domingo, 23 de octubre de 2011

Sade et ses "prestiges"




"Nous avons signalé dans notre Vie du Marquis de Sade les nombreuses demandes d´étuis et de flacons contenues dans les lettres du captif adressées à la marquise. L´usage qu´il en faisait est clairement défini par cette phrase où, après avoir remercié sa femme de l´envoi du portrait d´un "bau garçon", il s´écrit: "L´étui donc! au moins l´étui, puisque vous me réduisez aux illusions!" et non moins clairement explicité dans sa lettre connue sous le titre de La Vanille et la Manille.
(...)
[Cette lettre, datée du 8 octobre 1778 contient en marge, à droite, cinq petites colonnes transversales qui offrent une liste de masturbations et une liste de "prestiges".]

Ce document sans exemple est le relevé, en premier lieu de vingt-deux mois d´onanisme tant tnormal que d´inspiration homosexuelle, du 7 septembre 1778 au début de juillet 1780, en second lieu de seize mois non spécifiés d´onanisme exclusivement avec "prestiges". Le tout est surmonté de ces deux indications mystérieuses: "22 avril, vipériquement; 25 avril, nerac"...


1er mois 26
le 2e 20 dont 5 avec prestige
le 3e 11 dont avec prestige quatre
le 4e 8 dont avec prestige un

prestiges
1er mois 0
2e 14
3e 11 dont 7 gros
4e mois 8 dont 3 gros
5e mois 6 dont 3 gros
6e mois 6 dont 3 gros
7e mois 7 dont 3 gros et un immense
8e mois 9 dont 3 gros et un immense
9e mois 19 dont 12 gros et 7 immenses
10e mois 24 dont au moins 20 gros et deux sur deux immenses
...

S´il pouvait subsister le moindre doute sur la signification du mot "prestige", la lettre inédite ci-après, adressée à Mme de Sade servirait à nous éclairer définitivement:

Vous voyez bien que ce flacon-là ne vaut rien pour un flacon de poche, moyennant quoi, je vous le renvoie. Qu´il vous serve pour les proportions de ceux que je demande à Abraham de me faire faire depuis si longtemps à sa manufcature de cristal, en prenant les dimensions par le haut, non par le bas; ce serait beaucoup trop petit, mais par le haut ce sera positivement ce qu´il me faudra pour mon nécessaire. J´en ai pris la mesure juste sur le trou, et c´est ça positiviement. Mais il y faudra trois pouces de plus de hauteur au moins, quoique à bien dire la circonférence est l´essentiel, et ce à quoi je désire qu´il mette sa plus grande attention (...) Abraham m´a assuré en avoir fourni de cette même mesure à Monsieur l´Archevêque de Lyon: dites-lui qu´il s´en rappelle (...). Ces mêmes flacons pourront également servir sur la toilette, si tu veux; le matin sur ta toilette et le soir sur ma table de nuit. Voilà pourquoi il faut lui en demander deux..."

(...)
Comme sa femme lui écrivait: "Est-ce que tu es mécontent de ce que je t´ai envoyé? Est-ce que tu ne veux rien pour ta quinzaine? Ton silence me tue. IL n´est sorte de choses que je me fourre dans la tête", au niveau de cette dernière phrase le rpisonnier a écrit en marge: Et moi, dans le c..."

(...)
Indiquons, pour terminer qu´un extrait d´Etat des détenus par mesure de haute police témoigne (...) que, durant son séjour à la prison de Sainte-Pélagie, entre avril 1801 et mars 1803, M. de Sade, âgé de plus de soixante ans, ne laissait pas de sacrifier encore à ses idoles priapiques"


Gilbert Lély,
Observations sur les étuis et flacons employés d´étrange sorte par le Marquis de Sade et qu´il a désignés sous le nom de "prestiges"

lunes, 10 de octubre de 2011

Rin Rin Renacuajo



El hijo de rana, Rinrín renacuajo

Salió esta mañana muy tieso y muy majo

Con pantalón corto, corbata a la moda

Sombrero encintado y chupa de boda.



-¡Muchacho, no salgas¡- le grita mamá

pero él hace un gesto y orondo se va.



Halló en el camino, a un ratón vecino

Y le dijo: -¡amigo!- venga usted conmigo,

Visitemos juntos a doña ratona

Y habrá francachela y habrá comilona.



A poco llegaron, y avanza ratón,

Estírase el cuello, coge el aldabón,

Da dos o tres golpes, preguntan: ¿quién es?

-Yo doña ratona, beso a usted los pies



¿Está usted en casa? -Sí señor sí estoy,

y celebro mucho ver a ustedes hoy;

estaba en mi oficio, hilando algodón,

pero eso no importa; bienvenidos son.



Se hicieron la venia, se dieron la mano,

Y dice Ratico, que es más veterano :

Mi amigo el de verde rabia de calor,

Démele cerveza, hágame el favor.



Y en tanto que el pillo consume la jarra

Mandó la señora traer la guitarra

Y a renacuajo le pide que cante

Versitos alegres, tonada elegante.



-¡Ay! de mil amores lo hiciera, señora,

pero es imposible darle gusto ahora,

que tengo el gaznate más seco que estopa

y me aprieta mucho esta nueva ropa.



-Lo siento infinito, responde tía rata,

aflójese un poco chaleco y corbata,

y yo mientras tanto les voy a cantar

una cancioncita muy particular.



Mas estando en esta brillante función

De baile y cerveza, guitarra y canción,

La gata y sus gatos salvan el umbral,

Y vuélvese aquello el juicio final



Doña gata vieja trinchó por la oreja

Al niño Ratico maullándole: ¡Hola!

Y los niños gatos a la vieja rata

Uno por la pata y otro por la cola



Don Renacuajito mirando este asalto

Tomó su sombrero, dio un tremendo salto

Y abriendo la puerta con mano y narices,

Se fue dando a todos noches muy felices



Y siguió saltando tan alto y aprisa,

Que perdió el sombrero, rasgó la camisa,

se coló en la boca de un pato tragón

y éste se lo embucha de un solo estirón



Y así concluyeron, uno, dos y tres

Ratón y Ratona, y el Rana después;

Los gatos comieron y el pato cenó,

¡y mamá Ranita solita quedó!


(Rafael Pombo)

lunes, 26 de septiembre de 2011

Le cul de Chausson




Amis, on a brûlé le malheureux Chausson,
Ce coquin si fameux, à la tête frisée ;
Sa vertu par sa mort s'est immortalisée :
Jamais on n’expira de plus noble façon.

Il chanta d’un air gai la lugubre chanson
Et vêtit sans pâlir la chemise empesée,
Et du bûcher ardent de la pile embrasée,
Il regarda la mort sans crainte et sans frisson.

En vain son confesseur lui prêchait dans la flamme,
Le crucifix en main, de songer à son âme ;
Couché sous le poteau, quand le feu l'eut vaincu,

L'infâme vers le ciel tourna sa croupe immonde,
Et, pour mourir enfin comme il avait vécu,
Il montra, le vilain, son cul à tout le monde...

Claude Le Petit


Jacques Chausson, dit « des Estangs », fut un écrivain français arrêté le 16 août 1661 pour une tentative de viol sur un jeune noble de dix-sept ans, Octave des Valons...

"Cejourd’huy vendredy, vingt neuvième jour du mois d’aoust, est comparu pardevant nous un quidam vetu de drap couleur canelle, lequel nous a declaré qu’il venoit pour obéir à notre ordonnance en datte du jour d’hier, lequel quidam nous aurions questionné et interrogé en la maniere et façon qui s’ensuit : Interrogé quel nom il avoit, a repondu etre nommé et appelé Octave Jullien Des Valons, Ecuyer, fils de Germain Des Valons, Ecuyer, sieur de Duchesne, et de deffunte Louise Angelique Du Vesnien, sa femme. Interrogé quel age il avoit, a repondu qu’il avoit eu dix sept ans le dix huitieme jour de mars passé. Interrogé quel etoit le sujet de la dispute qu’il avoit eu, le mardy douzieme d’aoust dernier, avec les nommez Jacques Chausson et Jacques Paulmier, dans un second appartement d’une maison située rue Saint Antoine, aupres de la vieille rue du Temple, occupée par ledit Chausson ; a repondu que, connoissant ledit Chausson, et ayant été mené chez luy par un jeune homme appelé Le Sueur, il etoit enfin venu chez luy ledit jour douze aoust, et que ledit Paulmier avoit dit audit Chausson en parlant de luy Des Valons : « Voilà un joly blondin ! » surquoy ledit Chausson avoit repondu : « Je le croys assez joly garçon pour vous offrir ses services » ; que luy Des Valons ayant repliqué qu’il souhaitteroit etre propre à quelque chose, ledit Chausson avoit pris la parole, et dit que le service qu’on lui demandoit ne luy couteroit rien, et que ledit sieur Paulmier etoit de son côté assez obligeant pour luy en rendre de pareils lorsqu’il voudroit ; que luy Des Valons, ayant eu le malheur de temoigner qu’il ne demandoit pas mieux que d’effectuer de sa part l’envie qu’il avoit d’obliger ledit Paulmier, ledit Chausson s’etoit avancé, et l’ayant embrassé luy avoit deffait en meme tems le bouton de sa culotte, et ensuite ledit Paulmier s’etoit mis en devoir de le connoitre charnellement, et de commettre avec luy le crime de sodomie, ce qu’ayant senty, il s’etoit mis à crier, et etoit debattu, ensorte qu’une vieille femme, travaillant à la journée chez le sieur Petit, Marchand de bas, principal de laditte maison, etoit accourue".

Jacques Chausson fut reconnu coupable de sodomie et condamné au bûcher. Il eut d’abord la langue coupée et fut brûlé sans avoir été étranglé au préalable avec son complice Jacques Paulmier, dit « Fabri ».

Ironiquement, Claude le Petit devait, l’année suivante, connaître le même sort que le héros de son poème...

viernes, 23 de septiembre de 2011

Quand vous riez, Hélène





VOUS FAITES VOIR DES OS QUAND VOUS RIEZ HELENE



Vous faites voir des os quand vous riez, Hélène,
Dont les uns sont entiers et ne sont guère blancs ;
Les autres, des fragments noirs comme de l'ébène
Et tous, entiers ou non, cariés et tremblants.

Comme dans la gencive ils ne tiennent qu'à peine
Et que vous éclatez à vous rompre les flancs,
Non seulement la toux, mais votre seule haleine
Peut les mettre à vos pieds, déchaussés et sanglants.

Ne vous mêlez donc plus du métier de rieuse ;
Fréquentez les convois et devenez pleureuse :
D'un si fidèle avis faites votre profit.

Mais vous riez encore et vous branlez la tête !
Riez tout votre soul, riez, vilaine bête :
Pourvu que vous creviez de rire, il me suffit.


Paul Scarron

lunes, 19 de septiembre de 2011

De la dromomanie



En 1838, Esquirol avait abordé la folie dans une perspective comparative, historique, géographique et culturelle. Il parlait de « dromomanie », ou volonté impulsive au voyage, qui appartenait aux monomanies (psychoses délirantes chroniques). Il lui arrivait de prescrire le voyage sur ordonnance.

A l'avènement d'une nosographie psychiatrique au XIXe siècle, la valeur séméiologique de rupture, d'effraction dans le vécu, de passage à l'acte des voyages a été reconnue, tout en soulignant la signification multiple de ces conduites. Le voyage pathologique, replacé dans l'histoire du sujet, permettait de lui donner un sens. En 1875, les travaux de Foville concernaient « les aliénés voyageurs ou migrateurs ». Le patient partait pour fuir ses persécuteurs, ce qui pouvait le conduire à faire des milliers de kilomètres. Il avait décrit une dizaine de cas, mettant en évidence celui des fugueurs, capables de relations sociales, pouvant demander des indications, trouvant une solution raisonnable et réfléchie à des problèmes fous, s'expatriant pour échapper à l'ennemi imaginaire. L'acte était réfléchi et conscient, le voyage linéaire et polarisé, même si la finalité était délirante. A noter que les foyers géographiques étaient le plus souvent les grands ports comme Le Havre ou Bordeaux.

En 1880, Charcot avait tenté d'unifier l'ensemble des voyages pathologiques sur un modèle théorique, à savoir l'automatisme ambulatoire dont est rattachée la fugue épileptique. Les manifestations motrices de l'épilepsie entraînaient des comportements de fugue plus ou moins prolongés. La durée importait peu, qu'elle soit de quelques jours ou de plusieurs mois, il s'agissait du même modèle. Grâce à l'automatisme ambulatoire, Charcot unifie quatre modèles cliniques différents :

l'amnésie traumatique, provoquée par un traumatisme physique ou crânien pouvant être suivi d'une période où le sujet poursuit son activité motrice sans qu'il n'en garde le souvenir;

les épilepsies non convulsives dont le vertige épileptique, très controversé, où surviennent des actes soudains et irrationnels sans aucune conscience des choses;

le somnambulisme (4, 26), bien décrit par Pinel, Janet et Mesnet, qui parlait des "automates somnambuliques », «instruments aveugles obéissant aux impulsions d'une volonté inconsciente », avec l'idée que les somnambules « souffrent de réminiscences» où, au cours des accès, les souvenirs anciens refont surface et éclairent l'étrangeté de leur comportement. Trois types de somnambulisme seront distingués : le somnambulisme naturel (controversé), le somnambulisme provoqué (par hypnose), le somnambulisme spontané pathologique (celui de l'hystérie). Ce que l'on appelait au XIXe siècle "dédoublements », et pas encore dissociation, fut illustré par le somnambulisme avec oubli de l'épisode au réveil ;

les voyages d'aliénés, négligés un peu par Charcot. C'est le fils de Foville, en
se situant près du port du Havre, qui observera plusieurs cas, comme les
persécutés fuyant leurs persécuteurs, ou les hallucinés accomplissant les actes
dictés par leurs voix ...

Charcot avait également décrit la fugue comme équivalent hystérique lors de grandes crises démesurément prolongées, se référant à « l'automatisme ambulatoire hystérique. » Mais il existait des fugueurs, ni épileptiques, ni hystériques, dont le déplacement était conscient et mnésique mais tout de même pathologique (26). Il s'agira d'un troisième type de fugue, la fugue « névropathique. » Concernant initialement l'épilepsie et l'hystérie, la notion de fugue va être par la suite appliquée à la neurasthénie et la psychasthénie, puis étendue à de multiples
maladies mentales, perdant toute signification.

Le modèle de la fugue, élaboré par la neurologie et la psychiatrie, sera ensuite utilisé pour rendre compte du phénomène social du vagabondage au XIXe siècle (4). Charcot va le ranger dans l 'hystéro-neurasthénie. Il sera démontré que la majorité des vagabonds arrêtés sont des malades mentaux. Par la suite, on émettra même l'hypothèse d'un « vagabondage de race », en référence aux peuples nomades. Pour le même comportement, le vagabondage concernerait les pauvres tandis que les riches ne seraient perçus que comme des explorateurs satisfaisant leur curiosité intellectuelle. Cette théorie du vagabondage comme entité pathologique est critiquable. On ne peut méconnaître le contexte socio-économique et de lieu conduisant à la fugue comme les casernes ou les asiles. Mais le choix de considérer l'automatisme ambulatoire comme une forme d'épilepsie amènera à considérer le principe d'irresponsabilité pénale des crimes et délits commis lors d'accès épileptiques.

Régis, en 1893, va s'intéresser aux impulsions conscientes et reprendra le terme de
« dromomanie. » Elève de Pitres, ils rendront compte de la tendance impulsive à voyager, de statut comparable aux autres comportements impulsifs connus comme la dipsomanie, la kleptomanie ou la pyromanie. C'est ainsi qu'on décrira la fugue du neurasthénique, consciente et mnésique, survenant après une longue et douloureuse lutte intérieure. Il attribuera l'automatisme mental de la neurasthénie à une forme de dégénérescence.

A la fin du XIXe siècle, on retrouve trois étiologies, à savoir l'épilepsie, l 'hystérie et la psychasthénie. Puis on repère des entités cliniques très différentes comme la fugue alcoolique, décrite antérieurement par Lasègue, la fugue du dipsomane, celle relative à la maladie de Basedow, la fugue du paranoïaque, du mélancolique, du dément, du psychotique, la fugue confusionnelle, etc. On parlera de «psychose migratrice », de « paranoïa ambulatoire, de « manie ambulatoire» chez le sujet atteint de maniaco-dépression ou folie circulaire, d'« automatisme confusionnel », et par la suite de «fugue hébéphrénique" décrite par
Kraepelin au sujet des démences précoces, que nous appelons aujourd'hui schizophrénies.

(...) Parallèlement aux Etats-Unis, en 1850, La Société médicale de l'Etat de Louisiane nomme une commission pour étudier les caractéristiques de la race noire. Les esclaves qui tentent d'échapper à leurs maîtres sont déclarés par les médecins blancs comme fous et atteints de« drapetomanie », mot tiré d'une racine grecque signifiant s'enfuir. Entre 1890 et 1905 sont décrits sur le continent américain des hommes jugés mentalement dérangés, qui voyagent, parfois sur de très longues distances. Une fois en fugue, ils perdent tout sens de leur ancienne identité et ne gardent aucun souvenir des lieux traversés. Dans certains cas, ces souvenirs peuvent être rappelés sous hypnose. Mais ces sujets ne sont pas considérés comme des fugueurs et l'automatisme mental ne figure pas dans les interprétations. Certains iront même jusqu'à parler d'une tendance innée dans la race humaine au nomadisme, inhibé par la civilisation et la culture. La colonisation et la conquête de l'Ouest
illustrent ce besoin qu'a l'homme de se déplacer pour acquérir des territoires et donc de la puissance..."

A. Ronchi L´adolescent "voyageur"