viernes, 18 de marzo de 2011

La langue des rossignols



« Le docteur Jean-Mathieu Bechstein, célèbre naturaliste et grand chasseur (1757-1811), a laissé vingt-cinq ouvrages, tous relatifs à l'histoire naturelle, aux diverses espèces de chasse et à l'administration des forêts. Il s'était surtout livré à l'ornithologie, et avait fait une étude particulière des moeurs et du langage des oiseaux. On pense bien que le rossignol ne devait pas y être oublié.

Figurez-vous donc le gentil animal, perché sur sa branche, levant la tête, ouvrant le bec et dégoisant ainsi la kyrielle de ses sons ravissants:

Tiouou, tiouou, tiouou, tiouou,
Shpe tiou tokoua,
Tio, tio, tio, tio,
Kououtiou, kououtiou, kououtiou, kououtiou;
Tskouo, tskouo ; tskouo, tskouo;
Tsii, tsii, tsii, tsii, tsii, tsii, tsii,tsii,tsii, tsii.
Kouorror, tiou.
Tskoua pipitskouisi. Tso, tso, tso, tso, tso, tso, tso, tso, tso, tso, tso, tso, tsirrhading!
Tsisi si tosi si si si si si si si,
Tsorre, tsorre, tsorre, tsorrehi;
Tsatn tsatn tsatn tsatn tsatn tsatn tsatn tsi.
Db db db dia db db db db db
Kouioo trrrrrrrrritzt.
Lu lu lu ly ly ly lî lî lî, lî,
Kouio didl li loulyli.
Ha guour guour koiii kouio!
Kouio kououi kououi kououi koui koui
koui koui, ghi ghi ghi;
Oholi gholl gholl gholl ghîa hududoi.
Koui koui horr ha dia dia dillhi.
Hats hets hets hets hets hets hets hets hets hets hets hets hets hets hets.
Touarrho hostehoi ;
Kouia kouia kouia kouia kouia kouia kouia kouiati;
Koui koui koui io io io io io io io koui
Lu lyle lolo didi io kouia.
Hihuai guai guay guia guia guia guia guia kouior tsio tsiopi

Voilà le texte pur de la langue des rossignols ; on ne sera peut-être pas fâché d'en avoir la traduction française, telle que nous l'a donnée un homme de beaucoup d'esprit. Feu M. Dupont de Nemours, membre de l'Institut, a ainsi rendu ce morceau ou partie de morceau, dans notre idiome:

Dors, dors, dors, dors, ma douce amie
Amie, amie,
Amie, amie,
Si belle et si chérie:
Dors en aimant,
Dors en couvrant,
Ma belle amie,
Nos jolis enfants,
Nosjolls, jolis, jolis, jolis, jolis,
Si jolis, si jolis, si jolis
Petits enfants.
(Un silence.)
Mon amie,
Ma belle amie,
A l'amour,
A l'amour ils doivent la vie;
A tes soins ils devront le jour.
Dors, dors, dors, dors, ma douce amie,
Auprès de toi veille l'amour,
L ‘amour,
Auprès de toi veille l'amour.

[...] Cet estimable écrivain ne s'est pas exclusivement occupé du chant du rossignol, il a encore cherché à comprendre et à traduire la langue d'autres oiseaux et même de quelques autres animaux. Quoique ces opinions soient très hasardées, elles peuvent cependant fixer l'attention sur une foule de faits curieux, car il est certain que les animaux vivant en société ou en famille doivent avoir quelques moyens de s'entendre et de se communiquer leurs idées.

C'est une erreur, selon cet observateur, de croire queles oiseaux répètent toujours le même son ; il assure que le croassement des corbeaux ne comprend pas moins de vingt-cinq mots différents que voici:

Cra, cre, cro, cron, cronon.
Grass, grçss, gross, gronss, grononess.
Crac, crea, crac, crona, groness.
Crao, creo, croc, crone, gronass.
Craon, creo, croo, crono, gronoss.

"Si nous pensons, continue l'auteur, qu'avec nos dix chiffres arabes, qui sont dix lettres, dix mots, en les combinant deux à deux, trois à trois, quatre à quatre, on forme les chiffres diplomatiques de 100, de 1000, de 10... caractères, ou de plus de mots que n'en a aucune langue connue, on aura moins de peine à comprendre que les corbeaux puissent se communiquer leurs idées. Leurs vingt cinq mots suffisent bien pour exprimer : Là, ici, droite, gauche, en avant, halte, pâturez, garde à vous, l'homme armé, froid, chaud, partir, je t'aime, moi de même, un nid, et une dizaine d'autres qu'ils ont à se donner selon leurs besoins."

Passant des oiseaux aux quadrupèdes, l'auteur dit:
"Le chien n'emploie que des voyelles, et quelquefois, mais seulement dans la colère, les deux consonnes g et z. Le chat emploie les mêmes voyelles que le chien, et de plus six consonnes, m, n, g, r, y, f." »


(G. P. PHILIMNESTE, Le Livre des singularités, 1841.)

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