sábado, 15 de septiembre de 2012

Choses qui font battre le coeur





18. Choses qui font battre le coeur

Des moineaux qui nourissent leurs petits.
Se coucher seule dans une chambre délicieusement parfumée.
S'apercevoir que son miroir de Chine est un peu terni.
Une nuit où l'on attend quelqu'un. Tout à coup, on est surpris par le bruit de l'averse que le vent jette contre la maison.

19. Choses qui font naître un doux souvenir du passé

Les roses trémières désséchées.
Les objets qui servirent à la fête des poupées.
Un petit morceau d'étoffe violette ou couleur de vigne, qui vous rappelle la confection d'un costume, et que l'on découvre dans un livre où il est resté, pressé.
Un jour de pluie, où l'on s'ennuie, on retrouve les lettres d'un homme jadis aimé.
Un éventail chauve-souris de l'an passé.
Une nuit où la lune est claire.

26. Choses élégantes

Dans un bol de métal neuf, on a mis du sirop de liane avec de la glace pilée.
Un rosaire en cristal de roche.
De la neige tombée sur les fleurs des glycines et des pruniers.
...

28. Choses qui ne s'accordent pas.

Des roses trémières fichées dans des cheveux crépus.
Une mauvaise écriture sur du papier rouge.
La neige tombée sur la maison de pauvres gens. C'est encore plus pénible à voir quand la lumière de la lune y pénètre. Par un beau clair de lune, rencontrer une inélégante voiture découverte.

54. Choses que l'on entend parfois avec plus d'émotion qu'à l'ordinaire.

Le bruit des voitures, au matin, le premier jour de l'an. Le chant des oiseaux. A l'aurore, le bruit d'une toux, et, il va sans dire, le son des instruments.

56. Choses qui gagnent à être peintes

Un pin. La lande en automne. Un village dans la montagne. Un sentier dans la montagne. La grue. Le cerf. Un paysage d'hiver, quand le froid est extrême. Un paysage d'été, au plus fort de la chaleur.

57. Choses qui émeuvent profondément.
...
A la fin du neuvième mois ou au début du dixième, la musique des grillons qui vous parvient, si faible qu'on ne sait dire si on l'entend ou non.
Une poule étalée sur sses poussins, pour les protéger.
Tard en automne, les gouttes de rosée qui brillent comme des perlent de toutes sortes sur les roseaux du jardin.
Le soir, quand le vent souffle dans les bambous, au bord de la rivière.
S'éveiller à l'aube, et aussi séceiller la nuit, c'est toujours émouvant.
Un village dans la montagne, sous la neige.
...
La lande en automne.
De très vieux bonzes qui font leurs pieux exercices.
Une chaumière délabrée où grimpe et s'accroche le houblon, avec un jardin où croissent à l'envi l'armoise et les herbes folles, lorsque la clarté de la lune les illumine sans laisser un coin sombre, et que le vent souffle doucement.
...


61. Choses sans valeur

Un grand bateau, à sec dans une baie, à marée basse.
Un grand arbre renversé par le vent et couché sur le sol, les racines en l'air.
Le dos d'un lutteur qui se retire après avoir été battu.
Le temps qu'une femme dont la chevelure est courte met à se peigner après avoir oté ses faux cheveux.

82. Choses qui ne servent plus à rien mais qui rappellent le passé.

Une natte à fleurs, vieille, et dont les bords usés sont en lambeaux.
Un pin desséché, auquel s'accroche une glycine.
Dans le jadrin d'une jolie maison, un incendie a brûlé les arbres. L'étang avait d'abord gardé son aspect primitif; mais il a été envahi par les lentilles d'eau, les herbes aquatiques.
...

Choses charmantes
A travers la cloison m’arrive le bruit faible d’une voix qui n’est sûrement pas celle d’une servante. En voici justement une qui répond d’une voie juvénile, et semble s’approcher avec un bruissement d’étoffes. Peut-être est-il temps qu’elle serve le repas.

J’entends résonner les baguettes et la cuiller qui s’entrechoquent ; ou bien le bruit que fait en retombant l’anse du vase où l’on met le sake[1] vient frapper mon oreille.

Avec de jolis vêtements d’étoffe foulée, des cheveux qui, sans être en désordre, se répandent sur les épaules.

Le soir, dans une salle superbement ornée, on n’a pas apporté la lampe de la chambre ; mais un feu ardent brûle dans le brasier rectangulaire ; sa clarté fait luire les cordons de l’écran, et briller distinctement les crochets qui servent à maintenir relevé le store à tête.

Il est charmant de voir apparaître, éclairé par le feu qu’on ranime parmi les fines cendres, dans un élégant brasier, un dessin habilement fait.

Ou encore de voir très distinctement les baguettes qui servent à remuer le feu, mises en croix l’une sur l’autre.

Très tard dans la nuit, après que tout le monde s’est endormi, quelques courtisans continuent cependant à causer dehors, et l’on entend, dans la pièce du fond, le bruit répété des pierres que les joueurs de go remettent dans leur bol[2]. C’est délicieux.

Une lumière allumée sur la véranda.

J’entends du bruit à travers la cloison ; c’est un homme qui est venu voir en secret une des dames, ils m’ont réveillée au milieu de la nuit. J’écoute ; mais je ne puis distinguer leurs paroles ; le galant rit tout bas, et je me demande, amusée, ce que les deux amis peuvent bien se dire.

Sei Shonagon
Notes de chevet

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