lunes, 6 de septiembre de 2010

Démonialité




Mais, demandera-t-on aux Auteurs, comment se fait-il que le Démon, qui n'a pas de corps, ait cependant avec l'homme ou la femme un commerce charnel? Ils vous répondent tout d'une voix que le Démon emprunte le cadavre d'un autre être humain,
mâle ou femelle, suivant le cas, ou bien qy'il se forme avec d'autres matières un corps à l'aide duquel il s'unit à l'homme. Et lorsqu'il prend aux femmes la fantaisie de concevoir des œuvres du Démon (ce qui n'a lieu que • du consentement et suivant le désir exprès desdites femmes), le Démon se transforme en succube femelle, et juncta homini semen ah eo recipit; ou bien, il provoque chez cet homme, dans son sommeil, quelque rêve lascif suivi de pollution, et semen prolectum in suo nativo calore, et cum vitali spiritu conservat, et incubando fœmina infert in ipsius matricem, d'où résulte la conception. C'est là ce qu'enseigne Guaccius, livre I, châp. i2, en apportant à l'appui de sa thèse une foule dé citations et d'exemples empruntés à divers Docteurs.

25. D'autres fois aussi le Démon, soit incube, soit succube, s'accouple avec des hommes ou des femmes dont il ne reçoit rien des hommages, sacrifices ou offrandes qu'il a coutume d'imposer aux Sorciers et aux Sorcières, comme on l'a vu plus haut. C'est alors simplement un amoureux passionné, n'ayant qu'un but, un désir : posséder charnellement la personne qu'il aime.

Il y a de ceci une foule d'exemples, qu'on peut trouver dans les Auteurs, entre autres celui de Menippus Lycius, lequel, après avoir maintes et maintes fois paillarde avec une femme, en fut prié de l'épouser; mais un certain Philosophe, qui assistait au repas de noces, ayant deviné ce qu'était cette femme, dit à Menippus qu'il avait affaire à une Compuse, c'est-à-dire à une Diablesse succube : aussitôt notre mariée de s'évanouir en gémissant Lisez là-dessus Cœlius Rhodiginus, Anltq.y livre XXIX, chap. 5. Hector Boethius, Hisi, Scot., raconte aussi le cas d'un jeune Écossais qui, pendant plusieurs mois, reçut dans sa chambre, quoique les portes et fenêtres en fussent hermétiquement fermées, les visites d'une Diablesse succube, de la plus ravissante beauté; caresses, baisers, embrassements, sollicitations, cette Diablesse mit tout en œuvre ut secum coiret : ce qu'elle ne put toutefois obtenir de ce vertueux jeune homme.

On peut lire encore nombre d'exemples de femmes sollicitées au coït par le Démon incube, et qui, si elles répugnent d*âbord à sauter le pas, se laissent bientôt fléchir par ses prières, ses larmes, ses caresses; c'est un amoureux fou, il faut lui céder. Et quoique ceci résulte parfois des maléfices de quelque sorcier, qui emploie le Démon comme intermédiaire, il n'est point rare cependant que le Démon agisse pour son propre compte, comme l'écrit Giiaccîus; et ce n*est pas seulement aux femmes qu'il s'attaque, mais aussi aux juments ; sont elles dociles à ses désirs, il les accable de soins, de caresses, il tresse leur crinière en une infinité de nœuds inextricables; mais si elles résistent, il les maltraite, les frappe, leur donne la morve, et finalement les tue, comme il est constaté par l'expérience de chaque jour.

SINISTRARI

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