
Lorsqu`après le travail elle se mettait toute nue
Et qu´ayand commandé des sushis sur le Net
Elle les grignotait assise sur la moquette

Ou bien elle regardait un film sur Canal'Plus
Ou bien elle repensait á ses ancies amants
Ou bien elle s´asseyait droit devant son écran
Et envoyait des mails à des tas d´inconnus

Elle disait je t´embr@sse elle disait je t´enl@ce
Elle faisait grand usage de la touche arobase
Elle s´exprimait alors avec beaucoup d´audace
Elle se trouvait alors aux frontières de l´extase

Dans le métro souvent elle lisait Coelho
Ou bien encore pennac et puis Christine Angot
Elle les trouvait violents étranges et dérangeants
Brutalement provocants simplement émouvants

Elle aimait que les livres soient de la dynamite
QU´ils ruinent en se jouant jusqu´au dernier des mythes
Ou bien les reconstruisent avec un certain faste
Elle aimait les auteurs vraiment iconoclastes

Elle voulait trois bébés ou même peut'être quatre
Mais elle cherchait encore l´idéal géniteur
Elle n´avait jusqu ´ici connu que des farceurs
Des misogynes extrêmes ou bien d´odieux bellâtres

Des machistes ordinaires ou extraordinaires
Des sexistes populistes très salement vulgaires
Des cyniques égoïstes des libertins folâtres
Ou bien des arnaqueurs elle la trouvait saumâtre

Elle se voyait déjá mére d´élèves impliquée
Dans tous les collectifs éducatifs possibles
Et harcelant les maîtres les plus irréductibles
Conservateurs pourris salement encroûtés

QUi se cachent derrière leur prétendu savoir
Faute d´appréhender un monde en mutation
Qui sans doute a pour eux l´allure d´un repoussoir
Quand il offre á nos yeux tant de délectations

Come toutes les radasses et toutes les pétasses
Comme toutes les grognasses et toutes les bécasses
Elle adorait bien sûr Marguerite Durasse
De cette vieille carcasse elle n´était jamais lasse

Elle s´appelait Praline mais détestait son nom
Elle voulait qu´on l´appelle Eglantine ou Sabine
Ou bien encore Ondine ou même Victorine
Ou plutôt Proserpine elle trouvait ca mignon

Elle faisait un peu de voile et d´escalade
Elle y mettait l´ardeur qu´on mettait aux croisades
Elle se précipitait sous n´importe quelle cascade
Elle recherchait partout des buts de promenade

(...)

Elle disait qu´il fallait réinventer la vie
Que c´était le devoir d´un siècle commencant
Après toutes les horreurs du siècle finissant
Lá'dedans elle s´était déjá bien investie

(...)

Elle exigeait aussi une piste pour rollers
Deux ou trois restaurants á thème fédrateur
L´installation du câble et d´un Mur de l ´Amour
O´u l´on pourrait écire je t´aime sans détour

(...)
Le Jour de l Fierté du patrimoine français
Quand on ouvre les portes des antiques palais
Elle se chargait d´abord de bien vérifier
QU´il ne manquait nulle part d´accès handicapés

Qu´il ne manquait nulle part d´entrées Spécial Grossesse
Qu´il ne manquait nulle part d´entrées Spécial Tendresse
Qu´on avait bien prévu des zones anti-détresse
Qu´il y avait partout des hôtesses'gentillesse

Faute de se faire percer plus souvent la forêt
Elle avait fait piercer les bouts de ses deux seins
Par un très beau pierceur sans nul doute canadien
Qui des règles d´hygiène avait un grand respect

Avec lui aucun risque d´avoir l´hépatite B
Elle ne voulait pas laisser son corps en friche
Comme font trop souvent tant de gens qui s´en fichent
Elle pensait que nos corps doivent être désherbés

(...)

Elle avait parcouru l´Inde le Japon la Chine
La Grèce l´Argentine et puis la Palestine
Mais elle refusait de se rendre en Iran
Du moins tant que les femmes y seraient mises au ban

(...)

On lui avait parlé d´un weekend découverte
Sur l´emplacement même de l´antique Atlantide
On avait évoqué une semaine á Bizerte
Un pique'nique á Beyrouth ou encore en Floride

(...)

Elle est morte un matin sur l´île de Tralâlâ
Des mains d´un islamiste anciennement franciscain
Prétendu insurgé et supposé mutin
Qui la viola deux fois puis la décapita

C´était une touriste qui se voulait rebelle
Lui était terroriste et se rêvait touriste
Et tous les deux étaient des altermondialistes
Leurs différences mêmes n´étaient que virtuelles

P. Muray



Ecoutez Luchini lire le poème sur

http://www.dailymotion.com/video/xg1nju_luchini-lit-tombeau-pour-une-touriste-innocente-de-muray_news

La Belle Epoque de la morphine




"Au bout d`un temps plus ou moins long, le malade n'éprouve plus les sensations agréables du début, et, pour tâcher de les retrouver, il augmente la dose.

L`intelligence est abaissée ; il y a une perte très notable de la mémoire. J'ai eu l'occasion de voir un médecin qui, sous l`influence de la morphine, — il en prenait 2, 5 grammes par jour — avait complètement perdu la mémoire de tout ce qui touchait à la médecine. A la suite d*un traitement de démorphinisation, sa mémoire revint.

Le sens moral est annihilé; le malade n'a plus d'affection pour les siens; il ne soupe plus qu'à la morphine et ne pense qu'aux moyens qu'il emploiera pour s'en procurer.

La vie de famille devient impossible, et bien des fois j'ai reçu des lettres éplorées de femmes de morphinomanes me demandant conseil et me faisant le navrant tableau de ce qu'était devenu leur intérieur depuis que leur mari avait pris la malheureuse habitude de la morphine.

Il y a une perte complète de la volonté; tous les efforts, tout ce qui reste d'intelligence est concentré sur les moyens utilisables pour avoir la morphine. Je vous ai cité le cas de cette femme du meilleur monde, qui, pour avoir son poison, avait vendu une partie de la bibliothèque de son mari, avait vendu le bâton de maréchal de son grand-père et avait été arrêtée pour vol dans un magasin.


Ball a cité le cas d une femme, mère de trois enfants, qui jusque-là avait eu une vie absolument régulière, qui n'hésitait pas à se prostituer, non par désir voluptueux, mais dans le seul but d'avoir la somme nécessaire pour se procurer de la morphine.

La morphinomane vole pour se procurer de l'argent non pas qu'elle ait le désir de voler, mais parce qu'elle est indifférente à l'acte qu'elle va commettre et qu'elle veut pouvoir acheter de la morphine. Les kleptomanes sont des individus dont l'état organique est déprimé ; c'est ainsi que la kleptomanie est assez fréquente dans l'état de grossesse ; mais souvent c'est une manie spécialisée, et souvent le kleptomane vole toujours le même objet dont il n'a souvent nul besoin. Je puis vous citer le cas d'une dame millionnaire qui avait la singulière manie de voler des éponges ; son mari la faisait suivre par une personne qui payait toutes les éponges qu'elle dérobait ; à la mort de sa femme, il les distribua à des œuvres charitables ; il y en avait plein une charrette. Une autre femme volait des cravates d'hommes ; elle les rangeait dans une armoire sans même les déplier; on en trouva chez elle au moins trois cents. Dans ces cas, la kleptomane ne cherche pas à tirer parti de son vol; il n'en est pas de même pour les morphinomanes qui volent; elles commettent cet acte délictueux dans le but de se procurer de l'argent pour acheter de la morphine.

Avoir de la morphine est la préoccupation unique, obsédante. Tout autre sentiment disparaît. La morphinomane ne songe plus à sa tenue. La femme coquette, élégante, ne se coiffe plus, elle est couverte de vêtements souillés de taches.

Messieurs, je vous conseille de toujours vous méfier des dires d'un morphinomane ; ces malades mentent avec une
facilité extraordinaire, et ils savent donner à leurs mensonges une apparence de vérité capable de dérouter la perspicacité la plus en éveil.

Après l'excitation donnée par l'action d'une piqûre, le morphinomane se sent, au bout d'un temps plus ou moins long, retomber dans l'anéantissement dont, seule, une nouvelle injection pourra le relever. Si elle se fait attendre, le malade est en état de besoin, c'est-à-dire qu'il est dans un état d'excitation, de malaise du au désir impérieux, inassouvi, que seul fera cesser la dose normale de morphine.

L état de besoin existe môme chez le fœtus et le nouveau-né. Charcot a vu une femme enceinte de sept ou huit mois qui était morphinomane ; quand ou diminuait la dose de morphine de la mère, l'enfant faisait dans l'utérus des mouvements désordonnés. L'enfant, après sa naissance, était très agité, n'avait pas de sommeil et mourut bientôt.

Des observations analogues ont été rapportées en Amérique et en Allemagne; les enfants étaient extrêmement agités et sans sommeil, et, à ces nouveau-nés, on n'hésita pas à faire des injections de 2 ou 3 milligrammes de morphine; ils se sont alors calmés et ont vécu.

Les troubles psychiques ont été admis par certains auteurs, Pichon et Bail, et niés par d'autres aliénistes, comme Magnan. e qui est certain, c'est que le morphinomane dort fort peu et mal et que l'insomnie est la règle; le malade est abattu, mais le sommeil le fuit. Pour Pichon et Ball, les hallucinations dues à la morphine se rapprochent beaucoup de celles que provoque l'alcool ; elles se produisent surtout la nuit, dans le demi-sommeil. Il est vrai qu'il peut y avoir association des deux intoxications.

J'ai eu l'occasion de voir une femme hystérique, qui, quelques mois après son mariage, devint morphinomane ; elle avait, sitôt qu'elle s'endormait, de terribles cauchemars; notamment, elle croyait toujours voir son cercueil près de son lit. Depuis le moment où elle devint morphinomane, elle n'eut plus de crises d'hystérie. Lancereaux a d`ailleurs signalé la disparition des grandes crises d'hystérie sous l'action de la morphine.

Les hallucinations diurnes sont rares, sauf quand le morphinomane devient en même temps cocaïnomane ; j'aurai à revenir sur ce point.

Les troubles digestifs sont très accentués. La bouche est sèche, la langue est couverte d`un enduit sale, l'haleine est fétide et le malade a toujours soif. D'après les recherches du D"" Combes, il y aurait des lésions dentaires caractérisées par une altération de l'ivoire qui entraînerait la chute de la dent sans périostite.

L'appétit, bien qu'on ait noté parfois de la boulimie, est en général très diminué; il existe des troubles gastriques dus à une diminution dans la sécrétion stomacale, qui est très pauvre en acide chlorhydrique ; les vomissements sont rares, mais la constipation est la règle ; elle est parfois interrompue par des débâcles diarrhéiques.

Enfin les malades signalent, au moment où ils reçoivent l'injection de morphine, un sentiment de constriction épigastrique qui doit bien être dû à la morphine, car il ne se produit pas lorsqu'on fait au morphinomane, à son insu, une injection d'eau pure.

La circulation est très troublée; le pouls est petit, filiforme; on constate parfois des palpitations et de l'hypotension artérielle. La respiration est ralentie.

Les fonctions génitales sont profondément troublées. Au début de l'intoxication, pendant la période d'excitation morphinique, Notta (de Lisieux) a signalé une certaine excitation génésique, accompagnée d'un sentiment voluptueux très réel; mais elle est inconstante et dure peu. Bientôt le morphinomane devient impuissant; le sens génésique s'émousse et l'appétit sexuel disparaît; les désirs vénériens sont rares et l'érection devient impossible.

Certains morphinomanes sont très affectés de la perte de leur virilité. Le D'" Pichon a signalé le cas d'un jeune homme qui fut pris d'un tel désespoir qu'il voulait se suicider. On il également signalé le cas d'un morphinomane qui, ne pouvant satisfaire aux exigences de sa femme n'avait rien trouvé de mieux que de la rendre morphinomane à son tour.

D'après Levinstein, au bout d`un certain temps, l`impuissance devient définitive par suite d'une atrophie testiculaire et les spermatozoïdes disparaissent de la liqueur
séminale. Levinstein a noté chez la femme l'atrophie des seins, de l'utérus, des ovaires.

Les grossesses sont rares chez les morphinomanes, mais elles ne semblent pas fâcheusement influencées par la morphine; on a cru remarquer qu'elles étaient un peu prolongées. En général, l'enfant issu d'une mère morphinomane n'est pas brillant; il est malingre, chétif et est parfois lui-même congénitalement morphinomane, puisque, ainsi qu'il ressort des faits rapportés par des auteurs allemands et américains, on ne peut lui procurer le calme et le sommeil qu'en lui faisant des injections de morphine.

Mais, même si la mère n'est pas morphinomane, la morphinomanie seule du père est suffisante pour entraîner chez l'enfant les conséquences les plus graves. Un diplomate qui prenait chaque jour environ O, 3O de morphine eut trois enfants : le premier mourut le troisième jour; le second, idiot, mourut phtisique à seize ou dix-sept ans; le troisième était imbécile, dépravé, puis dément.

P. Brouardel, 1906

viernes, 11 de febrero de 2011

De l'exiguïté du pénis comme cause




Parlons d'abord de l'exiguïté du pénis comme cause probable de la pédérastie. Cette exiguïté constatée par le sujet peut parfaitement l'entraîner vers les hommes, non seulement, parce qu'il n'éprouve point de
volupté en compagnie de la femme, mais surtout parce que la honte de son état le retient.

Beaucoup de jeunes gens sont devenus homosexuels actifs à la suite de la plaisanterie d'une maîtresse, voire d'une prostituée. Cette plaisanterie l'a conduit à examiner ses semblables et il a constaté son exiguïté virile.

Désormais il fuira la femme, et lorsque l'occasion se présentera, il essaiera de l'intromission anale.

La jouissance qu'il en retirera lui semblera bien supérieure à celle ressentie auprès des maîtresses, les sphincters ayant une violence de contraction que ne possède pas le vagin. Dès lors, le sujet s'éloignera définitivement du coït normal et le souvenir de la moquerie éveillera en lui une haine qui englobera le beau sexe tout entier.

On peut dire que l'exiguïté de la verge, aussi bien en diamètre qu'en longueur, conduit toujours celui qui en est victime à l'éloignement de la femelle.

Il est rare, en effet, qu'un vagin se présente assez étroit pour compenser cette anomalie. Même la femme étant vierge, au premier rapport, le vagin ne tardera pas à s'élargir et n'offrira plus au pénis l'étreinte
nécessaire pour lui donner la volupté.

Il en résulte que celui-là, ou s'adonnera à l'uranisme actif, ou bien alors à la masturbation.

On constate que bien souvent, des homosexuels actifs deviennent passifs avec l'âge. Cela correspond parfaitement à ce que nous avons dit, à ce propos, des zones érogènes. Il est probable même qu'il on est toujours ainsi.

On comprend dès lors que la guérison de l'homosexuel actif frappé de cette tare est absolument impossible. L'exiguïté du pénis correspond à un arrêt du développement général.

Si l'on n'a pas attaqué cette déficience au moment de l'adolescence, c'est-à-dire quand elle s'est produite, il ne semble pas permis d'espérer y porter remède plus tard.

Garnier prétend que la verge trop petite peut se développer par l'exercice; d'autre part, il admet comme nous que cette petitesse provient d'un arrêt de développement. Les deux propositions se contredisent évidemment, à moins qu'il ne suppose que l'exercice ait lieu lors de la puberté. Si même l'exercice
du coït pouvait amener une amélioration dans l'état de l'anormal, cette amélioration resterait insuffisante pour lui procurer la volupté auprès d'une femme.

« Exiguïté de volume. Cette difformité, si préjudiciable à l'homme, résulte de l'arrêt de développement du corps caverneux qui constitue la partie saillante du pénis. Elle est beaucoup plus conunune que l'excès contraire. Le diamètre surtout fait souvent défaut. C'est un signe d'infantilisme dont les observations 7 et 8 forment le sujet.

« Mais l'adulte n'a iràs à s'en affliger; il augmente par l'exercice, comme tout autre organe. L'afflux répété du sang dans les aréoles du tissu caverneux qui produit l'érection suffit à cet effet. La longueur peut égale-
ment s'en accroître. » (Garnier.)

S'il en était ainsi, beaucoup d'individus, pédérastes actifs au début de leur vie sexuelle, reviendraient à la femme après un certain temps ; poussés par le désir instinctif de se retrouver dans la normale. Or, le cas
ne semble à peu près jamais se présenter.

Si l'on veut lutter efficacement contre l'exiguïté de la verge, c'est au moment de l'adolescence qu'il faut s'en préoccuper. L'accroissement de volume des parties sexuelles se produira en môme temps que la vigueur
générale. Cette vigueur sera favorisée par un régime tonique, une nourriture facilement assimilable et des exercices physiques.

Mais lorsque le jeune homme aura atteint 18 ou 20 ans, il paraît peu probable que même le coït fréquemment répété lui procurera un pénis normal. Bien au contraire, cette petitesse de la verge étant une preuve de débilité générale, le coït ne fera que d'accroître cette débilité.

Evidemment, tous ceux qui sont frappés de cette anomalie ne deviennent pas homosexuels, mais il est permis de supposer que tous, après divers essais de copulation, versent dans l'onanisme.

Quelques-uns se livreront à une perversion qui leur apportera le complément de volupté dont ils ont besoin.

Parmi les stigmates, on a remarqué, comme nous le disions plus haut, la forme lancéolée de la verge.

Cette anomalie est plus fréquente qu'on ne le croit. Le corps du pénis est gros, renflé vers le milieu au moment de l'érection, tandis que le gland va en s 'effilant.

Avec un peu de réflexion, on comprend que cetto condition paralyse considérablement la volupté. Le vagin, considérablement écarté par le corps du pénis, ne se resserre plus sur le gland où se trouve la zone érogène
principale.

Le besoin de jouissance qui se trouve au fond du cœur de tout homme, incitera celui qui est frappé de cette anomalie à rechercher un mode de satisfaction qui lui donne un plaisir complet.

Le plus souvent, il débutera par l'onanisme et s'y fixera, à moins d'une occasion.

Par contre, si une tentative homosexuelle se produit, il s'arrêtera à ce procédé comme le rapprochant le plus de la normale.

Pourquoi trouve-t-il plus de volupté dans l'intromission anale? A cause de la présence des deux sphincters. Si le premier s'écarte pour permettre le passage de la verge, le second, au contraire, encerclera étroitement
le gland, atteignant ainsi la véritable zone érogène.

On se demandera, dans ces conditions, pourquoi l'actif ainsi conformé recherche l'homme de préférence à la femme qui pourrait lui offrir le même mode d'opérer.

Les raisons sont faciles à découvrir; la femme n'éprouve aucun plaisir à cette intromission contre nature, bien loin de là, il n'en résulte pour elle qu'une souffrance. Dans la plupart des cas, elle s'y refuse, et si elle s'y soumet, ce sera de mauvaise grâce.

Le passif, en revanche, trouve toute sa jouissance dans cette possession, car non seulement il se soumet, mais il réclame cette conjonction. Il est humain de s'adresser là où il est le plus aisé de se procurer ce qu'on
désire.

Qu'il n'y ait point de répugnance à la première rencontre, est assez douteux; le plus souvent, elle se marque par une hésitation, un manque de décision. Mais l'habitude s'acquiert rapidement et le premier essai
achevé, la répétition se réalise sans embarras parce que le sujet a découvert la volupté qui lui est propre en même temps qu'il la donne à un autre, ce qui flatte sa vanité...

J. R. Bourdon, Perversions sexuelles : causes physiologiques, leur traitement, leur influence dans les rapports conjugaux (1900)

miércoles, 9 de febrero de 2011

Système sexuel martiniquais



SYSTEME SEXUEL MARTINIQUAIS


On a organisé un papier peint blanchâtre
Pour que les gens y vivent et caressent leurs corps
On n'est pas en vacances pour penser à la mort
En système libéral, parmi tous les mulâtres

Et sous les filaos, les épidermes suent
La journée est très blanche, on se recouvre d'huile
On organise des jeux, le public est docile
Et le soir on déguste des côtelettes de tortue.

Il faut organiser un échange orgastique
Pour que chacun s'amuse et filme en vidéo
Les ébats amoureux, les danses en paréo
Et les fins de soirée un peu paroxystiques.

Ainsi les êtres humains échangent leurs muqueuses
Avant de tout ranger dans les valises en fibre,
C'est ainsi qu'ils expriment leur statut d'êtres libres
Et leur humanité interchangeable et creuse.

Comme un week-end en autobus,
Comme un cancer à l'utérus,
La succession des événements
Obéit toujours à un plan.

Toutefois, les serviettes humides,
Le long des piscines insipides,
Détruisent la résignation
Le cerveau se met en action.

Il envisage les conséquences
De certaines amours de vacances,
Il aimerait se détacher
De la boîte crânienne tachée.

On peut nettoyer sa cuisine,
Dormir à la Mépronizine,
La nuit n'est jamais assez noire
Pour en finir avec l'histoire.

Houellebecq

martes, 8 de febrero de 2011

La nouvelle Pasiphaë



(X, 19, 1) À notre arrivée à Corinthe, après avoir voyagé partie par terre, partie par mer, une population considérable se porta au-devant de nous, moins par honneur pour Thiasus, à ce qu'il me parut, que par la curiosité que j'inspirais; car une immense réputation m'avait précédé dans cette contrée, si bien que je devins de bon rapport pour l'affranchi préposé à ma garde. (2) Quand il voyait qu'on faisait foule pour jouir du spectacle de mes gentillesses, le gaillard fermait la porte et n'admettait les amateurs qu'un à un, moyennant une rétribution assez forte; ce qui lui valut de bonnes petites recettes quotidiennes.

(3) Parmi les curieux admis à me voir pour leur argent, se trouvait une dame de haut parage et de grande fortune qui montra un goût prononcé pour mes gracieuses prouesses. À force d'y retourner, l'admiration chez elle devint passion; et, sans plus chercher à combattre une ardeur monstrueuse, cette nouvelle Pasiphaé ne soupire plus qu'après mes embrassements. (4) Elle offrit à mon gardien, pour une de mes nuits, un prix considérable; et le drôle trouva bon, pourvu qu'il en eût le profit, que la dame s'en passât l'envie.

(X, 20, 1) Le dîner du patron fini, nous passons de la salle à manger dans la chambre où je logeais, où nous trouvâmes la dame languissant déjà dans l'attente. (2) Quatre eunuques posent à terre quantité de coussins moelleusement renflés d'un tendre duvet, et destinés à former notre couche. Ils les recouvrent soigneusement d'un tissu de pourpre brodé d'or, et par dessus disposent avec art de ces petits oreillers douillets dont se servent les petites maîtresses pour appuyer la figure ou la tête; (3) puis, laissant le champ libre aux plaisirs de leur dame, ils se retirent, fermant la porte après eux. La douce clarté des bougies avait remplacé les ténèbres.

(X, 21, 1) La dame alors se débarrasse de tout voile, et quitte jusqu'à la ceinture qui contenait deux globes charmants. Elle s'approche de la lumière, prend dans un flacon d'étain une huile balsamique dont elle se parfume des pieds à la tète, et dont elle me frotte aussi copieusement, surtout aux jambes et aux naseaux. (2) Elle me couvre alors de baisers, non de ceux dont on fait métier et marchandise, qu'une courtisane jette au premier venu pour son argent; mais baisers de passion, baisers de flamme, entremêlés de tendres protestations: (3) Je t'aime, je t'adore, je brûle pour toi, je ne puis vivre sans toi; tout ce que femme, en un mot, sait dire pour inspirer l'amour ou pour le peindre. Elle me prend ensuite par la bride, et me fait aisément coucher. (4) J'étais bien dressé à la manoeuvre, et n'eus garde de me montrer rétif ou novice, en voyant, après si longue abstinence, une femme aussi séduisante ouvrir pour moi ses bras amoureux. Ajoutez que j'avais bu largement et du meilleur, et que les excitantes émanations du baume commençaient à agir sur mes sens.

(X, 22, 1) Mais une crainte me tourmentait fort. Comment faire, lourdement enjambé comme je l'étais, pour accoler si frêle créature, pour presser de mes ignobles sabots d'aussi délicats contours? Ces lèvres mignonnes et purpurines, ces lèvres qui distillent l'ambroisie, comment les baiser avec cette bouche hideusement fendue, et ces dents comme des quartiers de roc? Comment la belle enfin, si bonne envie qu'elle en eût, pourrait elle faire place au logis pour un hôte de pareille mesure? (2) Malheur à moi! me disais-je, une femme noble écartelée! Je me vois déjà livré aux bêtes, et contribuant de ma personne aux jeux que va donner mon maître. Cependant les doux propos, les ardents baisers, les tendres soupirs, les agaçantes oeillades, n'en allaient pas moins leur train: (3) Bref, je le tiens, s'écrie la dame, je le tiens, mon tourtereau, mon pigeon chéri! Et, m'embrassant étroitement, elle me fit bien voir que j'avais raisonné à faux et craint à tort; que de mon fait il n'y avait rien de trop, rien de trop pour lui plaire; (4) car, chaque fois que, par ménagement, je tentais un mouvement de retraite, l'ennemi se portait en avant d'un effort désespéré, me saisissait aux reins, se collait à moi par étreintes convulsives, au point que j'en vins à douter si je ne péchais pas plutôt par le trop peu. Et, cette fois, je trouvai tout simple le goût de Pasiphaé pour son mugissant adorateur. La nuit s'étant écoulée dans cette laborieuse agitation, la dame disparut à temps pour prévenir l'indiscrète lumière du jour, mais non sans avoir conclu marché pour une répétition.

(X, 23, 1) Mon gardien lui en donna l'agrément tant qu'elle voulut, sans se faire tirer l'oreille; car, indépendamment du grand profit qu'il tirait de ses complaisances, il ménageait par ce moyen à son maître un divertissement d'un nouveau goût. Il ne tarda pas, en effet, à le mettre au fait de mes exploits érotiques. Le patron paya magnifiquement la confidence, et se promit de me faire figurer sous cet aspect dans ses jeux. (2) Or, comme à cause du rang, il ne fallait pas songer pour le second rôle à ma noble conquête, et qu'un autre sujet pour le remplir était introuvable à quelque prix que ce fût, on se procura une malheureuse condamnée aux bêtes par sentence du gouverneur. Telle fut la personne destinée à entrer en lice avec moi devant toute la ville...


Apulée, L`Âne d`Or

domingo, 6 de febrero de 2011

J´enc



J'encule les sectes, les sataniques
Les schizophrénes et les fanatiques,
J'encule les cons, j'encule D
Et j'encule les armées,
J'encule mon père, j'encule ma mère
Et j'encule ma grand-mère,
J'encule Miss Kittin à la fin
Je défonce la gueule a Raffarin,
J'encule les étoiles, j'encule les cieux
Les archanges, les démons, j'encule Dieu,
J'encule les musiciens de merde
J'encule ceux qui vont me perdre,
J'encule les musiciens de merde
J'encule ceux qui vont me perdre,
Je t'encule putain d'public
Car je n'en veux qu'a ton fric,
Je t'encule putain d'public
Car je veux que tu crache ton fric.
x2

J'encule les sectes, les sataniques
Les schizophrénes et les fanatiques,
J'encule les cons, j'encule D
Et j'encule les armées,
J'encule mon père, j'encule ma mère
J'encule les militaires
J'encule aussi ma grand-mère
J'encule la gueule a Raffarin,
J'encule Miss kittin a la fin
J'encule les étoiles, j'encule les cieux
Les archanges, les démons, j'encule Dieu,
J'encule les musiciens de merde
J'encule ceux qui vont me perdre,
J'encule les musiciens de merde
J'encule ceux qui vont me perdre,
Je t'encule putain d'public
Car je n'en veux qu'a ton fric,
Je t'encule putain d'public
Car je veux que tu crache ton fric.


SEXY SUSHI


http://www.youtube.com/watch?v=JtUZ-bkX1n0