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viernes, 16 de septiembre de 2011

Le pensionnat de Humming-Bird Garden





Le pensionnat de Humming-Bird Garden



Le jardin ratissé, calme, offrait devant la haute maison ses pelouses vertes et ses allées géométriques aux jeux des petites filles. Quand je dis offrait, il eût fallu spécifier que c’était le jour. Or, il était nuit. La haute bâtisse se dressait trouée par trois fenêtres éclairées sur le fond parfaitement bleu de la nuit. À l’horizon, c’étaient des forêts animées par le frémissement du vent, retentissantes du cri des chouettes et des chats-huants, des plaintes des lapins assassinés (on trouve en tas leurs poils et leurs ossements sur le sol, au-dessous des nids de rapaces nocturnes), du travail sourd et souterrain des taupes, c’était l’océan sillonné de requins et de paquebots, croisé, non loin des côtes, par le va-et-vient des torpilleurs portant le pavillon de l’Union Jack, troublé par les vagues, les coups de queue des marsouins et les chocs d’épaves sur les récifs, égayé par des bals de crevettes et d’hippocampes, brillant de l’émigration des sardines et des anguilles, grouillant dans les rochers ténébreux de crabes et de langoustes, c’étaient des marais receleurs de cadavres, cadavres d’enlisés momifiés dans des poses horribles, cadavres d’assassinés jetés là par des bandits après exploration des poches et des bagages, c’étaient des routes blanches et des voies ferrées luisantes, c’était le rayonnement céleste d’une grande ville : Londres sans doute, visible réellement ou imaginable, de cette contrée d’Angleterre appelée comté de Kent.

Il était onze heures de la nuit. Un homme assez jeune se dirigeait à travers la forêt, péniblement en raison des racines et des fougères, vers cette bâtisse de briques rouges entourée de pelouses unies.

Peu à peu, des nuages montèrent de derrière les marais et remplirent le ciel. Nuages lourds de tonnerres futurs et receleurs d’éclairs. Des cris de haleurs venaient du côté de la mer.

À l’une des fenêtres de la bâtisse un bruit clair retentit. Bruit de claques sonores, bruit de fouet. Un cri s’éleva, puis plusieurs qui se confondirent bientôt en un gémissement monotone.

Dans une salle, une femme de trente-cinq ans, fort belle, brune à reflets roux, fouettait une fille de seize ans étendue en travers de ses genoux. Elle avait d’abord frappé avec la main. On distinguait encore l’empreinte rouge des cinq doigts sur la chair délicate. Le pantalon descendu emprisonnait de dentelles les genoux de la victime dont les cheveux dénoués voilaient le visage. La croupe frémissante se contractait spasmodiquement. Les empreintes de doigts disparaissaient peu à peu, remplacées par les zébrures rouges du martinet de cuir de la correctrice. Parfois, quand le cinglement avait meurtri particulièrement l’enfant, un bond la faisait sursauter davantage, les cuisses s’entrouvraient et c’était un spectacle sensuel qui émouvait une autre jeune fille, attendant dans un coin de la pièce son tour d’être châtiée.

Et voici que maintenant que l’éclair va paraître dans ce ciel évoqué, malgré sa noirceur, sur le papier blanc, je comprends pourquoi le tableau se composa de telle façon. La similitude de l’éclair et du coup de martinet sur la croupe blanche d’une pensionnaire de seize ans suscita seule la montée de la tempête dans l’impassible nuit qui recouvrait le pensionnat.

Pensionnat d’Humming-Bird Garden, tu te dressais depuis longtemps sans doute dans mon imagination, maison de briques rouges entourée de calmes pelouses, avec les dortoirs où les vierges sentant passer les fils de la vierge de minuit se retournent voluptueusement, sans s’éveiller, dans leurs lits, avec la chambre de la directrice, femme autoritaire et son arsenal de fouets, de verges et de cravaches, avec les salles de classes où les chiffres blancs sympathisent du fond du tableau noir avec les mystérieux graphiques dessinés dans le ciel par les étoiles, mais tandis que tu restais immobile dans un paysage de leçon de choses, l’orage de toute éternité montait derrière ton toit d’ardoise pour éclater, lueur d’éclair, à l’instant précis où le martinet de la correctrice rayerait d’un sillon rouge les fesses d’une pensionnaire de seize ans et éclairerait douloureusement, tel un éclair, les mystérieuses arcanes de mon érotique imagination. N’ai-je écrit cette histoire que pour évoquer votre ressemblance, éclair, coup de fouet ! et dois-je dresser l’apparence de cette nuit d’orage, sombre femme mais belle, avec ses seins évocateurs des rochers pointus du rivage, ses profonds yeux noirs, les boucles noires de ses cheveux et le teint identique aux prunes d’été, qui, brandissant un fouet cruel d’un bras robuste, en dépit du désordre de sa robe sombre, désordre qui révèle ses admirables seins et sa cuisse musclée, poursuit une marche majestueuse et fait naître le respect.

Dans la chambre éclairée du pensionnat, le châtiment tire à sa fin. La fillette congestionnée murmure à peine. La dispensatrice donne encore deux ou trois coups de fouet, quelques claques puis, soigneusement, elle rabat la fine chemise, remonte le pantalon, redresse la victime et lui désigne un coin où elle va s’agenouiller.

Cependant, l’homme marchait toujours à travers la forêt. Les premières gouttes de pluie n’avaient tout d’abord pas transpercé l’épais feuillage. Ç’avait d’abord été l’odeur de la poussière mouillée, puis celle des feuilles, puis celle de l’herbe. Enfin, l’eau était tombée sur le marcheur. Son chemin était devenu plus rude. Glissant sur la terre glaise, s’enfonçant dans les fondrières et le terreau mou dissimulé par l’herbe, le visage inondé au soufflet des basses branches, il allait vers la lisière. Il l’atteignit enfin.

Légèrement en contrebas, la plaine offrait un panorama orageux. Les éclairs frappaient de leur lueur tantôt le ventre flasque des nuages et le sommet moutonnant des forêts, tantôt la façade d’une maison qu’elle blanchissait et rendait terrible comme une maison hantée. Le tonnerre mêlait son grondement discontinu au bruit constant de la mer. Le vent se calma. À la pluie d’orage succéda une pluie fine qui, par sa monotonie, donnait une impression de perpétuité.

L’homme se dirigea vers la seule maison éclairée : le pensionnat d’Humming-Bird Garden.

La maîtresse avait attiré à elle la seconde enfant, blonde et robuste, avec deux fossettes aux joues, fossettes identiques à celles que lorsque à son tour elle se trouva à plat ventre sur les genoux du bourreau, troussée et dénudée, révéla son cul blanc et cambré.

Un instant, l’acharnée correctrice s’attarda à contempler ce spectacle troublant, chair blanche qu’elle allait ensanglanter et qui se perdait étrangement dans la masse des jupes, du jupon et de la chemise relevés. Elle dégrafa les jarretières et rabattit les bas jusqu’aux genoux : une jambe s’était dégagée du pantalon qui pendait au pied de l’autre.

Puis l’adroite tortionnaire commença à claquer partir des jarrets les cuisses rondes en remontant vers la taille. Elle embrasa au passage les deux superbes méplats, d’abord masses blanches, puis roses rougissantes, puis orange presque sanguines. Sous les coups, elles se contractèrent, réduisant la raie médiane en un très court sillon. Bientôt, la masse musclée fut prise de soubresauts, se contractant et se relâchant sans mesure, laissant entrevoir le fossé brun où une bouche charnue s’apercevait, plissée et ombragée par des poils. Parfois même, et comme pour sa compagne, un grand sursaut cambrait davantage les reins, écartait les cuisses et le sexe était dévoilé. Quand le sang courut rapidement sous la chair, l’exécutrice saisit le martinet qui, là aussi, zébra de sang la peau fine. Puis le fouet succéda, puis la cravache.

L’homme atteignit la maison. Un instant son imagination fut pareille aux bâtisses surnaturellement blanchies à l’approche de l’orage, et le calme spectacle de la pelouse rasséréna ses pensées. Cependant, le son des coups sur la chair attira son attention. Il gagna le pied même du bâtiment et, par un tuyau d’écoulement des eaux de gouttière, se hissa jusqu’à la fenêtre ouverte d’où venait le bruit.

L’exécution était presque terminée. Maintenant, les mains parachevaient l’œuvre. Elles meurtrissaient d’une tape sèche les rares endroits qu’avait épargnés le cuir.

Puis, l’enfant habillée et redressée, la maîtresse se leva et commanda :

— Dolly et vous, Nancy, déshabillez-moi, que je me couche.

Dolly et Nancy se mirent à genoux. Elles délacèrent les souliers de cuir jaune et, glissant leurs petites mains sous les jupes, elles détachèrent les jarretelles et amenèrent les bas. Debout, elles dégrafèrent minutieusement le corsage et la jupe. La femme apparut en pantalon de dentelle et soutien-gorge. Ces deux vêtements tombèrent à leur tour. Nue, les seins durs, la croupe cambrée, la femme dominait les deux fillettes qui, obéissant à un rite convenu, baisèrent la bouche méchante, le ventre rond, le cul robuste, avant de la revêtir d’une chemise fine et courte et de natter ses cheveux ardents.

Alors, l’homme cramponné au balcon leva la fenêtre à guillotine et pénétra dans la pièce. Il sortit de sa poche un revolver noir et le posa sur la cheminée. Ramassant les bas de la femme qui le considérait sans bouger, il emprisonna dans l’un la tête de Dolly et dans l’autre celle de Nancy, enfin se retournant :

— Conduis-moi.

Elle précéda dans un couloir sombre, poussa une porte grinçante, pénétra dans un dortoir.

Dans trente lits blancs dormaient ou, plutôt, feignaient de dormir, trente jeunes filles. Sous la clarté tremblante des veilleuses, leur chevelure, le plus souvent blonde et parfois rousse, semblait frémir. La maîtresse réveilla le dortoir. Sous trente couvertures blanches, trente corps palpitants s’agitèrent. Les yeux grands ouverts, les enfants contemplaient leur redoutable tyran et le Corsaire Sanglot, puisque c’était lui, personnage nouveau, terrible et délicieux comme leurs rêves.

Elles se levèrent et leur théorie descendit l’escalier de sapin verni. La pluie avait cessé. Le jardin sentait comme tous les romanciers l’ont dit. Imaginez maintenant sur la pelouse verte trente jeunes filles à la chemise retroussée au-dessus de la croupe, à genoux. Et que fit le héros d’une si troublante aventure ? Les échos retentirent longtemps des corrections infligées à ces corps en émoi. Le petit jour levait son doigt au dessus de la forêt quand le Corsaire cessa de meurtrir ces cuisses tendres et ces hanches musclées.

Après quoi, il y eut une étreinte entre lui et la terrible maîtresse qui avait assisté, sans mot dire, aux actions de son amant.

Encore une fois, Louise Lame et le Corsaire Sanglot se sont rencontrés. À l’Angelus (sonne-t-on l’Angelus en Angleterre), ils se séparent. Lui, regagne son chemin de la forêt épaisse. Elle, fait rentrer au dortoir les élèves amoureuses et humiliées. Elle délivre Nancy et Dolly endormies avec un bas sur leur tête.

Jusqu’à midi les trente-deux filles dormiront, étonnées au réveil de cette liberté accordée. Regardant le grand soleil de midi frapper leur lit étroit, elles se souviendront des événements de la nuit. L’amour et la jalousie ensemble tortureront leurs âmes. Il leur faudra se lever et reprendre le travail écolier. Quand il leur faudra subir le fouet de la maîtresse, elles seront prises d’un étrange émoi. Souvenir du séducteur cruel et charmant, haine de celle qui le posséda. Et tout se passe comme j’ai dit. Bientôt même et pour mieux évoquer ce matin tendre où elles rencontrèrent l’amour, elles entreprennent de se meurtrir elles-mêmes. Les récréations se passent maintenant derrière les buissons de prunelliers. Et, deux à deux, elles se fouettent mutuellement, bienheureuses quand le sang entoure leurs cuisses d’un mince et chaud reptile. Corsaire Sanglot poursuit sa marche solitaire, tandis qu’en souvenir de lui, dans une calme plaine environnée de bois du comté de Kent, trente jeunes filles se flagellent de jour et de nuit et comptent au matin, en faisant leur toilette, avec une indicible fierté, les cicatrices dont elles sont marquées.

Le soir, la maîtresse, comme à l’ordinaire, choisit deux victimes et les emmène dans sa chambre. Et elle frappe ces cuisses qui ont souffert par lui, avec rage. Elle aurait aussi voulu souffrir comme elles et la haine amoureuse la dresse. Car elle n’a pas suffi au contentement du Corsaire.

Il lui a fallu d’abord la possession barbare de ses élèves, et rien ne pourra désormais consoler ces âmes en peine.

En dépit des années passant sur la pelouse unie et les allées et les arbres de la forêt proche.

En dépit des années passant sur ces fronts soucieux, sur ces yeux amoureux des ténèbres, sur ces corps énervés.

Et, quelque nuit, l’orage roulant sur la plaine et le marécage éclairera de nouveau la façade sévère et le marais aux feux follets.


Mais plus jamais le Corsaire Sanglot ne reparaîtra dans le pensionnat où des cœurs sans défaillance l’attendirent, cœurs aujourd’hui séniles dans d’immondes anatomies de vieilles femmes.


Robert Desnos, La liberté ou l´amour

sábado, 19 de marzo de 2011

O délicat con d'Irène




O délicat con d'Irène


C’est ici que tu es à ton aise, homme enfin digne de ton nom, c’est ici que tu te retrouves à l’échelle de tes désirs. Ce lieu, ne crains pas d’en approcher ta figure, et déjà ta langue, la bavarde, ne tient plus en place, ce lieu de délice et d’ombre, ce patio d’ardeur, dans ses limites nacrées, la belle image du pessimisme.
Ô fente, fente humide et douce, cher abîme vertigineux.

C'est dans ce sillage humain que les navires enfin perdus, leur machinerie désormais inutilisable, revenant à l'enfance des voyages, dressent à un mât de fortune la voilure du désespoir. Entre les poils frisés comme la chair est belle sous cette broderie bien partagée par la hache amoureuse, amoureusement la peau apparaît pure, écumeuse, lactée. Et les plis joints d'abord des grandes lèvres bâillent. Charmantes lèvres, votre bouche est pareille à celle d'un visage qui se penche sur un dormeur, non pas transverse et parallèle à toutes les bouches du monde, mais fine et longue, et cruciale aux lèvres parleuses qui la tentent dans leur silence, prête à un long baiser ponctuel, lèvres adorables qui avez su donner aux baisers un sens nouveau et terrible, un sens à jamais perverti.

Que j'aime voir un con rebondir.

Comme il se tend vers nos yeux, comme il bombe, attirant et gonflé, avec sa chevelure d’où sort, pareil aux trois déesses nues au-dessus des arbres du Mont Ida, l’éclat incomparable du ventre et des deux cuisses. Touchez mais touchez donc vous ne sauriez faire un meilleur emploi de vos mains. Touchez ce sourire voluptueux, dessinez de vos doigts l’hiatus ravissant. Là que vos deux paumes immobiles, vos phalanges éprises à cette courbe avancée se joignent vers le point le plus dur, le meilleur, qui soulève l’ogive sainte à son sommet, ô mon église. Ne bougez plus, restez, et maintenant avec deux pouces caresseurs, profitez de la bonne volonté de cette enfant lassée, enfoncez, avec vos deux pouces caresseurs écartez doucement, plus doucement, les belles lèvres, avec vos deux pouces caresseurs, vos deux pouces. Et maintenant, salut à toi, palais rose, écrin pâle, alcôve un peu défaite par la joie grave de l’amour, vulve dans son ampleur à l’instant apparue. Sous le satin griffé de l’aurore, la couleur de l’été quand on ferme les yeux.

Ce n´est pas pour rien, ni hasard ni préméditation, mais par ce BONHEUR d´expression qui est pareil à la jouissance, à la chute, à l´abolition de l´être au milieu du goutre lâché, que ces petites soeurs des grandes lèvres ont reçu comme une bénédiction céleste le nom de nymphes qui leur va comme un gant. Nymphes au bord des vasques, au coeur des eaux jaillissantes nymphes dont l’incarnat se joue à la margelle d’ombre, plus variables que le vent, à peine une ondulation gracieuse chez Irène, et chez mille autres mille effets découpés, déchirés, dentelles de l’amour, nymphes qui vous joignez sur un noeud de plaisir, et c’est le bouton adorable qui frémit du regard qui se pose sur lui, le bouton que j’effleure à peine que tout change. Et le ciel devient pur, et le corps est plus blanc. Manions-le, cet avertisseur d’incendie.

Déjà une fine sueur perle la chair à l’horizon de mes désirs. Déjà les caravanes du spasme apparaissent dans le lointain des sables. Ils ont marché, ces voyageurs, portant la poudre en poire, et les pacotilles dans des caisses aux clous rouillés, depuis les villes des terrasses et les longs chemins d’eaux qu’endiguent les docks noirs. Ils ont dépassé les montagnes. Les voici dans leurs manteaux rayés. Voyageurs, voyageurs, votre douce fatigue est pareille à la nuit. Les chameaux les suivent, porteurs de denrées. Le guide agite son bâton, et le simoun se lève de terre, Irène se souvient soudain de l’ouragan. Le mirage apparaît, et ses belles fontaines... Le mirage est assis tout nu dans le vent pur. Beau mirage membré comme un marteau-pilon. Beau mirage de l’homme entrant dans la moniche. Beau mirage de source et de fruits lourds fondant. Voici les voyageurs fous à frotter leurs lèvres. Irène est comme une arche au-dessus de la mer. Je n’ai pas bu depuis cent jours, et les soupirs me désaltèrent. Han, han. Ire appelle son amant. Son amant qui bande à distance. Han, han. Irène agonise et se tord. Il bande comme un dieu au-dessus de l’abîme. Elle bouge, il la fuit, elle bouge et se tend. Han. L’oasis se penche avec ses hautes palmes. Voyageurs vos burnous tournent dans les sablons. Irène à se briser halète. Il la contemple. Le con est embué par l’attente du vit. Sur le chott illusoire, une ombre de gazelle...

Enfer que tes damnés se branlent, Irène a déchargé.


Louis Aragon

lunes, 21 de febrero de 2011

El Cipote de Archidona







La insólita y gloriosa hazaña del cipote de Archidona

de la correspondencia entre Camilo J. Cela y Antonio Canales



CARTA DE ALFONSO CANALES
(3/2/1972)
Querido Camilo José:
Con mucho gusto te relataré el incidente a que te
refieres en tu carta.
La cosa ha acaecido en Archidona, muy cerca de
donde se halla la célebre Peña de los Enamorados. Una
pareja -no consta que fueran novios formales- se
encontraba en el cine, deleitándose con la contemplación de
un filme musical. La música o las imágenes debían ser un
tanto excitantes, porque a ella, según tiene declarado, le dio
-no sabe cómo- el volunto de asirle a él la parte más
sensible de su físico. El cateto debía ser consentidor, pues
nada opuso a los vehementes deseos de su prójima. Dejóla
hacer complacido, sin previsión de las consecuencias que
habría de tener su regalada conducta.
Según parece, el manipulado, hombre robusto por
demás, era tan virgen como López Rodó o, al menos,
llevaba mucho tiempo domeñando sus instintos. El caso es
que, en arribando al trance de la meneanza, vomitó por
aquel caño tal cantidad de su hombría, y con tanta fuerza
que más parecía botella de champán, si no geiser de
Islandia.
Los espectadores de la fila trasera, y aun de la más
posterior, viéronse sorprendidos con una lluvia jupiterina, no
precisamente de oro. Aquel maná caía en pautados
chaparrones, sin que pareciera que fuese a escampar nunca.
Alguien llamó airadamente, identificando el producto e
increpando con soeces epítetos al que lo producía en
cantidades tan industriales.
Se hizo la luz. El cateto pensó que la tierra, en eso de
tragarse a los humanos, obra con una censurable falta de
oportunidad. Doblemente corrido, trataba en vano de
retornar a su nido la implacable regadera. Su colaboradora
ponía cara de santa Teresita de Lisieux, aunque con más
arrebol en las mejillas. Ambos fueron detenidos y
conducidos a la presencia judicial, lo que ocasionó que se
incoara el oportuno sumario por escándalo público, a falta
de otra tipificación más especificadora.
El juez hizo el ofrecimiento de acciones a los poluídos,
quienes no sólo quedaron enterados, sino que presentaron
justificantes de los daños y perjuicios. Un prestigioso
industrial incorporó a los autos la factura del sastre que
había confeccionado su terno, que devino inservible. Y una
señora, de lo más granado de la sociedad archidonense,
presentó la cuenta de la peluquería donde, al siguiente día,
hubo de hacerse lavar el cabello (el Fiscal no acaba de
explicarse cómo pudo pasar la noche sin un lavado casero
de urgencia).
Como primera providencia, puesto que así lo imponen
las reglas de la moral, los intérpretes del raro suceso han
contraído honesto matrimonio. ¡Gran equivocación!
Imagínate lo que hubieran podido prosperar, en cualquier
parte del mundo, tanto el prepotente poseedor de la
manguera como su eficaz partenaire.
La causa está ahora en trámite de calificación. Cuando
se dicte la sentencia, te proporcionaré una copia. Será un
documento acreditativo de las reservas, no meramente
espirituales, de nuestra recia estirpe.
Un fuerte abrazo



CARTA DE CAMILO J. CELA
(7/2/1972)
Querido Alfonso:
¡Bendito sea Dios Todopoderoso, que nos permite la
contemporaneidad con estos cipotes preconciliares y sus
riadas y aun cataratas fluyentes! Amén. ¡Viva España! ¡Cuán
grandes son los países en los que los carajos son procesados
por causa de siniestro! El suceso muy bien podría originar la
aparición de una frase adverbial aún no nacida -"como el
cipote de Archidona"- señaladora de óptima calidad y
desaforada cantidad. Te ruego que transmitas a la Excma.
Diputación Provincial de Málaga mi propuesta de que le sea
atribuído un homenaje de ámbito nacional al dueño de la
herramienta, honra y prez de la patria y espejo de patriotas.
Podría levantarse en su honor un monolito granítico con una
farola en la punta del haba -el falofaro de Archidona- visible
desde las costas de Africa; podrían editarse tarjetas postales
y fabricarse cipotillos de solapa; podría incluirse la
contemplación de tanta gloriosa prepotencia en el programa
de los cursos de verano para extranjeros.
¿Os dais cuenta los malagueños, mi querido Alfonso, de
lo didáctico que resultaría? ¡A qué lindes insospechadas de
progreso nos ha llevado el III Plan de Desarrollo y la sabia
política de nuestros beneméritos tecnócratas, a quienes Dios
guarde para mejor lección de todos! Entre nuestro común
amigo don Lupercio Leonardo de Argensola y yo hemos
compuesto, en loor del pijo histórico, el poema que paso a
copiarte:

SONETO
Claro cipote, cuya frente altiva
cubre de nubes tan tupido velo
que nos hace creer que en ella el cielo
y en sus cojones su razón estriba.
En ti mostró su boca vengativa
el gran león, forzado de su celo,
y en ti de voluntad empieza el vuelo
del goterón de leche en lavativa.
Hoy proclama la gloria de Archidona
que anegas con tus huevos a su gente
por tu fluidora pija perseguida.
Hoy el mundo en tu justo honor pregona
que salvo incordio, chancro o accidente,
no hay pija cual tu pija en esta vida.

Un abrazo de tu emocionado y viejo amigo


Muy buena reconstitución cinematográfica en
http://www.youtube.com/watch?v=y50ArUyLptg
http://www.youtube.com/watch?v=Bjnl3bTkOwo&NR=1

domingo, 10 de octubre de 2010

Lord Patchogue



Quand la fatigue aura gagné Lord Patchogue dans son poste d’observation, avec la certitude de ne découvrir rien qu’une confirmation, il se retourne ; un miroir est derrière lui et c’est encore Lord Patchogue qui se regarde. Chacun dit à l’autre, dans un effroi qui s’augmente à se contempler : « Je suis un homme qui cherche à ne pas mourir » — et pour la seconde fois, Lord Patchogue s’élance à travers la glace. Fracas, éclats de verre. Lord Patchogue est debout en face d’un nouveau miroir, en face de Lord Patchogue. Au front, la coupure saigne à nouveau. Lord Patchogue répète : « Je suis un homme qui cherche à ne pas mourir », et quand il traverse le troisième miroir, au milieu d’un bruit maintenant familier, il sait qu’il rencontrera Lord Patchogue dont le front saignera davantage dans le quatrième miroir qui lui dira : « Je suis un homme qui cherche à ne pas mourir ». Il le sait maintenant, il ne pourra que casser du verre ; l’œil qui regarde l’œil qui regarde l’œil qui regarde... L’homme qui cherche à ne pas mourir est lancé ; il marche automatiquement, sans curiosité, sans « affectation » parce qu’il ne peut pas faire autrement ; à chaque pas, un nouveau miroir vole en éclats ; il marche environné de ce fracas qui est douceur à l’oreille du condamné. À chaque miroir, il scande : « ... l’œil — qui regarde l’œil — qui regarde l’œil — qui reg... » Lord Patchogue s’est arrêté. Le plancher n’est qu’un miroir en morceaux, c’est-à-dire murs et plafond. Joli paysage : murs et plafond se logent comme ils peuvent dans les débris de glace.

Le plan de Lord Patchogue est fait. Tant pis pour le premier qui se présentera. Attente. Enfin un bruit de pas qui s’approchent du chasseur en cage. Il y a quelqu’un dans la chambre, quelqu’un qui reste éloigné du miroir. Tout de même l’appel du miroir serait-il en vain ? Non, le voici qui s’avance... Malheur, c’est une femme !

— C’est de la triche ! Va-t’en, sucrée ! Au suivant !

Elle se mire, professionnelle. Désemparé, passif, Lord Patchogue lui renvoie ce qu’elle demande. Quel amour, quels amants, quels quels... La jeune fille a de la complaisance. La voici qui passe ses mains sur ses seins. Lord Patchogue, docilement, accompagne ses gestes. Il ne lui faut pas moins que le contact sous ses doigts de deux jeunes globes étrangers pour le rappeler à lui-même. Par-dessous sa chemise, ses doigts restent attachés avec précaution à une gorge de femme. Comme elle respire, il la sent se gonfler, il apprend sa tiédeur. Pour ajuster son bas, elle découvre une jambe avec cette espèce de précision anonyme que donne la certitude d’être à l’abri de toute surveillance. Lord Patchogue, obéissant aux vœux inexprimés, lui accorde une jambe d’amour. La transformation s’arrête-t-elle au buste, ou bien... Une inquiétude burlesque saisit Lord Patchogue, si impérieuse est la superstition de la virilité, qu’au lieu d’espérer l’acquisition d’un nouveau sexe, Lord Patchogue, d’un geste hâtif mais exemplaire, s’assure qu’il n’a pas cessé d’être un homme. Comme il s’apprête à respirer, un cri en face de lui... Car, hélas, la jeune fille, à son tour passive, pouvait-elle faire moins que reproduire le geste de Lord Patchogue. Et quelle découverte ! Des attributs que seul le mariage devait lui dénoncer. Elle a beau s’enfuir, la malheureuse, vers quels rêves...

J. RIGAUT