lunes, 31 de enero de 2011

First Vampire Poem Ever




“Der Vampir”
by: Heinrich August Ossenfelder

My dear young maiden clingeth
Unbending, fast and firm
To all the long-held teaching
Of a mother ever true;
As in vampires unmortal
Folk on the Theyse’s portal *
Heyduck-like do believe. **
But my Christine thou dost dally,
And wilt my loving parry
Till I myself avenging
To a vampire’s health a-drinking
Him toast in pale tockay. ***

And as softly thou art sleeping
To thee shall I come creeping
And thy life’s blood drain away.
And so shalt thou be trembling
For thus shall I be kissing
And death’s threshold thou’ it be crossing
With fear, in my cold arms.
And last shall I thee question
Compared to such instruction
What are a mother’s charms?

1748
(2 years after Dom Augustin Calmet published his treatise on vampires,
Dissertations sur les Apparitions des Anges des Démons et des Esprits, et sur les revenants, et Vampires de Hongrie, de Bohème, de Moravie, et de Silésie

and 20 years after the beginning of the Vampire hysteria that swept East Prussia, Hungary and Austrian Serbia...)


NOTES
* Theyse (Tisza): it is the second biggest river in Hungary

** Heyduck: a semimilitary official of seventeenth and eighteenth
century Hungary.

*** Tokay: a well known type of Hungarian wine.

viernes, 21 de enero de 2011

La chasse à l’homme




"Tout à coup, les passagers de l’Arkansas virent déboucher d’un fourré de bananiers et de palmiers épineux deux hommes en haillons, qui détalaient de toute la vitesse de leurs jambes, espérant sans doute trouver un refuge dans les vastes marécages
dont le fleuve est bordé.

Ils étaient chaudement poursuivis par une troupe de Noirs, armés de bâtons, de fourches et même de fusils et de revolvers. Les nègres gagnaient du terrain de minute en minute et ils poussaient déjà des hurlements de triomphe en déchargeant
leurs armes dans la direction des fugitifs qui paraissaient à bout de forces.

Le capitaine de l’Arkansas, en bon Yankee passionné pour tous les sports, même pour la chasse à l’homme, donna l’ordre au timonier de se rapprocher du rivage pour permettre aux passagers de suivre les péripéties de la lutte. On vit alors que les
deux fuyards étaient un Blanc et un Peau-Rouge. Déjà les paris s’engageaient.

– Je mets cinq dollars sur le Blanc.
– Et moi dix sur le Peau-Rouge. Il a des jarrets superbes.
– Tenu ?
– Tenu !
– J’accepte les Noirs à dix contre un.

Mais tout à coup les choses prirent une autre tournure. On sait quels sont aux États-Unis le mépris et la haine des hommes blancs pour les nègres. Ceux-ci ont au théâtre des places spéciales, en chemin de fer on ne leur permet de monter que dans certains wagons, dans les restaurants même un Noir ne s’aviserait jamais de venir s’asseoir à la table où un Blanc se trouve déjà.

Les parieurs, qui s’étaient d’abord amusés de la poursuite, ne tardèrent pas à passer de la curiosité à l’indignation.

– C’est une honte, s’écria un gros marchand de blé de Saint Louis, Yankee pur sang ; voilà maintenant que les hommes noirs se mettent à chasser les citoyens américains comme si c’étaient de simples sangliers.
– C’est indigne !
– Il faut empêcher cela.
– Sus aux moricauds !
– Il faut tirer sur les nègres !…
– C’est cela !…

Les cervelles étaient arrivées à un état d’exaltation intense. Quelques gentlemen, plus décidés que les autres, intimèrent au capitaine l’ordre d’approcher l’Arkansas du rivage autant que cela serait possible et en même temps de détacher du vapeur un
canot pour recueillir les fugitifs. Le capitaine yankee qui, au fond, était exactement de l’avis de ces passagers ne se fit pas tirer l’oreille pour obéir.
Louvoyant avec précaution entre les bancs de boue, et de joncs, le vapeur se rapprocha du rivage.

Pendant ce temps, les tireurs qui venaient d’exercer leur adresse contre les caïmans s’empressaient de recharger leurs armes et couraient chercher de nouvelles munitions dans leurs cabines.

Sitôt qu’ils furent à bonne portée, les Noirs furent accueillis par une décharge générale. Trois ou quatre tombèrent, plus ou moins grièvement blessés, aux cris de joie de l’assistance.

– Bien tiré, sir ! un coup superbe. Hourra pour la vieille Amérique !
– Mort aux Noirs !

Voyant leurs camarades blessés, les nègres s’étaient arrêtés net, tout ébahis de cette intervention inattendue. Ils se gardèrent bien de riposter, sachant combien il aurait été grave pour eux d’attaquer un navire américain. Le moins qui eût pu leur
arriver eût été d’être pendus haut et court comme pirates.

Après une courte délibération, ils battirent prudemment en retraite et ils eurent bientôt disparu dans l’immense et ondoyant océan des plantations de coton et de maïs. Les deux fugitifs, sans que personne s’y opposât, gagnèrent paisiblement le
canot qui les transporta à bord du vapeur.

À peine eurent-ils mis le pied sur le pont qu’ils furent entourés d’un cercle de curieux pleins de sympathie pour l’état lamentable où ils se trouvaient. Ils offraient, il faut le dire, un spectacle pitoyable. De leurs vêtements arrachés, brûlés par place, il ne leur restait que des lambeaux. Ils étaient couverts de
boue et de sang, balafrés d’égratignures et meurtris de coups.

De tous côtés les exclamations se croisaient.
– Coquins de Noirs, dans quel état ont-ils mis ces pauvres gens !
– Il faut leur donner des habits !
– Et, avant tout, leur faire boire un bon coup de whisky, cela
les remettra.
– Ils doivent avoir faim !
– Non, le whisky d’abord, ils mangeront après..."

G. LE ROUGE

martes, 18 de enero de 2011

Artamène ou le Grand Cyrus



Pour ceux et celles qui ne veulent ou ne peuvent, pour des raisons d`emploi du temps, lire les 13 095 pages (soit environ 2 100 000 mots) de l`Artamène ou le Grand Cyrus de Madeleine et Georges de Scudéry nous présentons directement la fin du roman, où tous les conflits et contradictions sont enfin résolus. Pour le reste on peut se demander s`il y a jamais eu quelqu`un qui aie eu le courage et l`oisiveté de lire jusqu`à là...


"Mais enfin le jour destiné à l'entiere felicité de Cyrus estant arrivé, le
Temple où la Ceremonie de son Mariage se devoit faire fut esclairé de mille
Lampes magnifiques ; toutes les Rues d'Ecbatane furent tendues de riches Tapis
de Sidon ; on esleva encore de Arcs et des Obelisques à la gloire de Cyrus et de
Mandane, depuis le Palais jusques à ce Temple : dont les Inscriptions meslant
l'Amour à la Guerre, ne parloient pas moins de la grandeur de la passion de
Cyrus, que de celle de ses Conquestes. Une harmonie admirable fit retentir
toutes les Voutes du Temples, pendant toute la Ceremonie : qui eut toute la
magnificence que meritoient ceux pour qui elle estoit faite. Jamais on n'avoit
tant veû de Rois, et de Princes en mesme lieu, qu'il s'en trouva en celuy-là :
et jamais le Bandeau Royal n'avoit esté porté de meilleure grace que Cyrus le
portoit. Pour Mandane elle avoit sur le visage toute la Majesté qu'il falloit
pour occuper dignement le premier Thrône du Monde : et sa beauté parut si
esclattante le jour de cette celebre Feste, qu'elle surpassa d'autant toute
celle de autres Dames, que la bonne mine, l'esprit, la valeur, et la vertu de
Cyrus, surpassoient le merite de tous les autres hommes. Aussi furent ils l'un
et l'autre l'objet de l'admiration de tous ceux qui les virent sur un superbe
Throsne qu'on avoit eslevé au milieu du Temple : et ils le surent encore
davantage, lors qu'estant retournez au Palais apres la Ceremonie de leur
Mariage, ils y reçeurent les Complimens de tout ce qu'il y avoit de plus Grand
et de plus illustre au Monde. Cette Feste ne fut pourtant pas honnorée de la
presence du Prince Mazare : car ne se tentant pas l'ame assez ferme, pour voir
avec tranquilité la felicité de son Rival, tout son amy qu'il estoit devenu, il
partit pour s'en retourner en son Pais, la nuit qui preceda le Mariage de Cyrus
: et ne se trouva point ny au magnifique Festin que Ciaxare fit dans son Palais,
ny au Bal qui le suivit. Mais en partant, il laissa une Lettre pour Cyrus, et
une pour Mandane : et il leur escrivit d'une maniere qui redoubla si fort
l'estime et l'amitié qu'ils avoient pour ce Prince, que s'il eust pû deviner
leurs sentimens, il en eust eu beaucoup de consolation. Aussi meritoit il qu'ils
les eussent : car il leur demandoit pardon de sa foiblesse ; il assuroit à
Mandane qu'il ne se marieroit jamais ; et il disoit à Cyrus que comme il n'avoit
point d'Heritiers, il pretendoit que ceux qui devoient estre ses Sujets fussent
un jour les tiens : afin que Mandane peust regner sur les Saces, comme elle
regnoit dans son coeur. La douleur qu'ils eurent du départ de Mazare, ne les
empescha pourtant pas de s'estimer infiniment heureux, de voir que les Dieux
avoient rendu leurs fortunes inseparables : et de voir qu'ils estoient unis d'un
lien si indissoluble, qu'il n'y avoit plus que la mort qui les pûst separer. Les
trois jours qui suivirent cette grande Ceremonie, furent encore des jouis de
Feste, et de réjouissance : les quatre qui suivirent furent destinez au Mariage
de Myrsile, d'Intapherne, d'Atergaris, et d'Hidaspe : et durant un Mois ce ne
furent que divertissemens publics dans cette grande Cour, où tous les plaisirs
se trouvoient alors. Cyrus sçeut en ce temps là, que Thomiris estoit retournée
aux Tentes Royales : et qu'Agathyrse s'estant jetté dans Issedon, s'en estoit
fait declarer Roy, sans que la Reine des Massagettes se preparast à le renverser
du Thrône, tant elle estoit accablée par la douleur qui la possedoit : et
qu'ainsi Elybesis estoit devenuë Sujete de celuy à qui elle avoit fait une
infidellité, dans l'esperance d'estre Reine. Apres cela il reçeut des
Deputations de tous les Royaumes qu'il avoit conquis ; de toutes les Villes
principales, qui estoient sous son obeïssance, et de tous les Princes qui
estoient ses Tributaires. Ainsi il en eut de Babilone, de Suse, de Sardis,
d'Ephese, de Cumes, de Sinope, de Themiscire, d'Artaxate, d'Apamée, de Gnide, et
de beaucoup d'autres. Ceux qui s'estoient soûlevez contre Arsamone, luy
envoyerent aussi des Deputez, pour luy offrir la Couronne de Pont et de Bithinie
: et il en eut en particulier d'Heraclée, et de Chrysopolis. Le Roy de Phrigie
luy envoya des Ambassadeurs, avec des presens magnifiques : la Reine Tarine,
Mere du Prince Mazare, fit la mesme chose : le Prince de Cilicie en fit autant :
le Roy d'Armenie de mesme : le Prince Phyloxipe envoya aussi se réjouir avec
Cyrus de ce que l'Oracle que la Princesse de Salamis avoit reçeu, avoit esté
heureusement accomply en sa personne. Amasis Roy d'Egypte, le Prince Sesostris
son Fils, et la belle Thimarete y envoyerent aussi. Le Prince Thrasibule renvoya
encore vers Cyrus : le Roy d'Hicanie, et le Prince Meliante firent la mesme
chose : Pittacus enfit autant : et tous les autres Sages qu'il avoit presque
tous connus en Grece luy escrivirent : pour luy tesmoigner la joye qu'ils
avoient de voir que la Fortune avoit rendu justice a sa vertu. Apres quoy
Cambise et la Reine sa Femme retournerent à Persepolis, où ils ne firent plus
que prier les Dieux : quoy que Cyrus ordonnait à Adusius qu'il envoya pour
commander en Pense, de prendre leurs conseils en toutes choses. Tigrane Se
Onesile s'en retournerent à Artaxate, charmez de la vertu de Cyrus, et de celle
de Mandane : où Silamis leur Parent les suivit. Intapherne avec la Princesse de
Bithinie, s'en alla à Chrysopolis, avec la qualité de Roy Tributaire que Cyrus
luy donna. Atergatis, et Istrine, suivirent Gadate : Hidaspe, et Arpasie, s'en
allerent avec Gobrias : le Prince Artamas, retourna vers sa chere Palmis :
Cresus, Myrsile et Doralise, demeurerent à la Cour de Cyrus, le Prince de
Paphlagonie espousa Telagene, et s'en retourna en son Païs : Chrysante eut le
Gouvernement de la Lydie : Aglatidas eut celuy de Babilone : Ligdamis eut celuy
d'Ephese, et s'en retourna trouver sa chere Cleonice : Araspe eut celuy de
Capadoce, quand il fut revenu de Persepolis : Thrasimede eut celuy de Carie, car
les Cariens se soûmirent volontairement à Cyrus : Feraulas demeura attaché a la
Personne de ce Prince, et espousa mesme Martesie quelque temps apres : Megabise
fut envoyé en une partie de l'Arabie, qui se donna a Cyrus : et ce Grand Prince
eut enfin tant de recompenses a donner par la grandeur de ses Conquestes, qu'il
n'y eut aucun de tous ceux qui l'avoient servy, qui ne fust satisfait de sa
liberalité. Ciaxare le fut mesme tousjours de s'estre démis de la Souveraine
puissance : quoy que ce ne soit pas la coustume de faire une semblable action
sans s'en repentir. Ainsi le plus Grand Prince du Monde, apres avoir esté le
plus malheureux de tous les Amans, se vit le plus heureux de tous les hommes :
car il se vit possesseur de la plus grande Beauté de l'Asie, de la plus
vertueuse Personne de la Terre ; et d'une Personne encore de qui le grand esprit
sur passoit la grande beauté : et qui respondit si tendrement à sa passion, dés
que la vertu le luy permit, qu'il eut lieu de croire qu'il estoit autant aimé
qu'il aimoit. De plus, comme Cyrus fit encore d'autres Conquestes, il vit son
Estat borné du costé de l'Orient, parla Mer Rouge : de celuy de l'Occident par
l'Isle de Chypre et par l'Egypte : du Septentrion, par le Pont Euxin : et du
Midy par l'Ethiopie. Il eut encore l'avantage de se voir Maistre de tous les
Thresors de David, de Salomon, et de Cresus : et il se vit plus couvert de
gloire, que jamais nul autre Prince n'en avoit esté couvert. Il sçeut mesme si
bien l'art de jouïr de tous les plaisirs innocens, qu'en demeurant durant
l'Automne, et durant l'Hiver à Babilone ; durant le Printemps à Suse : et durant
l'Esté à Ecbatane ; il estoit presques dans un Printemps eternel, sans sentir
jamais ny la grande incommodité du froid, ny celle du chaud. De plus, ce Grand
Prince eut encore la gloire d'avoir mis un si bel ordre dans son Estat, et
d'avoir estably de si belles Loix, et pour la Guerre, et pour la Paix ; qu'il a
merité d'estre proposé pour Modelle à tous les Princes qui l'ont suivy : et pour
achever sa felicité, le Ciel voulut qu'elle ne fust plus troublée d'aucune sorte
de malheur, pendant le reste de sa vie. Ainsi on peut assurer, que depuis que la
Fortune et l'Amour ont fait des hommes heureux, ils n'en ont jamais fait de plus
heureux que Cyrus le fut, depuis le jour qu'il monta sur un Thrône si eslevé,
qu'il n'y en avoit point d'autre en toute la Terre qui ne fust beaucoup au
dessous..."